Divines et Innocentes

Divines et Innocentes

Pulsions sauvages.

 

Un homme découvre brusquement que sa femme est une ancienne star de films pornographiques.  Persuadé d’être trompé, il charge sa jeune sœur, Cassandra, épouse modèle et respectable, de lui parler et la raisonner pour la remettre sur le droit chemin. Mais la conversation entre les deux belles-sœurs va prendre une tournure inattendue…

Maud, en effet, la provoque avec une impudeur déconcertante. Et lui avoue son attirance pour les femmes. Cette confrontation va trouver chez Cassandra un écho inattendu. Choquée, fascinée, ce sont des désirs nouveaux et défendus qui sont à l’opposé de la vie conjugale dans laquelle elle étouffe.

Contre son gré, elle va perdre le contrôle de sa paisible existence...

Cassandra tourne avec prudence le volant, le pied sur le frein. A plusieurs reprises elle a dû ramener sa voiture à une allure raisonnable, à moins de cinquante kilomètres à l'heure, faisant jaillir des gerbes d'eau comme un hors-bord. La route est sinueuse, les creux et les nids-de-poule sont remplis d'eau. Et les nombreux panneaux "Attention danger. Routes barrées. Inondations" lui rappelle qu'il vaut mieux rester vigilante et prendre son temps. Cela fait deux heures que des pluies diluviennes s'abattent sur la région. Les rivières sont sorties de leur lit, comme d'habitude, avec la Cagne qui va encore déborder.

La pluie battante tombe intensément et brouille tout, malgré la vitesse des essuies-glaces enclenchés à leur vitesse maximale.

Décidément, elle n'a pas choisi le meilleur moment pour se libérer de cette foutue corvée qu'elle ne cesse de repousser depuis plusieurs jours déjà. Tant pis. Elle a un regain de courage et doit accomplir sa mission, plus vite elle en sera débarrassée et mieux ce sera.

Sa décision était prise ce midi, alors que le soleil faisait encore quelques apparitions, au point de s'habiller légèrement comme n'importe quel jour d'été sur la Riviera. 

Si au moins elle avait pris le temps d'écouter la météo... Et le faire dans la voiture ne servait plus à grand chose maintenant.

Elle tourne à gauche et s'engage dans l’allée de graviers, entre les pins, dans une pénombre totale. Elle est saisie de peur en voyant que le détecteur de mouvement ne déclenche pas les lumières à proximité de l'immeuble. Encore un syndic qu ne fait pas son boulot. Et comment peut-on construire des résidences si loin de tout, en pleine campagne, dans l'arrière pays niçois !

Les phares la guident jusqu'au porche où elle se gare vite. La pluie s'engouffre quand même un peu quand elle ouvre la portière. Elle s'empare de son sac à main et fonce jusqu'à l'entrée de l'immeuble, à l'abri sous les arbres qui bordent l'entrée principale.

Le silence qui l'accueille la glace de terreur. Un éclair qui zabre la nuit dans une bruit de tonnerre la fait sursauter. A présent, elle est terrorisée et incapable de bouger. Du coup, elle reste pétrifiée dans l'entrée, tandis que l'eau dégouline sur le sol, tout autour d'elle, se demandant encore ce qu'elle vient faire ici, alors que les éléments même en fureur, pluie et orage, semblent la mettre en garde du piège dans lequel elle vient s'engluer.

Cassandra hésite un instant, puis se décide à appuyer sur le bouton de l'Interphone. Une demi-minute de silence la décide à tourner les talons, ce qu'elle commence à faire en poussant un soupir de soulagement lorsqu'une voix demande :

-    Oui ?

-   C'est moi, Cassandra.

Elle se sent stupidement nerveuse, fixant avec incrédulité sa main qui tremble comme si elle appartenait à une autre personne tandis qu'elle pousse la porte. Le moment que met l'ascenseur pour monter jusqu'au sixième étage lui permet d'éclaircir ses idées. « Cassandra, pas de panique, tu constates par toi-même que tout va bien, c'est l'affaire de cinq minutes, et tu te sauves le plus vite possible en prétextant un motif bidon ! »

