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Divines et Innocentes

Divines et Innocentes

Une proie innocente.

Estelle, mariée à François et mère d’un jeune garçon, semble mener une vie idéale. Son mari se montre attentionné, son fils est adorable, elle mène une carrière sans histoire comme professeur des écoles. Fragile, émotive, elle aime se sentir sécurisée par une existence réglée comme du papier à musique, sans surprise… Ce bonheur bascule le jour où elle assiste, horrifiée et impuissante, à l’arrestation de son mari par la police. Anéantie, elle tente de comprendre, ne croyant pas aux accusations qui pèsent sur son mari : l’assassinat d’un haut diplomate algérien. Elle se bat pour la vérité, confrontée peu à peu au versant obscur de la vie de l’homme qu’elle croyait connaître… Mais le cauchemar ne fait que commencer lorsque des hommes de la DGSE la contacte, et c’est ainsi qu’elle apprend que François faisait partie d’un groupe d’agents secrets. En mission pour démanteler un réseau clandestin de trafic d’armes en Afrique du Nord, François menait une enquête délicate au sein du gouvernement français impliqué dans cette sale affaire, et s’est fait stupidement piéger par ses ennemis. La DGSE se retrouve pieds et mains liées, impuissante à faire éclater la vérité, par peur du scandale et des représailles. La seule solution consiste à récupérer une clef USB contenant des informations précieuses sur ce réseau clandestin de trafic d’armes, ce qui permettrait de confondre les politiciens corrompus et d’innocenter par la même occasion François. Désespérée, Estelle se laisse manipuler et accepte de mener une mission à haut risque : sauver son mari et, pour cela, séduire la personne qui détient la clef USB. Un jeu dangereux qui va remettre en question la vie bien rangée et maîtrisée d’Estelle, la détournant de ses certitudes hétérosexuelles alors que cette personne est une femme sournoise et perverse. Directrice d’une des plus grande banque privée, Agathe est une femme de poigne et de caractère, aussi dangereuse que manipulatrice, et habituée à satisfaire ses désirs sans la moindre retenue. Inconsciente et inexpérimentée, usant de sa jeunesse et de son charme, Estelle est une proie beaucoup trop facile, lâchée dans un mission qui va vite la dépasser. Jouant avec le feu en l’aguichant et la provocant, elle tentera au début de lui résister. Mais, dépassée par les événements, elle sera vite sacrifiée à la libido exubérante et volcanique d’une femme dominatrice qui va vite la plier à tous ses caprices.

 

 

Estelle resta immobile, essayant de contrôler les tremblements nerveux qui ne cessaient de la secouer. Même ses dents claquaient. Prés d’elle, la femme planta ses yeux dans les siens, la toisant avec sévérité. Blonde comme elle, un peu plus grande, elle était d’une beauté froide, la scrutant d’un air critique. Sa voix était aussi glaciale :

-   Vous êtes certaine de pouvoir accomplir cette mission ?

-   Oui

-  Vous voulez vraiment sauver votre mari ?

Au souvenir de celui-ci, emprisonné pour un meurtre qu’il n’avait pas commis, Estelle sentit sa raison vaciller.

-  Oui. Plus que tout. J’ai besoin de lui. Mon fils a besoin de lui.

Sa voix tremblait. La femme s’approcha d’elle.

-  Très bien. Alors déshabillez-vous.

Estelle, évidemment, parut réellement surprise. Mais le regard de la femme ne tolérait aucune objection. Estelle comprit alors qu’on testait sa détermination, un examen de passage pour juger son courage. Elle ne devait pas échouer. La survie de son mari en dépendait. L’avenir de sa famille en dépendait. Alors elle obéit, se mordant les lèvres en ôtant sa robe qu’elle laissa tomber à terre, puis affichant un air farouche en dégrafant son soutien-gorge.

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Livide, elle croisa aussitôt les bras sur sa poitrine. Puis, avec hésitation, se sentit obligée de baisser les bras pour saisir l’élastique de son slip. Mais le courage lui manqua quand il lui fallu ôter celui-ci. Désemparée, elle quêta vainement du regard un soutien autour d’elle, accrochant le regard de la femme. Celle-ci restait imperturbable. Pourtant, elle arrêta son geste.

-  Stop ! Restez en slip.

Soulagée, Estelle demeura figée, les cuisses collées et les mains étroitement serrées sur les seins.

