Divines et Innocentes

Divines et Innocentes

Le Lagon du Vice.

Helen refit surface et, de l'eau jusqu'à la taille, réajusta son masque. Son mari émergea derrière elle, déplaçant d'un geste vif son tuba.

-  As-tu vu cette murène, ma chérie ?

Elle hocha la tête, souriant derrière son masque et levant le pouce en guise de joie. Elle s'enfonça dans l'eau, les bras collés au corps et évoluant gracieusement grâce à un souple battement de ses palmes. Jean-Louis, son mari, tenta de la suivre, perdant vite du terrain.

Il sortit la tête de l'eau, la cherchant des yeux. Devant lui s'étendait une longue plage de sable fin qui, sous la réverbération du soleil, semblait parsemée de pépites d'or éblouissantes. Aveuglé, il cligna des yeux avant de se retourner. Son regard se porta ensuite sur le catamaran. D'une longueur de vingt mètres, il brillait à la surface de l'eau émeraude, flottant tranquillement à proximité de la passe.

Le skipper dont ils avaient loué les services avait jeté l'ancre il y' a deux heures, passant sans encombre dans l'étroit chenal naturel qui traversait la barrière de corail. Aussitôt, Helen s'était vite équipée pour explorer les fonds marins du lagon, et c'est de mauvaise grâce qu'il l'avait suivie. Il répugnait tout effort physique, mais pour une fois il ne regrettait pas son choix.

C'était une magnifique journée, l'eau était agréable, d'une limpidité incroyable, et il ne pouvait qu'apprécier tous ces éléments favorables qui rendaient chaque minute unique et magique. Il nagea paresseusement, perdu dans ses pensées, quand un mouvement furtif sur sa droite attira son attention. Avec soulagement, il aperçut sa femme qui se dirigeait vers les récifs. Il prit la même direction, mettant toute son énergie pour la rattraper. Sous lui, la végétation alternait algues et récifs de coraux. Enfin, les jambes magnifiques de sa femme apparurent dans son champ de vision. Il ne l'aurait jamais rejointe si elle n'était pas restée immobile.

Elle l'aperçut et désigna avec excitation une immense raie manta qui effleurait le fond de l'eau, se déplaçant avec lenteur. A son tour, Jean-Louis ne bougea plus. Il se laissa flotter, observant le plus longtemps possible la raie qui s'éloignait tranquillement. Helen était ravie, ses yeux étaient plissés d'une joie enfantine. Elle adressa un clin d'œil complice à son mari, puis se dirigea vers le catamaran. Jean- Louis, malgré ses efforts pour la talonner, se laissa encore distancer. Les muscles de ses cuisses le tiraillaient, il n'en pouvait plus. Il fut heureux de nager enfin le long du bateau. Benoit les accueillit avec chaleur.

- Mes amis, après l'effort le réconfort. Votre gendre va rentrer davantage dans vos bonnes grâces lorsque vous verrez ce qu'il vous a préparé à manger. L'odeur à elle-seule est un vrai supplice, je ne cesse de saliver depuis votre départ."

-  Il faut bien lui reconnaître quelques mérites, dit Jean-Louis.  Pour ce qui est de la cuisine, je lui fais entièrement confiance.

- Tu peux lui faire également confiance sur tout le reste, déclara gaiement une superbe jeune femme qui, adossée au bar, grignotait des pistaches avec gourmandise.

Christine, vingt trois ans, affriolante dans un maillot une pièce qui mettait en valeur une silhouette souple et gracile, aurait pu en tenue légère être photographiée pour un magazine de charme et assurée de son succès. Même constat pour sa mère, Helen, qui n'avait rien à lui envier. Toutes deux étaient de très jolies femmes, leur filiation ne faisait aucun doute, avec trop de ressemblance dans les traits du visage et une silhouette identique. Lorsque la mère et la fille se promenaient bras dessus bras dessous sur la plage, elles attiraient les regards à la fois amusés et admiratifs de tous les hommes qu'elles croisaient. Helen retrouva sa fille et l'embrassa tendrement.

-   Jamais nous n'oserions mettre en doute  les qualités de Patrice. C'est un jeune homme plein de ressources.

-   Tout à fait d'accord avec vous, approuva une voix enjouée.

