Divines et Innocentes

Divines et Innocentes

Le Réveil de la Bête.

Rachel confie : Lequel de tous ces personnages qui sommeillent en elle allais-je réveiller cette fois-ci ?  L’esclave sexuelle docile et soumise ou la maîtresse perverse qui n'obéit plus à aucune morale ? Décidément, Julie ne cesse de m'étonner. La femme aux mille nuances. Pleine de surprises et de ressources. Rien à voir avec la femme-enfant effarouchée que j'avais connue au début, que j'ai séduite, initiée, corrompue, brisant ses défenses pour la révéler à sa vraie nature  : une femme sensuelle et voluptueuse, avide de caresses et de plaisirs charnels. Entre femmes.
Qui a dit qu'il ne fallait jamais réveiller la bête qui sommeille en nous ? Sous prétexte qu'une société bien-pensante nous impose une certaine retenue et discipline, bien que les mœurs aient beaucoup évolués heureusement...  Mais, encore une fois, je constate que les femmes mariées qui, avec le temps et la routine, s'investissent dans les responsabilités quotidiennes, s'enferment malgré elles dans un moule de bienséance, au nom du respect et de la morale, cherchant coûte que coûte à sauver les apparences, à tricher, à camoufler, où leur désir est souvent contrôlé ou refoulé, ce qui implique modération et prudence. Le prix de la liberté est élevé si jamais elles devaient se conduire comme des catins en rut avec leur mari, tombant les masques, libérant leur instinct animal, brisant cette image d'épouse dévouée et respectable, de mère responsable et attentionnée, cette image que leur mari attend et espère avant tout.  Alors elles se laissent peu à peu endormir dans une douce et traître léthargie, un pseudo-bonheur. Avec d'autres priorités. Où le sexe est relégué au second plan, leur désir en mode pause, où il ne se passe plus grand chose dans le lit conjugal. Sauf quand, trop frustrée ou hantée par des fantasmes inavouables, elles osent prendre un amant. Pour enfin lâcher prise et s'autoriser avec un autre homme tout ce qu'elles ne s'autorisent plus avec leur mari. S'abandonner totalement et se livrer corps et âme à leurs instincts les plus primaires. Ce que vit Julie. Encore plus intensément car elle se laisse aller dans les bras d'une femme. Les miens. Pour mon grand plus plaisir. J'enflamme chez elle de nouvelles sensations, je rallume le feu et attise sa libido de façon incontrôlable, une bombe à retardement qui en ce moment explose en hurlant dans mes bras, goûtant pour la première fois à un gode-ceinture qui la rend folle de désir. Méconnaissable. Déchaînée.
Une bête avide et insatiable. Où elle oublie dans les extases et orgasmes à répétition  la tristesse et la morosité de son quotidien, son mari, ses enfants, son boulot.
– Tu contractes, détends-toi, arrêtes de penser, profites-en, lui dis-je encore, veillant à son plaisir, pour repousser toujours plus loin ses limites.
Elle se cabre souplement, le corps tendu en arc de cercle, acceptant la pénétration anale avec un mélange de peur et d'excitation. Avec une lenteur calculée, je pousse un peu plus loin, enfonçant le gode dans son orifice étroit qui, peu à peu, se détend, s'ouvre, accepte l'intrusion. Dilaté et lubrifié par son vagin trempé qui humidifie l'intérieur de ses cuisses, avec une source intarissable qui perle et coule jusqu'à ses fesses, encore plus efficace qu'un gel lubrifiant. Ce qui me facilité la tâche pour gagner quelques centimètres, lentement et progressivement de manière à faire entrer le sexe factice au-delà du sphincter anal de mon incroyable partenaire. Brusquement elle se fige, avec un terrible frisson qui la secoue de la tête aux pieds.
Je sais que cela est sa première intromission anale, alors je cesse tout mouvement, par peur de lui faire mal. Mais je me suis trompée sur son geste. Elle est en pleine extase, savourant un orgasme dévastateur, ouvrant la bouche comme si si l'air lui manquait, le corps parcouru de tremblements. Incroyable ! Mais elle a eu combien d'orgasmes en tout ? Comment une femme jusqu'ici sage et hétéro peut-elle se dévoiler aussi inépuisable ? Et la voilà qui, inassouvie, tortille lentement les fesses, se cambrant, allant à la rencontre du gode pour elle-même s'y enfoncer, en proie au délire en se lâchant dans des cris de surprises et d'extases ininterrompues.
Encore pleine de ressources.
Et je compte bien ne pas en rester là. Exploiter à l'infini tout son potentiel érotique. En faire la partenaire idéale de toutes mes folies sexuelles. Mon amante. Ma compagne.
Trois mois plus tôt.
Julie confie :

Marc est mon deuxième compagnon. Un mariage serein, un long fleuve tranquille, loin de toute fureur et de tout tumulte, par peur de souffrir comme cela fût le cas lors de ma première belle histoire d'amour.