A contre-cœur, elle leva la tête et observa son reflet dans la glace. Elle s’obligeait à combattre son embarras, observant son propre corps qui, nu et indécent, s’offrait à ses yeux. Se voir ainsi était toujours pour elle source d’embarras, une gêne qu’elle traînait comme un boulet depuis son adolescence. Elle en connaissait l’origine. Ses parents, fervents catholiques aux traditions profondément ancrées, avaient exigé d’elle qu’elle soit à leur image, modeste, pudique, effacée. Sa mère l’avait élevée dans le respect d’une morale très stricte, l’avait dépouillée de toute vanité, de toute coquetterie, et Estelle, par amour, avait accepté le poids des traditions parce que cela lui semblait normal de se plier aux exigences de ses parents. Mais, secrètement, elle savait que cette rigueur serait provisoire, rêvant un jour de voler de ses propres ailes, de construire une vie de famille différente, plus moderne, de s’émanciper et se libérer dans les bras de celui qui serait son mari. François était donc le mari idéal, doux, prévenant, conciliant, lui laissant toute la liberté qu’elle voulait avec la plus grande confiance. Fou amoureux, il multipliait les preuves d’attention à son égard : bouquets de fleurs, billets doux, restaurants et repas aux chandelles, week-end en amoureux, tout lui était bon pour la surprendre et la gâter. Il était si attendrissant en ces moments d’abandon, si éperdu, si amoureux, qu’elle en éprouvait une réelle fierté : se sentir belle et désirable était le plus bel hommage qu’un homme puisse rendre à sa femme. Elle lui en était reconnaissante, se pliant au devoir conjugal alors que le sexe n’était pas dans ses priorités. Elle aimait cela, mais sans plus, n’éprouvant pas cette attirance qui affole, cette magie qui alimente et renouvelle le désir… Il y manquait la flamme, le petit plus qui faisait que c’était rarement le grand frisson, celui qui bascule et emporte tout… Des fois, elle se sentait emportée par un tourbillon vertigineux, se sentait prête à crier, à perdre toute pudeur, mais ses principes la retenaient, freinant ses pulsions. Ce n’était pas de la faute à François car il était un très bon amant, plein de patience et d’attention. Non, c’était de sa faute à elle. Son éducation rigide, bien qu’enfouie derrière elle, laissait des traces profondes et continuait d’exercer sur sa vie une influence redoutable. Elle se mettait des barrières, la peur de se laisser aller, de perdre le contrôle, car cela était contre sa vertu et ses principes… Mais tout cela n’avait aucune importance. Elle l’aimait de tout son cœur, prête à se sacrifier pour lui. Vivre sans François lui était insupportable, jamais elle ne pourrait se le pardonner s’il était jugé aux assises alors qu’il existait une solution pour l’innocenter. Alors que tout son univers s’était écroulé lorsqu’il avait été arrêté, elle connaissait maintenant l’effroyable vérité, l’incroyable et inattendue vérité, celle qui redonne avant tout espoir pour l’avenir. Alors que la femme blonde prenait ses mesures et notait tout sur un carnet, Estelle se souvenait de ce jour effroyable, lundi dernier, quand son mari avait été interpellé par trois policiers en civil, menotté comme un vulgaire gangster et amené sans ménagement dans une voiture banalisée. Pourtant, tout avait commencé comme une journée ordinaire… François, ingénieur en informatique, avait partagé son petit déjeuner avec sa femme et son fils. Comme tous les matins, c’était à lui de conduire ce dernier à l’école. Estelle, en retard, avait embrassé sa petite famille en coup de vent avant de monter dans sa voiture, pestant aussitôt lorsqu’elle s’était retrouvée bloquée derrière un tracteur qui bloquait le chemin. Alors qu’elle se traînait sur la route, ses pensées se concentraient sur son mari, si distant et nerveux ces derniers jours… Sa tension était si palpable qu’elle en était mal à l’aise, dans l’incapacité de le faire parler alors qu’ils avaient toujours privilégié la communication dans leur couple. Profondément inquiète, Estelle avait été incapable, ce matin-là, de se concentrer sur son travail et de maintenir la discipline dans une classe particulièrement agitée. Et, au retour, cela avait été le début du cauchemar. Les policiers qui sortaient brusquement de leur maison, traînant de force François alors que leur fils s’accrochait à ses jambes, pleurant et criant, cherchant à retenir son papa qu’on lui enlevait. Puis la course incessante entre la gendarmerie et le cabinet d’avocat, entre le Palais de Justice pour les autorisations de visite à la Maison d’Arrêt… Une longue et éprouvante bataille auprès des autorités judiciaires et politiques pour découvrir la vérité. L’horreur, l’incompréhension, le désespoir, sa vie qui s’écroulait alors que les preuves s’accumulaient pour traîner son mari devant les Assises, coupable d’assassinat, le meurtre d’un diplomate dont elle n’avait jamais entendu parler… Les nuits blanches, son arrêt maladie, le début d’une dépression, une spirale infernale dans laquelle elle sombrait à une vitesse vertigineuse. Et, enfin, au bout du tunnel, une lueur d’espoir. La visite de deux hommes en costume sombre qui lui avait balancé une bombe en plein visage : François était un agent du gouvernement français ! A l’insu de ses proches, faisant croire à tout le monde qu’il était un paisible informaticien, François multipliait des missions dangereuses de contre-espionnage. En mission pour démanteler un réseau clandestin de trafic d’armes en Afrique du Nord, François menait une enquête délicate au sein du gouvernement français impliqué dans cette sale affaire. Infiltré auprès de hauts fonctionnaires de l’état, son enquête l’avait lancé sur les traces d’un membre influent de l’aristocratie française, proche des plus hauts politiciens au pouvoir : Agathe de La Salle. Apparemment trop proche de la vérité, au moment même où il comptait récupérer une clef USB contenant tous les secrets de cette vaste opération illicite, ses ennemis l’avaient piégés en s’arrangeant pour l’accuser d’un meurtre dont il était totalement innocent. La DGSE se retrouvait pieds et mains liés, impuissante à faire éclater la vérité, par peur du scandale et des représailles. La seule solution consistait à reprendre la mission de François et récupérer cette maudite clef USB, ce qui permettrait alors de confondre les politiciens corrompus et d’innocenter par la même occasion son mari. Estelle n’avait pas alors hésité, s’accrochant à la perche que les hommes du gouvernement lui avait tendue : démanteler la filière et confondre Agathe de la Salle. Et voilà comment Estelle, femme rangée et sans histoire, épouse comblée et mère de famille, se retrouvait plongée au cœur d’un gigantesque complot international, recrutée par la DGSE pour une mission à haut risque.