L'idée de rester seule avec Maud lui donne l'impression de manier de la nitroglycérine, et cela la met dans un état de trouble indescriptible. Ces derniers jours, elle ne la comprend plus, elle lui échappe totalement, et son mari lui-même est en pleine dépression, dépassé par les événements. Olivier, son grand frère, désespéré, lui a téléphoné pour lui demander de passer la voir. Maud répond rarement au téléphone et, lorsqu'il parvient à la joindre, c'est pour avoir au bout du fil une femme froide et distante, presque une étrangère. Il ne sait plus quoi faire...  Il faut dire qu'apprendre brusquement que sa femme est une ancienne star de films X lesbiens est un véritable choc dont on peut difficilement se relever. Un vrai tsunami à briser n'importe quel homme, aussi solide aussi soit-il. Cassandra, elle, ne s'en est toujours pas remise, ayant toujours du mal à croire que cela soit possible. Certes, Maud a toujours été fantasque et exubérante, mais de là à l'imager actrice dans des films pornographiques !...

Olivier lui a avoué la vérité la semaine dernière. Anéanti, aux abois, en pleurs... Cassandra, habituée aux confidences, s'est rebellée lorsqu'il a cherché à la mêler à leur histoire. Voir Maud, lui parler, chercher à percer la vérité. Mais a fini par céder...  Elle n'aime pas du tout le sale boulot qu'il lui a confié, vérifier si Maud veut le quitter, si elle a rencontré quelqu'un d'autre. S'il a des soupçons sur la fidélité de sa femme, et bien qu'il l'attrape entre quatre yeux pour crever l'abcès et obtenir des réponses à toutes ses questions ! Le problème, c'est qu'il n'est pas en état, bien trop fragilisé par tous ces événements. Alors c'est sur elle que ça retombe, on lui refile le bébé, à jouer les médiatrices ! Sur ce coup là, elle s'est bien fait avoir ! Olivier a joué sur les liens familiaux pour finir par la convaincre. Elle aurait eu mauvaise conscience de lui refuser ce service, un grand frère tant aimé, perdu depuis tant d'années et, à peine retrouvé, elle lui ferait déjà faux bond ! Olivier ne s'était jamais remis de la mort de leur père, terrassé par un cancer généralisé, et avait fui pays et famille en se consacrant à sa passion de la musique pour parcourir le monde selon les festivals et spectacles. Un musicien rêveur et fantasque, torturè et immature, toujours absent, qui s’est plus occupé de sa guitare que de ses frères et sœurs alors qu'il est l'aîné. Multipliant au gré de ses voyages et ses tournées les conquêtes, les mariages, sans réels attachements. Une forte personnalité qu'elle avait toujours adoré, mis sur un piédestal, une présence de patriarche, celle d’une force de la nature que tout le monde respecte malgré tout, qui a tout vu et tout connu, portant le poids d’une image hors norme propre à son incroyable destinée. Revenu parmi les siens avec sa troisième femme, avec l'intention de les retrouver, rattraper le temps perdu, le temps de la repentance et du pardon. Alors comment aurait-elle pu dire non ? Elle maudit quand même la famille avant de s'armer de courage en arpentant le couloir, souriant de toutes ses dents à Maud qui l'attend devant le pas de sa porte. La simple nuisette  en satin qu'elle porte fige son sourire, et elle ne sait pas ce qui la retient pour ne pas prendre ses jambes à son cou et fuir d'ici le plus loin possible. String, bas et portes- jarretelles complètent le tableau affriolant d'une Maud qui ne se sent aucunement mal à l'aise d'être si peu vêtue. Cassandra est prête à repartir mais Maud ne lui en laisse pas le temps. Elle se précipite à sa rencontre, jetant ses bras graciles autour de son coup dans un élan spontané. Cassandra répond à son étreinte en se crispant malgré elle, évitant tout contact trop étroit. Maud rayonne. Sa joie de la voir n'est pas feinte, cela la touche énormément.

-   Cassandra, je suis tellement heureuse de te voir ! » s'écrie Maud avec des rires dans la voix.  Je pense tellement à toi en ce moment, et tu es là... C'est génial !

Elle est volubile et toute excitée.

-   Maud, je ne te dérange pas j'espère ? Enfin, tu n'es pas en tenue pour recevoir qui que ce soit...

-  En effet, je sortais juste de la douche quand l'interphone a sonné. Un peu plus et je te loupais... Ne t'en fais pas, rien ne m'oblige à sortir, c'est rien d'important... Vas-y, rentre. Accorde-moi deux secondes, le temps d'annuler le... le rendez-vous.