Jacques, le seul amour de ma vie, celui qui m'a brisé le cœur après m'avoir rendue si heureuse, avant qu'il ne disparaisse subitement sans donner de raison.
Une erreur de jeunesse. Un emménagement trop tôt, trop précipité, la fougue de l'insouciance où nous ne mesurions pas les conséquences et les sacrifices. Et, si j'en acceptai le prix à payer, Jacques n'était pas prêt, avec encore des rêves plein la tête, des projets, des folies utopiques avec ses idées de grandeur et de réussite démesuré.
Bouleversée et persuadée d’avoir précipité cette fuite, je me suis alors protégée de toute passion, refusant de me livrer, me réfugiant dans une sorte de solitude affective. Marc étant très pudique et peu démonstratif, nous sommes donc tous les deux sur la même longueur d'onde. Et j'ai commencé à organiser ma vie de manière à ce que tout soit sous contrôle. Ma maniaquerie, ma rigueur et mon métier de comptable en sont des exemples flagrants.
Tout pour masquer ma fragilité et mes failles, mon incapacité à trancher ou prendre des décisions fermes et définitives, et continuer surtout d'alimenter cette image de femme parfaite et exemplaire, innocente et candide, ce regard admiratif et bienveillant qu'ont mes proches sur moi, ce qui me rassure, me stimule, me conforte dans ma bulle utopique.
Je suis aussi une femme hyper active. Je m'occupe avec dévouement de mes deux adorables enfants. Je gère à l’excès notre villa parfaitement entretenue d'une banlieue résidentielle. Je possède la belle voiture de sport qui me permet de conduire mes enfants à leurs nombreuses activités extrascolaires… La vie idéale dont rêvent beaucoup de femmes. Mais, derrière ce bonheur de façade, je cache tant bien que mal ma dépression et mes désillusions qui m'entraînent vers des territoires secrets peu avouables. Et je peux aller jusqu'à me mettre en danger pour lutter contre ses démons intérieurs, éviter que ma vie de famille ne vole en éclats et continuer à protéger les miens… Comme possédée par un mal intérieur dont j'ignorais l'existence jusque là, avec une double personnalité, mi-ange mi-démon, aux multiples ramifications et facettes, riche en associations et en incidents de parcours.
Alors tout a commencé par de légers fantasmes innocents, des envies de me découvrir, m'exhiber, explorer mon propre corps que je connais si peu, des choses dont je ne me serai jamais permise avant, durant l'adolescence même... D'abord me promener en petite tenue, dévoiler mon corps et prendre confiance, vaincre ma timidité et ma pudeur.


Prendre de l'assurance et savoir jouer de mon charme et mon sex-appeal avec une audace qui me surprenait et m'émoustillait, un dépassement d'une sensualité en plein éveil...
Allant de plus en plus loin jusqu'aux fois où, comble de l'horreur, je me laissai aller à la masturbation, ce que je m'étais toujours interdit jusque là, trouvant cela sale et dégradant, encore marquée par une éducation trop stricte et rigide où le sexe a toujours été un sujet tabou.
Des plaisirs solitaires qui avaient l'élégance de panser mes névroses et frustrations. Se donner du plaisir dans l'excès et le refus d'assouvir ailleurs ses fantasmes c'est se tenir à l'écart de la vie, en état d'impuissance certes, mais il est plus prudent de privilégier les pistes métaphoriques sur l'enfermement de l'amour et sur la bête qui sommeille en nous.
Moins de danger. Moins de conséquences.
Car c'est cela qui m'effrayait et me tétanisait. Cette bête qui sommeillait en moi. A l'affût. Insidieuse et tenace. Complexe et perturbante. Prête à bondir comme un animal féroce et indomptable, goulu et insatiable.
Alors cette bête je la nourrissais comme je pouvais, dans la quiétude de ma chambre et la retenue de mes désirs inassouvis.
 

Jusqu’au jour où la tentation a été la plus forte que la raison, le besoin de me mettre en danger, satisfaire ma curiosité, trouver des réponses à mes questions. Alors j'ai osé une seule aventure extra-conjugale, persuadée qu'avec un inconnu je me lâcherai totalement, en roue-libre, sans ce frein et cette pudeur qui me retiennent dans mes rapports intimes avec mon mari. Plus de respect, de tabou, de limite... Du moins c'est ce que j'espérais... La vérité ne dépassa pas toutes mes espérances, même si cela s'avéra plus excitant et torride avec ce bel inconnu qui me dragua en discothèque. Mais il n'est pas difficile de faire mieux que Marc. Sans imagination et passion. Un amour paisible et confortable, entaché par des relations sexuelles mornes, je n'y prends aucun plaisir.