Patrice était entré silencieusement dans le salon et les observait avec un sourire timide. C'était un beau garçon aux cheveux coupés très courts, au visage doux et aimable. Grand et mince, il avait un regard direct et sincère qui inspirait d'emblée sympathie. Chef-cuisinier dans un restaurant huppé de la Riviera, il se sentait malgré tout  mal à l'aise en compagnie de Jean-Louis Bernier et de sa femme, tous deux propriétaires d'une chaîne de Casino sur la Côte d'Azur, et heureux possesseurs d'une des plus belles collections d'anciennes voitures de luxe qui leur permettaient de rafler tous les prix.

Patrice, issu d'une famille ouvrière, demeurait facilement impressionné devant une telle débauche de signes extérieurs, et tous les efforts de Christine pour l'intégrer dans sa famille ne pouvaient rien y changer. Même Helen l'avait accueilli à bras ouvert, maternelle et chaleureuse, car pour elle seul comptait le bonheur de sa fille, et peu importe les origines de son futur beau-fils.

Mais Jean-Louis se montrait toujours froid et réticent, ne cessant de le piquer pour lui montrer qu'il ne serait jamais à sa place parmi eux. C'était un despote autoritaire et borné, intransigeant, incarnant fermement les valeurs et la morale d'une noblesse qui tient à ses prérogatives. C'est de son air éternellement bougon qu'il s'adressa à Patrice :

-     Ces femmes ne cessent de vous prodiguer mille louanges, mon garçon ! Je ne sais pas si vous en êtes vraiment digne !

Patrice, pris au dépourvu, se mit à rougir.

-    J'essaierai de ne jamais les décevoir.

-    Si on veut réussir dans la vie il ne faut pas se contenter d'essayer, mon garçon !

-    Oh, papa, arrête de le taquiner !  le défendit Christine avec une moue boudeuse.

Elle enlaça son mari avec un air protecteur, jetant à son père un regard plein de défi. Agacé, il haussa les épaules avec résignation, se tournant vers le docteur Winns.

-     Vous voyez, c'est ça la nouvelle génération. Ce sont les femmes qui portent le pantalon !"

Son visage se rembrunit. Souvent, il se heurtait à sa fille, une vraie révoltée, refusant l'autorité et s'enflammant pour ses rêves de jeune écervelée qui veut changer le monde, rester libre et indépendante. Il se demandait si son intérêt pour ce jeune homme faible et stupidement idéaliste n'était pas exclusivement guidé par un sentiment de rébellion, juste pour le contrarier.

Si tel était le cas, c'était réussi.

De son côté, Christine en voulait aux deux hommes de l’énerver autant. A son père de se montrer toujours aussi condescendant, prenant plaisir à rabaisser son gendre. Et elle en voulait autant à son mari de se montrer si malléable, baissant l’échine et ravalant toute dignité à se laisser ainsi marcher sur les pieds. Même leur mariage, la semaine dernière, avait été à cause de cela un vrai désastre. Un bras de fer perdu d’avance, où son père avait pris d’emblée les rênes sur tous les préparatifs, de A à Z, avec cette autorité naturelle qui le caractérisait tant. Le pouvoir de l’argent… Et Patrice et ses parents n’avaient fait que subir, pauvres petits pions impuissants dans une spirale qui les avait broyés. Et, comble de l’horreur, c’est Jean-Louis qui avait décidé aussi de la destination de leur voyage de noces, sur son catamaran, en leur compagnie et celle d’un ami de la famille, Benoit  Attal, PDG d’un des plus grands laboratoires pharmaceutiques de France.

Là, les limites étaient dépassées. Christine, dès leur retour en France, était décidée à remettre les pendules à l’heure et échapper à l’emprise de son père. Puisque son mari était incapable de faire preuve de fermeté, c’était à elle de prendre cette décision.

Son père, de son regard perçant, ne cessait de l’observer. Comme cherchant à lire dans ses pensées, pour mieux la contrôler. Il se laissa distraire lorsque sa femme installa l'apéritif. Les trois hommes s'installèrent dans des fauteuils profonds disposés autour d'une table basse en crstal. Le salon était luxueusement meublé, décor high-tech avec un sentiment d'espace et de confort qui ne laissait en rien supposer l'intérieur d'un bateau.

De grandes dimensions arrondies, aux couleurs chaleureuses et une forte présence de verre ciselé qui transpire le luxe Sa femme les servit en silence, puis descendit pour se changer. Jean-Louis la suivit un instant du regard, puis reporta son attention sur Benoit.

-     Merci encore, cher ami, de nous avoir servi de guide aujourd'hui. Jamais nous n'aurions pu trouver cette île sans votre aide.