Son hésitation à choisir ce dernier mot la met brusquement mal à l'aise, un sentiment que Cassandra partage vite.

-   Maud, il est hors de question que tu changes tes plans à cause de moi. Je venais juste prendre de tes nouvelles, c'est tout. Je repars de suite.

Une lueur de panique brille dans les yeux de Maud. Elle s'empresse de lui saisir les mains avec fermeté.

-   Non, je t'en prie, reste...

Elle referme la porte derrière elle, guidant Cassandra à l'intérieur en lui tenant toujours les mains. Docile, cette dernière la suit, grisée par le parfum de shampooing au pomme verte qui se dégage de ses cheveux mouillés, et l'odeur de son gel douche, à la camomille il lui semble. De plus, elle ne peut détacher son regard de la silhouette voluptueuse qui ondule souplement, si charnelle et provocante dans cette petite tenue. Elle se sent soulagée lorsqu'elle l'abandonne dans le salon.

-  Fais comme chez toi, je n'en ai pas pour longtemps...

Elle s'éloigne, attrapant au passage son portable posé sur une commode. Cassandra s'approche de la baie vitrée, à travers laquelle filtre difficilement la lumière bleue électrique de la ville. L’orage tant attendu a enfin fini par éclater, les trombes tombant du ciel chassant la moiteur étouffante qui s'accumule depuis maintenant près une semaine. Mais si la pluie continue de se déverser ainsi, tout le monde va finir par regretter la canicule, affrontant par la suite tous les dégâts que va occasionner l'orage. 

Cassandra se détourne de la baie-vitrée. Elle ne peut résister à la tentation de jeter un rapide coup d'œil à Maud. Celle-ci est en pleine conversation, et sa tension visible et ses messes basses lui feraient presque soupçonner qu'elle s'adresse à un mystérieux interlocuteur, dont elle a du mal d'ailleurs à se débarrasser. Un amant ? Ou une maîtresse ? Cela est possible si Maud s'est laissée rattraper par ses vieux démons, sa dépendance au sexe. Cassandra imagine le pire. Elle n'aura plus jamais le même regard sur sa belle-sœur. Elle la voit maintenant comme une femme hors norme, provocatrice et extravertie, assumant une vie sexuelle libérée, transgressant les normes sociales et brisant tous les tabous. Cela la choque. Elle ne conçoit pas la vie ainsi. Épouse fidèle, dévouée à son mari, d’une morale traditionaliste, presque rigoriste, elle vit loin des réalités du monde que fréquente ou fréquentait Maud. Tout est parfaitement réglé chez elle. Expert-comptable, elle mène une carrière sans surprise, mais qui lui rapporte un bon salaire. Son mari, architecte renommé, est un homme attentionné. Avec leur fille âgée de six ans, ils mènent une vie certes un peu trop tranquille, mais aussi très confortable dans un quartier chic de Cannes La Bocca. Et voilà que cette harmonie est remise en cause, un malaise insidieux qui vient  s'immiscer dans son emploi du temps ordonné.  La découverte de la sexualité débridée de sa belle-sœur la plonge dans un tourbillon d'émotions qui, tout à coup, lui font trouver sa vie intime bien fade. Tout cela parce que, deux jours auparavant, en rendant visite à son grand frère, elle l'a trouvé saoul et endormi sur son canapé, devant son écran plat LCD où défilaient  des images aussi inattendues qu'obscènes. Un film de Maud, à l'époque où elle officiait dans ses films X, ce que tout le monde ignorait jusqu'ici.. Alors, malgré elle, Cassandra a regardé. Et a reçu le plus grand choc de sa vie.  Une scène intime et solo où Maud se donnait du plaisir, fixant la caméra de son regard brûlant, comme prenant à témoin les spectateurs avec une insolence incroyable.

Puis, ensuite, une scène lesbienne où elle jouait le rôle de la dominante, brûlante de sensualité, une vraie tornade survoltée se déchaînant sur une partenaire qui n'en pouvait plus de gémir et se tordre de plaisir. Fascinée par l'intensité de leur passion, elle est restée un long moment sans réaction, hypnotisée par la scène lesbienne, inconsciente que le doute s'insinuait en elle alors que rien ne lui avait jamais paru aussi beau et excitant.