Là ce fût différent, mais pas l’apothéose non plus. Fougueuse, aimante, espiègle, je me suis découverte plus perverse et audacieuse, avec ce brin de folie qui me fait toujours défaut au lit.

Mais, malgré mes efforts, j'ai encore ressenti ce sentiment de frustration. Comme un vide que nos ébats ne pouvaient combler, où je restais inassouvie, sans connaitre véritablement le grand frisson...  M'obligeant à... Me forçant à... Comme si tout cela ne venait pas de moi, contre ma vraie nature.

Une triste expérience que je décidai de ne plus jamais renouveler. J'en fus blessée et mortifiée d'avoir trompée mon mari, rongée par la culpabilité et les remords.

Dans l’espoir de me racheter et de remettre de l’ordre dans ma vie, je me suis occupée des miens avec plus d'énergie et d'exubérance, plongeant à corps perdu dans mon rôle de femme attentionnée et surbookée, de mère dévouée et perfectionniste.

C'était il y' a deux ans.

Jusqu'au jour où un tsunami frappa la famille. Quant ma mère quitta brusquement papa pour une femme. Là, j'avoue, je dégringolais de haut. Comme si tous mes repères explosaient en mille morceaux. Et je restais longtemps dans le déni, dans l'incapacité de croire à l'inimaginable, une aberration qui dépassait pour moi l'entendement. Non pas que je sois homophobe, loin de là, je ne suis pas rigide à ce point, mais imaginer ma mère dans les bras d'une autre femme relevait de la plus incroyable fiction.

Maman a toujours été la femme la plus triste et conventionnelle du monde. Engluée dans les conventions bourgeoises où le rôle d'une femme est d'être soumise et dévouée au bon-vouloir de son mari, détenteur de la fortune familiale, un riche bijoutier qui dirige son entreprise d’une main de fer et s’avère aussi ferme et despote avec ses ouvriers qu’avec sa femme. Elle n'a jamais eu le courage de se révolter. Trop faible et craintive. Sans caractère. Il lui a toujours manqué quelque chose… De l'assurance... Mais sa rencontre avec Lydie, une belle femme de cinquante ans aussi généreuse que spontanée, lui a apportè une bouffée d’oxygène et ouvert une porte vers le respect et la jeunesse qu'elle a perdu trop tôt. Rapidement, ma mère a délaissé les amis de son milieu pour fréquenter cette femme plus décontractée, cool et impulsive, pétillante et désinhibée… Cette relation lui a apporté un second souffle salvateur et bienheureux où elle a pris de l'assurance et de l'autonomie, se libérant des chaînes de papa. Et lui ? Cela ne l'a pas brisé. Trop fier et au-dessus de tout pour montrer la moindre faiblesse. Il a rebondi, cloîtré dans son armure de condescendance et de dédain, se vengeant dans un divorce houleux où il a tenté de la ruiner. Alors j'ai pris le parti de maman, acceptant sa nouvelle vie avec Lydie, même s'il m'a fallu du temps pour reconnaitre qu'elle n'a jamais été aussi heureuse et qu'elle puisait dans son amour pour cette femme le courage et l'énergie nécessaires pour tourner une page et entamer un nouveau chemin.

Pour sa force je l'adore maintenant.

Et ce sont dans ces conditions que j'ai fais la connaissance de Rachel. Une amie de Lydie. Qui est gérante d'un restaurant chic et reconnu de la côte varoise, à Bandol.

Rachel, la femme qui a bouleversé ma vie.

Elle est attirante, la cinquantaine rayonnante et jouit d’une situation financière confortable. Rachel règne sur les cuisines de son restaurant avec un mélange de fermeté, bienveillance et affection excessives. Rien ne lui échappe. Inventive et exigeante, précise et rigoureuse, elle mène sa petite équipe à la baguette et accomplit chaque soir de nouveaux prodiges dans une ambiance studieuse et concentrée. Consciente de ses mérites, elle se veut irréprochable et ne s'autorise aucun relâchement. Son perfectionnisme fait l'admiration de tous, mais intimide les hommes et décourage les avances. Surtout qu'elle ne les aime pas. Son pouvoir de séduction et ses atouts affriolants ne visent que les femmes, hétéros ou homos, jeunes de préférence. Toujours sexy et affriolante, elle ne reconnait aucune pudeur. je suis toujours restée admirative devant certaines catégories de personnes qui possèdent une qualité que je n'ai pas : l'impudeur !
Non pas qu'ils soient plus admirables ni plus intelligents que la moyenne des Humains, seulement ils sont affranchis des contraintes du commun des mortels. J'imagine que comme moi, parce que vous êtes rangée dans le moule de celles qui n'aiment pas trop se faire remarquer, vous ne vous exposez pas, ou si vous y êtes contraint, vous tentez de masquer un minimum votre corps... Par pudeur. Par bienséance.
En l’occurrence ce n'est pas le cas de tous !! Et Rachel se régale de séduire et provoquer avec une espièglerie déstabilisante.