-      Le plaisir fût pour moi.

-      Alors trinquons à cette belle journée.

Ils levèrent leur verre. Patrice but une gorgée avant de se lever.

-      Excusez-moi, je vous abandonne un instant.

Il se dirigea vers la cuisine. Jean-Louis le regarda s'éloigner avec un air de mépris.

-     Gentil, ce garçon, mais il n'a rien d'un battant, j'espère que ma fille s'en rendra vite compte…

C’est un murmure, pour éviter que Christine n’entende. Elle venait d’entrer et jeta un regard hautain à Benoit. Celui-là, elle ne pouvait pas le sentir. Grand, musclé, mal rasé, il avait plus l’air d’un mauvais garçon qu’un millionnaire. Des yeux sombres et perçants, pleins d’ironie et d’assurance, une bouche sensuelle et moqueuse. Il se la jouait voyou et baroudeur, à pratiquer sports extrêmes avec une aisance déconcertante, tout cela pour impressionner les filles qui bavaient devant lui. Célibataire, il sautait sur tout ce qui bougeait, avec la rapidité d’un requin.

Elle le toisa de haut en bas avant de s’asseoir. Patrice réapparut en même temps.

-    Alors, de quoi parliez-vous ? s'enquit-il gaiement.

-    Jean-Louis ne cessait d'énumérer toutes vos qualités. Vous l'avez dompté, cher Patrice.

Ce dernier sourit jusqu'aux oreilles.

-     J 'en suis heureux.

Christine lança à Benoit un regard assassin. Elle n’était pas dupe, connaissant parfaitement son père pour savoir qu’il était bien incapable de complimenter Patrice. Bernier se tourna vers son  gendre, tout jovial.

-      Alors, quand est-ce que vous me ferez l’honneur d’être grand-père ? Pour ma femme, ce sera un vrai bonheur.

Encore un mensonge ignoble. Helen, de noblesse américaine, était une femme coquette et superficielle qui usait de tous les stratèges pour se rajeunir. Alors l’envie d’être grand-mère était certainement son plus grand cauchemar.

Et Patrice, tout naïf qu’il était, se laissait abuser.

Surpris, il se mit à balbutier :

-      Je ne sais pas… On y pense, on y pense…

-     Pensez-vite, j'aimerai être grand-père avant ma retraite, et Dieu sait qu'elle approche à grand pas !

Il rit de ses propres paroles, emporté par sa bonne humeur excessive.

 Rigolant

Jamais un repas ne lui parut aussi long. Benoit bouillait d'impatience, perdu dans ses fantasmes. Son regard brûlant de fièvre caressait Christine. Elle était si fraîche et si délicieuse, mais tellement inaccessible. Et c’est cela qui l’émoustillait. Christine était tellement différente des autres filles qui se pâmaient devant lui, si faciles, si fades… Mais, bientôt, il la posséderait, lui ferait ravaler ses airs hautains et coincés, la ferait hurler de plaisir comme une chienne en chaleur. Elle obéirait à toutes ses exigences, céderait à tous ses caprices.

Elle deviendrait son esclave, son jouet.

Il frissonna, ferma les yeux de plaisir. Impatient, il dévora son dessert, et poussa un soupir de soulagement lorsque Verdier avala sa dernière bouchée. Enfin, il sortit du salon pour récupérer ses affaires de plongée. Le strict minimum. De quoi nager jusqu’à la plage de sable fin, se mettre à l’ombre d’un palmier et piquer une sieste bien méritée. Avec sa femme. Helen, après avoir desservi la table, disparut à son tour, sautant dans l’eau avec un grand bruit d’éclaboussure. Son corps fendait l’eau d’émeraude dans un crawl parfait.

-         Je vais faire le tour de l’ile en bouteille, dit Patrice à sa femme. Tu viens ?

-         Après manger ? Ce n’est pas trop prudent.

-         Je ne descendrai pas trop. De toute façon, le lagon n’est pas trop profond.

-         Après, peut-être… Là, j’ai plutôt envie de me reposer dans notre cabine.

-         Bon, j’y vais tout seul.

-         Sois prudent.

Ils échangèrent un bref baiser.  

Benoit, assis sur un large fauteuil en cuir, faisait semblant d’être plongé dans son journal. Celui-ci, ouvert à hauteur de son visage, dissimula le sourire satisfait de Benoit. En silence, il jubilait. C’était la première fois qu’il allait se retrouver seul sur le bateau avec Christine. Sa seule et unique occasion de la séduire. Il en frissonna de plaisir.