Puis, effrayée par sa propre réaction, elle avait éteint un peu trop vite le LCD, repoussant vite toutes ses images qui l'avaient un bref moment émoustillée. Ensuite, elle s'était efforcée de ne plus y penser, se persuadant que ce genre de rapports était sale, décadent, contre-nature. Bien sûr, elle n'était pas idiote et naïve à ce point, sachant très bien que l'homosexualité existait depuis des temps immémoriaux, mais c'était la première fois qu'elle était confrontée aussi directement à ce style de rapports décadents.

Mais sans qu'elle le veuille, cela avait provoqué un léger changement chez elle, une lente et insidieuse métamorphose où elle avait pris conscience de son corps, de sa beauté gracile et farouche.

 

Troublée, osant des dessous plus osés et sexy, jouant de ses charmes, entre grâce enfantine et indécence, tiraillée entre son éducation prude et les réalités d'une vie beaucoup moins innocente...

 

Samantha Ryan. dans Samantha Ryan.

Ravissante blonde aux yeux noisettes, aux longues jambes, avec une adorable petite poitrine insolente, elle incarne la femme-enfant ingénue avec ses airs à la fois sages et candides qui la démarquent des autres femmes en général. Une beauté fragile qui fait fantasmer la plupart de ses collègues de boulot. Où elle se fait draguer souvent et ouvertement. Et où elle répond avec détachement ou amusement, sans jamais encourager la moindre proposition malhonnête. Sans avoir jamais été tentée.

Mariée depuis huit ans, Cassandra peut se vanter d'être une  femme aussi irréprochable que possible, sérieuse, épouse dévouée, mère modèle, avec des principes assez rigoureux. L'idée de tromper son mari, avec ou sans accord de sa part, serait pour elle une aberration de la nature, renier toutes ses convictions. Que d'autres femmes le fassent ne la regarde pas, même si cela va à l'encontre de son éducation. Mais qu'elles le fassent avec une personne du même sexe dépasse son entendement, des actes qu'elle ne s'explique pas et qu'elle préfère ignorer. Qui la déroutent et lui font peur. Et la voilà impliquer là-dedans avec une totale impuissance...

Vraiment, elle ne sait pas ce qu'elle fait ici. Elle se sent inutile... Mais son frère compte sur elle pour la raisonner alors elle fera le maximum pour  trouver un dénouement heureux à toute cette histoire. Cassandra a toujours eu une bonne influence sur sa belle-sœur, la voix de la sagesse, aussi espère t-elle la remettre sur le droit chemin.

Elle essaie de s'en convaincre en l'observant avec inquiétude. Enfin, Maud en a fini, et Cassandra fait aussitôt semblant de regarder tous les livres qui s'étalent sur une large bibliothèque.

-   Tu aimes la lecture ?

Cassandra sursaute. Elle ne l'a pas entendue approcher, sa tête est presque posée sur son épaule, et la sentir si proche la rend nerveuse. Elle recule d'un pas sur le côté, se retournant pour lui faire face. Elle s'efforce d'ignorer tout ce que dévoile ses dessous sexy, les longues jambes nerveuses, la gorge nue et la naissance des seins délicats qui pointent agressivement sous le satin.

-   Oui, assez... Dis-moi, je m'en veux vraiment d'avoir contrarié tes plans, tu es sûre qu'il ne vaut mieux pas que je m'en aille ?

Maud la toise avec curiosité, l'air amusé.

-   Non, c'est toi que je veux... enfin, que je veux voir... » se rattrape t- elle hâtivement.

Cassandra se demande si elle ne l'a pas fait exprès. Maud l'observe avec un intérêt accru, les yeux brillants, comme guettant sa réaction. Cassandra se trouve gauche, plantée stupidement comme un piquet en plein milieu du salon.

-  Cassandra, mets-toi à l'aise, lui dit Maud en lui désignant un fauteuil.

Confuse, elle s'assoit. Elle se sent ridicule d'être aussi gênée devant Maud, perdant tous ses moyens. Elle essaie de se détendre, lance une banalité :

-  Je suis contente de voir que tu te portes à merveille.