J'en ai fais les frais et je l'ai laissée me draguer avec un certain amusement et détachement, acceptant ses compliments et son numéro de charme sans pouvoir toutefois me retenir de rougir, je suis une timide incurable, ce qui a le don de l'enchanter et l'émoustiller apparemment. L'idée de séduire et pervertir une jeune hétéro innocente n'est certainement pas le genre de défi qui doit lui faire peur. Mais là elle peut parier toute sa fortune, jamais elle ne remportera cette victoire là.

Du moins c'est ce que je me disais à cet instant.

En ville sa réputation est connue et critiquée, avec un parfum sulfureux de débauche et de scandale, qu'elle attise pour avoir détournée du droit chemin des jeunes femmes mariées. Sa fulgurante réussite professionnelle et son charme auprès des femmes des autres  lui attire entre autres l'antipathie des notables les plus influents de la ville, surtout d'un puissant banquier cocu et humilié par Rachel qui, suite à un gros différent avec lui, l'a affronté en pleine réunion pour lui cracher en pleine figure son impuissance à donner du plaisir à sa propre femme, des aveux susurrés sur l'oreiller par la femme en question après des acrobaties lesbiennes avec Rachel. 

Ainsi, au cours des mois qui suivirent, j'en appris beaucoup sur Rachel.

Aucune surprise en entendant que c’est une femme très libérée constamment à la recherche de nouvelles expériences pour assouvir sa curiosité sexuelle. Elle couche avec qui elle veut, quand elle veut. En toute liberté, selon ses pulsions et ses envies. Sans s'attacher. Ce qui me surprend. Comment peut-on ainsi séparer sexe et sentiments, ne jamais se laisser émouvoir après de tendres étreintes amoureuses ?

Cela me dépasse.

Mais là c'est l'incorrigible sentimentale qui parle.

 

Rachel confie.

Après diverses expériences fabuleuses avec des femmes, j'en suis arrivée à assumer totalement mon homosexualité, le sexe étant devenu ma forme de vie, me plongeant sans tabou dans des expériences extrêmes. Je me consume donc dans le vice avec douleur, rage et obstination....

Je revendique haut et fort cette vie de débauchée, mon sens du péché. Simplement parce je cherche le plaisir sans le sentiment. Féministe et libérée, j'entends ouvrir les yeux de toutes ces femmes engluées dans leur médiocrité et leur triste condition d'hétéro au destin étriqué, les envoûter de mon expérience et ma puissance sexuelle à coups de plaisirs jamais égalés à en perdre la raison. Aucune conscience ne me retient si une femme me plait, mariée ou pas, mère ou pas, avec la seule envie de les initier aux délices de Lesbos et les posséder à leur tour par ce démon lascif des extases homos, en faire des  adeptes insatiables du cunnilingus.

Et ma relation avec Léa, mi-ange mi-démon, que j'ai perverti aux ébats lesbiens quelques mois auparavant ( Lire " Les louves de la Riviera " ) m'a réellement  conforté à l'idée qu'il ne faut jamais se fier aux apparences et que certaines femmes hétéros d'allure trop sage peuvent se révéler les plus fabuleuses amantes. Alors que notre relation s'est achevée tristement, où je l'ai poussée dans les bras d'une amie, Sandra, j'ai toujours rêvé de retrouver une amante de la même trempe que Léa, n'y croyant plus trop et finissant par désespérer.

Jusqu'au jour où j'ai rencontré Julie, venue manger un soir dans mon restaurant avec sa mère, la nouvelle compagne de Lydie, une amie de longue date. Je suis tombée sous son charme, à mon grand étonnement, sans que je puisse me l'expliquer. Les mystères de l'attraction... Jolie brunette candide, pétillante et à la fraîcheur immaculée, jeune fille ingénue qui semble sortir de l'enfance, oisillon naïf qui dissimule sa timidité par des éclats de rire puérils et une grande nervosité. Avec une maladresse touchante aussi... Mais, en la connaissant mieux, j'ai détecté chez elle une aura sensuelle à fleur de peau, comme une puissance sexuelle enfouie et tapie dont elle ignorait l'existence et qui ne demandait qu'à s'enflammer. Un volcan endormi...

Et je me trompe rarement.