 

Christine, assise sur le lit, ouvrit le tiroir de la table basse pour en sortir un livre. Elle s'était totalement dévêtue avant de mettre un maillot de bain. Elle ouvrit le placard, hésitant sur l’un des nombreux maillots qu’elle possédait, lorsque la porte de sa cabine s'ouvrit en grand, laissant apparaître Benoit qui, d’un geste impérieux, la referma derrière lui, s’y appuyant en croisant les bras.

-       Alors, Christine, en forme pour une petite sieste crapuleuse ?

Sa voix était étrangement rauque, et elle remarqua le voile de ses yeux troubles. D’instinct, elle croisa ses mains sur son sexe, prenant un air choqué.

-       Ne vous gênez surtout pas ? Dehors, ou je me mets à hurler !

Roulant des épaules, d'une démarche chaloupée, il vint vers elle. Christine en demeura sans voix. Ce comportement inhabituel avait de quoi la surprendre. Benoit était un dragueur invétéré mais il ne s’était jamais permis de lui faire la moindre avance. Juste des regards concupiscents, rien de plus… Et là, il lui fait clairement comprendre ses intentions, alors qu’elle se retrouve nue et impuissante devant lui. Jamais elle ne s’était sentie aussi vulnérable. . Il avança la main, lui effleura la poitrine avec douceur, glissant vite vers son bas-ventre. Elle l'arrêta à temps.

-         Benoit, que fais-tu ? croassa-t-elle péniblement.

Sans répondre, il se colla à elle, pectoraux gonflés, muscles saillants. Il l'enlaça fougueusement, suspendu à son cou, lui griffant la nuque, vibrant de désir. Elle tressaillit comme si on l'avait piqué à vif, incapable de le repousser. Il y’avait en lui tant de force, de vigueur, que cela la laissait toute faible. Comme un oiseau effrayé qui se laisse prendre dans les griffes d’un matou affamé, et qui ne peut échapper à son emprise. Brusquement, elle se sentit si fragile, si désorientée, avec l’envie inavouable de se laisser guider, posséder.

Avec son mari, c’était elle qui menait le jeu.

Mais là, elle savait d’instinct que les rôles seraient inversés, qu’elle deviendrait le jouet docile des ardeurs masculines, et que cela ne devait pas être déplaisant de se laisser aller à des pulsions trop impétueuses pour y résister.  Elle poussa un grognement éperdu lorsqu'il l'embrassa avec une frénésie animale. Elle essaya de ne pas répondre à son baiser, tournant la tête, mais il ne lui laissa aucun répit, repartant ardemment à l'attaque. Sans force, elle n'eut pas le courage de lui résister une seconde fois. Leurs langues se trouvèrent hâtivement, voraces, affamées.

 Il la serra davantage, frottant son bassin et sa poitrine contre lui, remontant un genou entre ses cuisses. Ivres de désir, ils tanguèrent dans la cabine, emportés par une frénésie aveugle qui les emporta sur les marches qui menaient au salon. Avec une force incroyable, il la porta dans ses bras comme s’il s’agissait d’une plume, Elle se sentit emportée par un tourbillon si tumultueux qu’elle se laissa grisée, enlaçant la nuque noueuse, se blottissant dans ses bras comme une petite fille perdue. Elle se sentait si fragile, si docile… Sans cesser de la porter, leur bouche se meurtrissait dans la même ardeur.

Elle voulut poser une question mais des lèvres gourmandes l'en empêchèrent. Bientôt, elle n'eut plus du tout envie de parler. Lorsqu'elle rouvrit la bouche, ce fût uniquement pour haleter comme un poisson que l’on sort de l’eau.

La posant sur un fauteuil, Benoit enlaçait sa partenaire avec une fougue croissante, lui communicant son envie d’elle. Il s'excitait à l'odeur de sa peau, se coulait sur elle, comme s’il voulait que leur chairs se confondent, qu'elles ne fassent qu'une. En descendant, il lui écartait les jambes avec ses genoux tandis qu'elle commençait à coller son pubis contre sa cuisse d'un souple mouvement du bassin.

Il glissa le long de son corps, suçant ses seins avec un appétit goulu, et l'une de ses mains caressait la courbe des hanches, se faufilait entre la douceur satinée des cuisses. Sadique, il immobilisa un instant sa main avant de  reprendre la caresse là où il l'avait laissé. Ses doigts parcouraient toute la longueur de la fente intime, avant de s'attarder sur le clitoris qu'il percevait très sensible à ses attouchements.