Le regard de Maud est direct, tout comme ses paroles :

-   Dis, Cassandra, je suis certaine que c'est Olivier qui t'envoie, mais cela je m'en fous et m'en contrefous littéralement. Chut, ne dis rien, je ne veux pas connaître la vérité, cela n'a aucune importance ! L'important, c'est que grâce à lui tu es venue jusqu'ici, pour ça je l'en remercie, tu es là, avec moi, et rien ne peut me rendre plus heureuse.

Cassandra est estomaquée par cette soudaine franchise qui ressemble à une déclaration. Avec un sourire espiègle, Maud s'assoit en tailleur sur le fauteuil juste en face. Alors qu'elle croise les jambes, Cassandra entrevoit une courte seconde la vision troublante d'une toison pubienne sombre avant que les cuisses se referment. Le sang lui monte au visage, elle est comme fascinée par le galbe fin et racé des jambes nues que Maud a longues et fuselées. Le satin met magnifiquement en valeur le corps splendidement proportionné.

Vite, elle se concentre sur la discussion à venir.

-  Tu as raison, c'est mon frère qui m'envoie. Il est au courant.

-  Au courant ?

-  De ton passé. Ta participation à des films... des films érotiques.

Le visage de Maud n'exprime aucune surprise ou sentiment de culpabilité.

-         Dis plutôt des films pornographiques, c'est plus proche de la réalité. Et cela te choque je présume ?

-         Non. Je ne suis pas là pour te juger. Mais pour te comprendre. Si tu aimes les hommes et les... les femmes, pourquoi t'être mariée avec mon frère alors ?

-         Parce que je l'aimais. Sincèrement...  Il m'a apporté la sécurité et l'équilibre, l'espoir d'une vie normale. Mais on n'échappe pas à sa vraie nature. J'ai toujours eu une préférence pour les femmes. J'ai replongé... Une femme, puis une autre, et je ne le regrette pas...

-         Et Olivier, tu y penses ?

-         Non, pas à lui. C'est toi, Cassandra, qui occupe toutes mes pensées.

C'est dit si naturellement, avec une telle franchise, que  Cassandra en reste sans voix.

Le feu qui brûle dans ses veines circule encore plus vite. L'idée de s'en aller sur le champ sans une excuse effleure brièvement son esprit enfiévré, mais ce n'est pas son genre de fuir devant qui que ce soit. C'est d'une voix presque assurée qu'elle répond :

-         Alors tu perds ton temps. Il n'y aura jamais rien entre nous, tu le sais... Et si tu veux que l'on continue cette conversation, va te changer s'il te plait... Ta tenue est indécente.

-         Cela te rend nerveuse ?

-         S'il te plait, Maud...

Son ton est si suppliant que celle-ci, avec un haussement d'épaules excédé, cède à sa demande. Elle disparait quelques minutes pour réapparaitre dans une tenue beaucoup plus correcte, avec tailleur et chemisier. Du coup, Cassandra reprend un peu d'assurance. Brièvement, car le regard espiègle de Maud ne présage rien de bon. Comme son sourire, à la fois insolent et effronté, avec cette assurance qui lui donne froid dans le dos.

-  C'est mieux ainsi ?

-  Oui, merci.

-  Nous en étions où ? Ah, oui... Je t'avouai que tu étais loin de me laisser indifférente.

-  Et je te répondais que je n'étais pas là pour ça. Je cherche à te réconcilier avec mon frère qui est malheureux et perdu sans toi.

-  Ce qui est dommage mais ne répond pas à mes questions. Cassandra, comment me trouves-tu ? Tu n'as jamais eu envie de moi ? Je ne te plais pas ?

-  Maud,  tu es très belle, très désirable. Mais tu es une femme. Et  aussi la femme de mon frère.  Cela clôt toute donc toute discussion. »

-  Et alors ? N'est-ce pas ce côté interdit qui est le plus stimulant ? Cela ne t'ennuie donc pas de toujours rester sur le droit chemin, comme le dicte notre société bien-pensante ? La routine qui plombe notre quotidien...

Cassandra ne répond pas, trop abasourdie pour trouver une réplique efficace. Et cette lueur railleuse qu'elle a toujours au fond de ses yeux, mêlée à cette insolence si désarmante, la laisse plus que jamais perplexe. D'un geste ambigu Maud lui caresse les cheveux, sans se départir de son étrange sourire. Laissant ses doigts courir sur sa gorge nue puis sur plus bas, à la naissance des seins.