Des filles d'apparence timide qui cachent bien leur jeu j'en ai rencontré pas mal... J'aime ressentir leur trouble, se laisser emporter par la tentation, sentir leurs envies décupler, leur réserve disparaître et laisser place à une audace insatiable. J'adore quand leur instinct de bête se déchaîne et qu'elles perdent toute retenue pour se laisser aller à leurs pulsions les plus primitives. La musique de leur respiration accélérée, leur soupir, leur supplique, cet air étonné et égaré dans les frasques d'un plaisir grandiose, la vulgarité de leurs propos quand elles explosent dans mes bras, la violence de leur impatience m'excitent comme à chaque aventure que je vis. Chauffée à blanc, ces hétéros se dévoilent, je sens la lesbienne se réveiller et s'emporter, se laisser envahir, et c'est à ce moment que je reprends le dessus et pondère gentiment leur ardeur pour les attiser encore plus de longues heures inoubliables.

Alors, évidemment, je me suis mise à fantasmer sur l'innocente Julie, à l'imaginer ardente et méconnaissable, une vraie tornade survoltée qui se lâche enfin, se libère de ses petits airs sages et pudiques pour se laisser enfin aller à sa vraie nature... Une lesbienne qui s'ignore peut se révéler la plus fougueuse des amantes...

Au début, nous sommes donc devenues amies. Une amitié improbable. La débauchée et l'ingénue. En ma compagnie, Julie redevient une adolescente insouciante et délurée, fascinée par ma liberté, mes frasques nocturnes et décadentes. Comme une femme qui s'est vue grandir trop vite, sans avoir profité des plaisirs de la vie, avec brusquement l'envie de rattraper le temps perdu. Fuyant ses responsabilités, fuyant une existence trop tranquille et monotone... Une métamorphose qui me comble, je la trouve craquante en femme-enfant qui se lâche et s'autorise tous les excès...  Et j'en profite, sans la brusquer, pour lui dévoiler peu à peu mes véritables intentions.

Julie confie.

Elle est vraiment charmante, par sa façon d’être, ses sourires engageants, sa conversation, son élégance naturelle, son sex-appeal déroutant. J’essaie de ne pas me sentir potiche en comparaison mais ma timidité ne peut rivaliser. Dimanche, son seul jour de repos, elle m’amène sur une plage près du Lavandou. Un endroit paradisiaque. Plage de sable fin, eau turquoise, pins parasols, chant entêtant des cigales en bruit de fond. Nous mangeons dans un restaurant au bord d'une superbe piscine. Après un bon repas, nous décidons de nous installer sur des transats. Premier choc lorsqu'elle se déshabille, ondulant des hanches pour faire glisser avec une sensualité raffinée son short le long de ses hanches. Tout son corps crépite d'une sorte de volupté, une force érotique à la fois innée et contagieuse.

Sans se départir de son sourire insolent et espiègle.

Faisant monter la chaleur de plusieurs degrés.

A mon tour de me déshabiller et, pour ne pas me la jouer jeune fille trop sage et effarouchée, c'est avec un sadisme calculé que j'ose le monokini, certaine de produire de l'effet. Résultat assuré. Même si je n'en abuse jamais, je connais depuis peu mon pouvoir de séduction, la beauté de mon corps, le contraste saisissant entre mes seins lourds et insolents et la finesse de ma taille.

Je sens son regard sur moi. Fixe et insistant. Et j'affiche mon air le plus innocent en sirotant ma boisson, tout en me rapprochant d'elle.

Elle est étendue lascivement sur un transat, faisant semblant de feuilleter un magazine alors que je m'installe à ses côtés. L'air de rien je l'observe en douce. Son maillot  contraste divinement avec sa peau hâlée, huilée, et sa chevelure sauvage de jais.

Son corps m’impressionne vraiment. Autant son âge peut se lire un peu sur son visage, mais en rien sur sa silhouette. Quelques taches sur les mains. La peau des avant-bras légèrement marquée. Mais son ventre est plat, aux abdominaux dessinés, et ses cuisses musclées. Ses seins sont parfaits, accrochés hauts, insolents et encore fermes.

Puis elle tourne vite la tête et me regarde en souriant avec malice. Comme si elle sentait mon regard sur elle. Comme prise en faute, je détourne vite les yeux en rougissant comme une collégienne. Puis elle engage la conversation. Rachel est bavarde et parle de tout. Elle est très instruite. J’apprécie son vocabulaire et sa vivacité d’esprit. Sa conversation me fascine malgré moi. Elle a tant d'assurance, d'expérience. Puis elle se met à me parler des hommes. De manière anodine d'abord. Son désintérêt pour eux, vois son dédain. Elle me complimente sur mon physique, ce qui me flatte bien évidemment. Elle apprécie mes longues jambes et ma taille souple quand je bouge. Elle lève sa main et me caresse le bras, pour confirmer que j’ai la peau douce, soyeuse, ce qui fait tellement défaut aux hommes. La caresse n’est pas déplacée, mais j’en ressens tout de même un frisson d’embarras. J’éprouve même, je crois, une légère répulsion quand elle ajoute que j’ai aussi une poitrine magnifique et qu'elle poursuit son mouvement pour en éprouver la fermeté. Là, j'ai un mouvement de recul. Avec un grand frisson. Trouble ou dégoût ? Je ne sais plus. 