 Les jambes écartées au maximum, le corps agité de mouvements encore plus spasmodiques, Christine ne faisait que pousser des gémissements extasiés. Mais Benoit en voulait plus, un abandon total et aveugle. Il voulait que Christine lui donne tout, se livre corps et âme, sans retenue.  Ce qu’elle n’avait jamais osé avec son mari.

-         Je veux ton sexe maintenant ! Je veux le lécher ! Dis-moi que t'en as envie !

-         Oui, oui…

-         Ton mari ne le faisait jamais, hein ? Dis-moi la vérité maintenant.

-         Il le fait très rarement…

-         Et tu veux que je le fasse ? Mieux que lui… Dis-le moi…

-         Oui, oui, je t'en prie, fais-le… murmura Christine sourdement.

-         Plus fort, crie-le haut et fort, lâche-toi pour une fois !

Il la poussait à s'extérioriser, à être un animal guidé par ses pulsions les plus primitives. Christine était dans un tel état de surexcitation qu'elle en perdait toute dignité et toute pudeur. Elle supplia en criant :

-         Oui, oui, lèche-moi le sexe, je t'en prie !

Benoit n’y tint plus.

 

Il plongea littéralement sur son bas-ventre, colla sa bouche sur son sexe, s'attaqua sérieusement au sensible bourgeon qui se gonflait à la commissure de la féminité éclose. Christine, avec un râle surpris, enfonçait sauvagement ses ongles dans les épaules de son partenaire qui commençait aussi à gémir, emporté par cette même frénésie qu'il éveillait dans ce splendide corps féminin.  Il collait sa bouche sur le clitoris qu'il aspirait en le titillant de la langue, un clitoris d'une longueur et grosseur surprenantes.

Il le délaissa assez vite, préférant glisser sa langue dans le sillon humide, aussi loin que possible, allant et venant, s'acharnant impitoyablement. Christine criait. Elle n'existait plus que par cette chose vivante qui se frayait partout un chemin, explorait, tournoyait et vrillait, la sondant à lui en arracher l'âme.

Jamais elle n'avait connue de sensation si agréable, elle se laissait emporter, comme aspirée par une tornade dévastatrice qui bouleversait ses sens comme jamais. Un instant, elle eut la force de se redresser, pour voir. Elle trouva qu'il n'y avait rien de plus beau que cet homme viril, étendu entre ses jambes, fesses levées, la tête enfoncée dans la fourche de ses cuisses, en train d'explorer amoureusement son sexe comme personne ne l'avait fait, avec un tel appétit qu'il semblait vouloir la dévorer vivante.

Avec un râle d'abandon, elle se laissa retomber sur le canapé. Tétanisée par les brûlantes crispations qui incendiaient son bas-ventre, sa croupe accentuait les profonds mouvements de houle qui l'agitaient. Elle perdit le contrôle, criant, suppliant, divaguant, tétanisée par un tel foisonnement de sensations si délicieuses, si intenses, qu'elles en devenaient presque insoutenables.

Impitoyable, Benoit accéléra la pression de sa bouche et la vibration de sa langue. Il empoigna à pleines mains les fesses de Christine, y enfonça ses doigts, plaquant davantage le bas-ventre contre sa bouche vorace. Traits tendus, lèvres entrouvertes sur une plainte autant sensuelle qu'enfantine, Christine finit par se laisser aller. Ses doigts se crispaient dans la chevelure et elle accompagnait les mouvements de la tête pendant que ses hanches ondulaient.

Elle fut comme frappée par mille flèches brûlantes qui semblèrent la transpercer, et ce fut enfin l'explosion fulgurante, un orgasme fabuleux, extraordinairement puissant qui l'ébranla toute entière. Elle fut incapable de contenir les spasmes qui partaient de son bas-ventre, et continua de se vider sur la bouche gourmande qui, ayant perçue les contractions annonciatrices de l'orgasme, avait redoublé d'attention pour laper jusqu'à la dernière goutte le calice capiteux dont elle se désaltérait avidement.