 

 

Cassandra, d'abord décontenancée, se mord nerveusement les lèvres. Puis c'est ensuite qu'elle sent monter la colère, l'indignation,  comme une tempête dévastatrice.

-  Merde, Maud, y' en a marre, à quoi tu joues ? Je n'aime pas les femmes. Au cas où tu l'aurais oublié, je suis mariée, à ton frère. Alors, les conneries, ça suffit ! Tu perds ton temps !

D'un bond, elle se dresse. Elle est essoufflée. Elle déteste les conflits, et cette femme a le don de la mettre dans tous ses états.

Les tempes bourdonnantes, en rage, elle décide tout compte fait de fuir comme une voleuse, se dirige précipitamment vers la porte d'entrée. Souple et vive, Maud la dépasse, s'interposant devant elle. Elle la prend par surprise, avec une ardeur qui lui coupe le souffle.

Cassandra se retrouve plaquée contre la cloison, collée à Maud qui l'enlace fougueusement, cherchant fiévreusement sa bouche.

-  Non...  est le seul mot que Cassandra arrive à articuler alors que leurs lèvres se frôlent.

Elle détourne la tête, juste à temps pour éviter le baiser fiévreux. C’est son visage qui se retrouve couvert d’embrassades goulues, avec une telle ardeur que Cassandra n’a pas la force de réagir.

Titubante, elle ne fait que reculer, coincée contre le mur, les fesses plaquées contre un petit bureau contre lequel elle s’accroche. Ivre de désir, Maud serre contre elle le jeune corps frémissant et souple. Avec la même fougue, elle ondule fébrilement en nouant les bras autour de son visage. Une telle frénésie se dégage dans son empressement de la faire fléchir  que Cassandra ne peut que protester par de petits gémissements, sans  montrer toutefois de véritable rébellion. Elle est trop abasourdie, terrassée par un foisonnement d’émotions qui la laisse sans force. Maud en profite pour la harceler de baisers affamés, sans lâcher prise. Elle l’étreint avec tant d’ardeur que le haut de Cassandra s’écarte, dévoilant un sein nu. Cette découverte  excite prodigieusement Maud qui se dépêche de vouloir le saisir entres ses lèvres, mas Cassandra réussit à éviter le contact en se contorsionnant sur le côté, au risque de se déboiter les hanches. 

Mais Maud ne se décourage pas pour autant...

Les effluves frais et subtils qui montent de cette chair capiteuse lui chatouillent agréablement les narines et l’entraînent sur le chemin du plus irrésistible des sept péchés capitaux : la luxure. Cassandra réussit à se sortir de l’angle dans lequel elle était prisonnière pour partir à reculons. Une retraite chaotique alors que Maud reste accrochée à elle comme une sangsue.  Cassandra en perd
l’équilibre et Maud en profite pour la plaquer contre les étagères. Le choc produit un bruit sourd et expulse l’air de ses poumons. Maud la capture ainsi entre elle et la bibliothèque, verrouillant la prise en posant ses mains de chaque côté de sa tête. Et assurant le baiser qu'elle lui prodigue, vorace et insistant, réussissant à forcer la barrière de ses dents, cherchant sa langue, la trouvant, s'y enroulant, s'y lovant, dans un bruit de succions humides et de salive mélangée.

A cet instant, comme par magie, Cassandra semble perdre toute énergie et tout esprit de combativité. Comme si son corps ne lui obéissait plus. Toute morale envolée. Sans aucune conscience alors que sa langue se met aussi à bouger, tournoyer, emportée dans une danse obscène et tenace avec sa partenaire, goûtant pour la première fois à un baiser  entre femmes qui la bouleverse et l'émoustille comme jamais.

Quelque chose dans son corps s’est emballé. Un tambour sourd commence à s’y faire entendre auquel répond en écho une respiration profonde, irrégulière, haletante, s’accélérant à mesure que la femme poursuit ses entreprises de conquête.

Le bruit de leurs dents qui s'entrechoquent semble la sortir un moment de sa torpeur. Asphyxiée, le feu au joues, elle se libère, mais ses jambes ont du mal à la soutenir. Étourdie, elle tombe sur le lit, prenant conscience trop tard de la situation périlleuse dans laquelle elle se met. Facilitant les tentatives et s'offrant aux attaques incessantes de sa partenaire.