Et c'est à cet instant que j'ai croisé son regard. Ardent. Animal. Le visage grave et figé dans un masque de désir intense, presque douloureux.

Cela a été mon deuxième choc ! Cela m'a bouleversée, un écho inattendu dans ma petite vie tranquille, un tsunami qui me sort des abimes et m'emporte vers des flots tumultueux. Car, si tout cela m'amusait au départ, je comprends maintenant que je suis troublée également par cette femme, et ce d’autant plus que j’étais incapable de l’admettre auparavant. Son âge est un piment supplémentaire. Un autre interdit qui me remue de l'intérieur. Son savoir, son expérience, tout cela est rassurant et déroutant. Je détecte en elle une énergie sexuelle qui émane de tout son corps, une aura de volupté et de gourmandise insatiable que je n’ai jamais encore perçue chez aucun homme, et encore moins chez une femme.

C'est si déstabilisant.

Comme allumant un brasier éteint qui renait de ses cendres... Une découverte qui fait écho à mon mal-être et ce feu intérieur qui me brûle depuis si longtemps.

Honteuse, je refoule toutes ces pensées inavouables. Il faut que je cesse de rêver ainsi et de permettre à mon imagination fertile de vagabonder en toute liberté. Cela ne me ressemble pas. Mais qu'est-ce qui me prend ? Je n'aime pas les femmes et je ne suis pas lesbienne, aucun risque. Forte de cette vérité, je perds le fil de la conversation, et je finis par m'assoupir sans m'en rendre compte, sans doute désireuse d'oublier dans un doux sommeil trop de tourments.

 

C'est en m'armant de courage que j' arpente le couloir, souriant de toutes mes dents à Rachel qui m'attend devant le pas de sa porte. Drapée dans un manteau, elle s'apprêtait apparemment à sortir. Je ne comprends pas. Pourtant le rendez-vous était bien à 19 h. 30 pour la séance de 20 h. du dernier film de Woody Allen. Pourtant, elle se précipite à ma rencontre, jetant ses bras autour de mon cou dans un élan spontané. Je réponds à son étreinte en me crispant malgré moi, évitant tout contact trop étroit. Rachel rayonne. Sa joie de me voir n'est pas feinte, cela me touche énormément.

-   Julie, je suis tellement heureuse de te voir ! » s'écrie t-elle avec des rires dans la voix.  Je pense tellement à toi en ce moment, et tu es là... C'est génial !

Elle est volubile et toute excitée.

-   Rachel, je ne te dérange pas j'espère ? Enfin, je croyais qu'on avait dit...

Elle me coupe :

-  Non, je n'ai pas oublié, mais je sors juste acheter un paquet de cigarettes. J'en ai pour cinq minutes... Mais rentre donc.

Elle s'empresse de me saisir les mains avec fermeté.

-   Allez, viens...

Elle referme la porte derrière elle, me guidant à l'intérieur en me tenant toujours les mains. Docile, je la suis, grisée par le parfum de shampooing au pomme verte qui se dégage de ses cheveux mouillés, et l'odeur de son gel douche, à la camomille il lui semble. J'en déduis qu'elle sort de la douche ou du bain. Je ne peux détacher mon regard de la silhouette élancée qui ondule souplement, si délicieuse et provocante, comme toujours. Je me sens soulagée lorsqu'elle m'abandonne dans le salon.

-  Fais comme chez toi, je n'en ai pas pour longtemps...

Elle sort. Je m'approche de la baie vitrée, essayant de m'intéresser au morne paysage qui s'offre à mes yeux, un enchevêtrement d'immeubles et de bâtiments à perte de vue.

Puis, ne sachant pas trop quoi faire, j'explore l'appartement. Finissant dans sa chambre je ne sais comment, fouillant ses tiroirs simplement parce qu'un bout de tissu dépasse, attirant mon regard. En voulant le ranger, je découvre un large choix de nuisettes et sous-vêtements affriolants et aguicheurs, en soie pour la plupart, en parfaite harmonie avec la personnalité de Rachel. Tout est audacieux, original, sexy. Est-ce ce parfum de sensualité qui m'a gagné et m'a poussé à me déshabiller totalement pour enfiler une nuisette ? Je ne sais le dire. En tout cas, tous les fibres de ma libido vibrent comme à l'approche d'un fruit défendu.