Christine avait l'impression d'être bue jusqu'au cœur. Avec des gémissements de bonheur, elle s'accrochait de plus belle à Benoit en le serrant contre son ventre, comme si elle voulait le garder enfoncer au plus intime de son être pour toujours, bien au-delà des derniers sursauts qui la faisaient encore trembler. Éperdue de reconnaissance, elle l'obligea ensuite  à se redresser et lui enfonça dans la bouche une langue frétillante, excitée de retrouver sur ses lèvres la saveur de sa propre liqueur intime.

Tout en l’embrassant, elle le caressait par-dessus le jean, pressant ses doigts sur la virilité dressée avec un art consommé, le torturant sans pitié. Il n'y tint plus, se déshabillant fébrilement. Comme si elle n'attendait que ça, elle s'empara avec empressement du sexe mâle qui s'allongea encore plus entre ses doigts. Il se tendit en vibrant à sa rencontre, l'embrassant avec une telle sauvagerie qu'il la mordit. Les yeux fous, suffocante, elle se redressa, lui offrant ses seins qui, petits et aigus, se dressaient comme des dards insolents. Benoit les prit à pleines mains, surpris encore par leur douceur, ravi de sentir les bouts réagir à ses caresses.

Elle se déplaça, lui échappant comme une anguille en glissant sur lui, puis il cria encore lorsque, penchée sur son bas-ventre, elle l'effleura de ses lèvres, glissant la pointe de sa langue sur ses poils, à quelques millimètres du pénis.

Il se cambra violemment, le sexe durci à lui faire mal. Elle ne répondit pas à ses attentes, jouant avec ses nerfs. Il réussit à se contorsionner, lui collant son sexe contre le visage, la suppliant de passer aux choses sérieuses. Elle ne pût refuser l'invitation, autant au supplice d'éviter ce sexe tout chaud et frémissant qui la narguait impitoyablement.

D'un coup, elle le prit  à pleine bouche, l'avalant presque entièrement d'une aspiration goulue, si voracement qu'il hoqueta de plaisir et de soulagement. Elle le ressortit de sa bouche pour le happer encore plus profondément, allant et venant à une cadence accélérée, l'affolant de temps à autre d'habiles glissades de la langue pour faciliter la prochaine fellation. Elle se prenait au jeu, excitée comme jamais de la longueur de ce sexe qui semblait vivant, grossissant encore et encore. Alors qu’il la caressait en même temps, elle réussit à se tortiller pour lui échapper. Elle voulait rester seule maitresse du jeu. Pour l’instant…

Se sentant absorbé tout entier, il grogna de plaisir, se tordit en tout sens, pris de tremblements convulsifs à l'approche d'une éjaculation imminente. Elle le sentit au bord de l'orgasme et s'arrêta à temps, bien décidée à faire durer le plaisir, pour son plaisir.

Elle remonta sur lui pour se déplacer au-dessus, se frottant fébrilement contre son sexe. Il ne fallut aucun effort pour qu'il s'enfonça en elle d'un puissant coup de reins. Elle hurla, la tête penchée en arrière. Il lui saisit les fesses pour lui imposer son rythme, la percutant de fougueux déhanchements qui s'accélérèrent. Elle se souleva d'un coup de reins, retomba, s'empalant à fond, l'obligeant à modérer ses ardeurs pour lui donner sa cadence, plus lente et appuyée.

Vaincu, il se laissa guider. Elle oscilla sur lui, souple comme une liane, et chaque ondulation lui arrachait un long soupir animal. Bientôt, ses mouvements se firent plus impétueux, elle se cambra avec un frémissement incontrôlé, tendue et crispée, marmonnant des " oh oui !" dans un râle extasié. Soudés l'un à l'autre, ils s'étreignirent rageusement dans un rythme désordonné, emportés par la même frénésie sexuelle. Ils renversèrent la table basse, roulèrent sur le canapé, mêlant leur corps, leurs cris et leur gémissement. Avec un tel désordre que les corps s’emboitaient l’un dans l’autre dans les acrobaties les plus improbables, se perdant dans toutes sortes de positions incongrues.

 

Avec un plaisir sans cesse renouvelé. Dans leur délire, aucun d'eux n'aperçut une porte s'entrouvrir légèrement, et encore moins Jean-Louis Vernier qui, un sourire ironique derrière son caméscope numérique, filmait leurs ébats amoureux.

Avec la satisfaction de mettre enfin un terme définitif à un mariage désastreux. En jetant Benoit dans les bras de sa filles, il n’avait fait que précipiter l’inévitable.

Sans remord, il était fier de constater que son plan s’était déroulé à la perfection. Et que la somme promise à son ami était largement méritée…

FIN.

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