Celle-ci, avec un petit cri de victoire, se laisse tomber sur elle.

Elle recommence à la harceler de baisers sur le front, le visage, dévorant tout sur son passage, ses paupières fermées, son nez, son menton qu’elle mordille
sauvagement, s'approchant sournoisement de la bouche.

Un baiser que Cassandra lui refuse, par crainte de s'y abandonner encore et perdre le contrôle. Mais Maud ne lui en tient pas rigueur. Certaine de sa victoire et se régalant de cette incertitude qui, loin de la freiner, ne fait que l'émoustiller davantage. Ses mains virevoltent avec une dextérité déconcertante, glissant sur son ventre nu. Avant que sa bouche se mêle au jeu, rampant que sur la chair fraîche, se grisant de sa douceur et sa pureté.

 

De nouveau, Cassandra se retrouve sans force. Elle est effrayée. Non pas par les assauts déchaînés de Maud, mais par les effets que toutes ses attaques déclenchent chez elle. Une sourde faiblesse dont elle a honte. Éperdue, elle
cesse de résister. Puis, sans savoir comment, entrouvre ses lèvres pour sortir une langue timide.

Une invitation que saisit Maud avec impatience.

Leurs bouches se soudent brusquement l’une contre l’autre, s’ouvrant pour un baiser fougueux.

Avides de se connaître, leurs lèvres se pressent impatiemment, se butinant avec une ardeur frénétique. Tandis qu’elles ne cessent de s’embrasser, elle passe la main sur ses fesses. Maud frémit de tout son être à cette caresse plus précise et se met à fouiller sa bouche d’une langue encore plus vorace. Le contact de cette peau qui vibre impatiemment la rend folle. Éperdue de volupté, Cassandra se met à ronronner comme une chatte en chaleur, torturée par un désir fugace qui charrie sous sa peau des ondes chaudes, lascives, descendant vers son bas-ventre et réclamant un assouvissement urgent. Le t-shirt est complètement ouvert, rabattu sur ses épaules, et Maud en écarte davantage les pans pour caresser le dos cambré, remontant le long de la colonne vertébrale jusqu’à la nuque.

Cassandra se sent perdue mais ne fais plus rien pour lutter. Une digue s’est rompue en elle, libérant un torrent de sauvagerie enfouie, un besoin presque animal de prendre et d’être prise. Elle abandonne le contrôle de sa personne au flot des sensations tumultueuses qui l’envahissent et se sent arrachée à l’étreinte de sa belle-sœur pour mieux coller ses lèvres contre les siennes, laisser leurs langues danser à l’unisson l’une sur l’autre, ses seins délicieusement pressés sur la forte poitrine de son amante.

Cassandra a du mal à respirer, et s’écarte volontairement, facilitant le passage des mains qui glissent entre les deux corps, sur sa poitrine. Les mains rencontrent d’abord la pointe durcie d’un sein, que Maud fait gonfler
impitoyablement, faisant vite subir le même sort au fragile dard qui se dresse au bout de l’autre sein. Elle baisse aussitôt la tête pour saisir entre ses dents un sein qui, petit et insolent, se durcit de désir.

Brancher Cassandra sur une prise électrique n’aurait pas eu un effet aussi spectaculaire. Elle s’enflamme littéralement, haletante, tremblante de la tête aux pieds. Sa frénésie a quelque chose d’effrayant, un choc qui rompt la
magie. Soudainement, Cassandra reprend contact avec la réalité. Cette dernière seconde, en fermant les yeux, l’image de son frère s’est imposée soudainement à son esprit, et elle sait qu’elle ne la quittera plus, obsédante, tenace, lourde de culpabilité. C’est violemment qu’elle repousse Maud par les épaules.
Celle-ci ne comprend plus. Le regard trouble de ses beaux yeux écartés ressemblent à une supplique.

Cassandra s’excuse.

-  Maud, je ne peux pas… J’ai perdu la tête, pardonne moi, il faut qu’on arrête tout avant… avant de ne plus pouvoir faire marche arrière.

A  SUIVRE... Maud repart à l'attaque, brisant peu à peu les défenses de sa belle-sœur pour l'amener au point de non-retour... Une confrontation hot et intense entre une femme de raison, prude et hétéro, et une autre aussi délurée que volcanique...

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Bonne lecture...

 

 

 


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