Un vent de liberté et d'audace me gagne, où je m'amuse de mon insouciance, ma légèreté, comme possédée par un être sournois qui me pousse à faire des choses irraisonnable. Je me tortille effrontément dans cette tenue, avec toujours ce sentiment d'interdit qui me trouble un peu trop agréablement... Sournoisement...

 

Et, continuant de fouiller dans les armoires, je découvre alors avec stupeur un gode-ceinture que j'hésite à saisir tellement cela me remplie d'effroi. Un engin immonde et indécent qui me laisse perplexe. Ce genre de sex-toys dont je connais bien évidemment l'existence mais dont je n'aurai jamais osé graver dans mon esprit, dans le plus extravagant fantasme,  toutes ses méthodes d'utilisation. Un autre monde. Un autre univers dont j'ignore toutes les règles. Du bout des doigts, comme par peur d''être mordue ou infectée par ce truc, je le scrute avec dégoût et une curiosité presque malsaine, finissant par le remettre dans le tiroir.

 

-  Elle te va à ravir ma chérie !

Je sursaute violemment. Je ne l'ai pas entendue approcher, sa tête est presque posée sur mon épaule, et la sentir si proche me rend nerveuse. Je recule d'un pas sur le côté, me retournant pour lui faire face. Je m'efforce d'ignorer tout ce que dévoile la nuisette que je porte, mes longues jambes hâlées, la gorge nue et la naissance de mes seins généreux qui pointent agressivement sous le satin.

Elle me toise avec curiosité, l'air amusé.

Et moi je prends toute l'ampleur de ce que ma tenue peut avoir de provocant et d'aguicheur. Elle risque de se méprendre sur mes intentions. J'en suis mortifiée. Le rouge me monte aux joues. Tandis qu'elle m'observe avec un intérêt accru, les yeux brillants, comme guettant ma réaction. La situation est horriblement gênante. Je me trouve gauche, plantée stupidement comme un piquet en plein milieu de sa chambre.

Le fait de se savoir observée, exposée à son regard concupiscent, me trouble follement. Malgré la distance qui nous sépare, je peux sentir sur moi son regard brûlant, empreint d’un violent désir.

Timidement, j'ose lever les yeux  à la recherche de son regard que je croise longuement : il est fiévreux et avide. 

D'un pas elle s'approche.

Je me fige. Repliée sur moi-même, avec cette désagréable impression que mon sang se vide de mon visage.

Elle s'approche plus près, à me toucher.

Je cesse de respirer, comme tétanisée, paralysée.

Avec toutefois un sursaut de révolte lorsqu'elle tend une main vers ma joue.

Bon sang ! A quoi je joue ? Je ne vais tout de même pas me laisser séduire par une femme et m'aventurer dans une relation extra-conjugale avec cette même femme !

Le visage livide, prise de remords, je recule à l'aveugle mais elle me saisit fermement par les épaules, sans cesser de me fixer du regard.

Elle est beaucoup plus grande que moi. Sa force est si énergique. Je me sens si petite, fragile, vulnérable, que je pousse malgré moi une plainte apeurée.

Titubante, je ne fais que reculer, mais elle m'accompagne. Tout cela me dépasse. J'en reste sans voix. Ivre de désir, elle réussit à me serrer contre elle et, avec la même fougue, elle se met à onduler fébrilement en nouant ses bras autour de mon visage. Aucune parole n'a été échangé depuis. Comme par peur de briser le charme. Une atmosphère lourde et électrique. Vibrante et érotique.

Le poids de son corps me maintient plaquée contre l'armoire. Une main relève le bas de la nuisette, alors que sa bouche cherche la mienne. Je fuis le contact en tournant la tête mais ses lèvres ne lâchent pas les miennes, me provoquant et me relançant avec application, me faisant goûter à la douceur des ses lèvres qui sont chaudes et fruitées, gonflées de désir. Un délicieux contact qui me rend toute molle. Vite, je cesse de me battre. Elle en profite pour forçer de sa langue le barrage de mes dents. Je crois que si elle avait proposé quoi que ce soit –que l’on se déshabille, s’allonge ou aille vers une autre pièce– j’aurais réussi à lui échapper. Mais au lieu de cela, elle a écarté mes cuisses d’un mouvement de genou et elle s’est emparée de moi. Sa main droite m’a agrippée comme une pince. Son baiser s'est fait plus vorace, bestial. Ce qui m'effraie et m'oblige à la repousser. Je dois échapper à son emprise. En voulant la fuir à reculons, je perds tout sens de l'orientation et bute sur le lit. Déséquilibrée, je pars en arrière, m'écroulant sur le lit, une aubaine pour Rachel qui pousse un petit rire victorieux en me coinçant sous elle.  Une telle frénésie se dégage dans son
empressement de me faire fléchir sous son corps soudainement actif et souple que je ne peux que protester par de petits gémissements, sans  montrer toutefois de véritable rébellion. Je suis trop abasourdie, terrassée par un foisonnement d’émotions qui me laisse sans force.

Rachel en profite pour me harceler de baisers affamés, sans lâcher prise. Elle m’étreint avec tant d’ardeur que la nuisette glisse et s’écarte, dévoilant mes seins. Cette découverte excite prodigieusement Rachel qui se dépêche de faire passer la tenue au-dessus de ma tête avec une facilité déconcertante. Et c'est ainsi que je me retrouve nue dans ses bras, frémissante de la tête aux pieds, perdue et apeurée. 

Elle pèse sur mes épaules et m'étend sur le lit, cherchant ma bouche tout en se frottant contre moi.

Ses doigts survolent ma peau avec une légèreté affolante, puis ses caresses se font plus précises, centrées sur mes mamelons. Je lâche un petit cri lorsqu’elle pince légèrement un bout sensible puis je gémis de surprise lorsqu’elle atténue la sensation en le léchant doucement. Sa main droite empaume mon sein gauche tandis que sa bouche se délecte de mon mamelon droit. C'est délicieux et insoutenable. Mes jambes sont agitées de mouvements incontrôlés, comme si je voulais échapper à cette délicieuse torture.

 

 

Je ne dis proteste plus. Silencieuse et docile. En sachant très bien que ma faiblesse passe pour un consentement tacite

 

Rachel aspire maintenant goulûment mon mamelon, sa langue jouant avec ma pointe granuleuse. Sa bouche déguste mon sein avec passion et dévotion. Je trouve dans ses gestes un mélange de sensualité et d’ardeur que seule une femme peut prodiguer à une autre femme, avec un art inné.
De petits cris s’échappent de ma bouche entrouverte, mais bientôt je ne peux plus retenir mon plaisir. Un plaisir diffus et intense qui me laisse au bord de l'orgasme, sans le libérer. J'en râle de frustration.

Enfin, sa main libère mon sein pour se glisser lentement entre mes cuisses. Malgré mon envie d'être soulagée de cette tension érotique qui me possède, un sursaut de révolte me sort de cette traître euphorie, comme si je m'éveillai d'un rêve érotique. Je prends peur. Effrayée d'atteindre le point de non-retour, celui où je vais me disloquer et me déchaîner dans des plaisirs jamais atteints. Libérant le démon de la luxure. Réveillant la bête.

J'emprisonne un instant sa main en la bloquant avec mes muscles, resserrant mes cuisses, mais elle m'ordonne de me laisser faire, d'une voix cassée et sifflante par l'excitation.

Rachel confie.

Jamais je ne me suis retrouvée dans un tel état, au bord de l’asphyxie, au bord de la folie. A son refus d'aller plus loin j'insiste :
– Pourquoi ? Pourquoi ? Laisse toi aller…
– Non, je ne peux pas, … c’est trop fort,  je… j'ai peur, je sens que je ne vais plus rien contrôler, bredouille-t-elle
– Ne contrôle rien, laisse toi dévaster par le plaisir, laisse toi guider par ta nature...

Je la contemple un moment, coincée sous moi, prisonnière de mes bras et mes jambes qui l'enserrent. Je la vois allongée sur ce grand lit de style et aux draps de soie mauve et blanc, les jambes entrouvertes, offerte, rose de honte et de plaisir, les seins oppressés et le ventre haletant, les tétons érigés, menton et bouche tremblantes, ses lèvres fines gonflées et gorgées d'un désir inassouvi, les cheveux en bataille. Une lueur sauvage et fascinante se reflète dans ses yeux clairs. La femme qu’elle j'y voie est grâce, volupté, tentation, au bord du précipice, se débattant encore dans sa morale alors que que les affres d'un plaisir violent émerge à la surface.

Je suis prête à tout pour la faire basculer du côté du péché.

Malgré ses faibles protestations, je fais glisser un doigt à l'orée de son sexe, découvrant avec stupeur une vallée lisse et brillante. Ma bouche relâche son téton. Les yeux fous de désir, je cherche à lire sa défaite dans son regard.

    — Je vais te rendre tellement heureuse ma chérie ! lui dis-je d'une voix rauque.

Elle crispe vainement ses doigts dans ma chevelure pour retenir ma tête qui s'enfonce vers son entrejambe. Mais c'est trop tard.

A SUIVRE.

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Bonne lecture...

 


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