Mais avant de devenir un membre opérationnel, elle devait s’instruire au sein même d’un lieu secret d’entraînement de la DGSE… Un entraînement accéléré car le temps était compté… D’urgence, elle avait juste eu le temps de confier son fils à ses beaux-parents, prétextant un rendez-vous secret avec des membres influents du gouvernement qui pourraient lui apporter des conseils avisés.

Ses pensées revinrent au présent. La femme blonde continuait toujours de prendre ses mensurations, ne cessant de parler, comme quoi les apparences étaient primordiales, le bon goût et la sophistication nécessaires pour les besoins de sa mission. Elle parlait comme si elle était un médecin, avec des yeux sans expression, des yeux faits pour enregistrer, analyser avec un détachement clinique. Du moins, au début… Au fur et à mesure qu’elle se dévoilait dans son plus simple appareil, ce regard qui la parcourait lentement, comme l’objectif d’une caméra, la prenant toute entière dans son champs, semblait furtivement voilé d’un trouble indéfinissable. Lorsqu’elle la fixait ainsi, Estelle faisait un terrible effort pour soutenir ce regard sans broncher. Cette femme était réellement bizarre. Elle s’appelait Christelle Laloy, agent de formation au sein de la DGSE. Sa spécialité était l’art de la séduction, du paraître, comment sublimer la féminité pour mieux tromper son monde. Elle connaissait parfaitement son métier. Elle aimait les femmes, leur beauté, et savait mettre en avant tous les signes distinctifs de leur sensualité. Pour donner l’exemple, elle s’absenta un court moment pour se changer, mettant en pratique cette vision lascive de la mode en portant elle-même une tenue osée et sexy, une robe légère qui la moulait comme une seconde peau, avec un décolleté aussi profond devant que dans le dos. Svelte, aux formes sensuelles, dégageant une aura sulfureuse malgré sa froide apparence, Christelle était à ne pas en douter une très belle femme qui savait se mettre en valeur. Ce qu’elle comptait bien apprendre à son élève… Ainsi, au début, elle lui fit essayer toutes sortes de vêtements, les plus sexy et les plus audacieux. Mini-jupe, robe longue de soirée, pantalon en cuir, rien ne lui était épargné, à partir du moment que cela transcendait la féminité.

A chaque essayage, Estelle se sentait horriblement mal à l’aise en s’observant dans la glace. Christelle tentait de la motiver, lui redonnant confiance dans son pouvoir de séduction. Elle ne comprenait pas sa timidité et sa maladresse, malgré elle époustouflée devant sa beauté. Estelle était admirablement proportionnée, svelte et élancée. De longs cheveux blonds et soyeux, de grands yeux verts, une peau de nacre.. Plus grande, elle aurait pu faire carrière comme top-modèle sans aucun souci. Christelle le lui dit tout de suite et Estelle rougit de plaisir. Mais, sans se départir de sa réserve prudente, elle restait toujours sur ses gardes. Elle n’avait pas confiance en cette femme. Dans le centre de formation, ses mœurs étaient bien connues : Christelle préférait les femmes et ne s’en cachait pas. Peu importe… Après tout, cette femme faisait ce qu’elle voulait en dehors du boulot. Elle était ici en tant que professionnelle, pour lui enseigner des méthodes efficaces qui serviraient plus tard ses desseins. Aiguillonnée par cette certitude, Estelle baissa un moment sa garde, osant une attitude à la fois provocante et farouche. C’est comme si elle était métamorphosée… D’un coup, elle pétillait d’un naturel désarmant, elle semblait se libérer totalement, une véritable tornade de fraîcheur et de spontanéité, dont le charme opérait divinement. Mais son audace fut de courte durée. De nouveau, devant une robe trop moulante qui dévoilait outrageusement ses seins, elle osait à peine lever les yeux sur son reflet. Christelle devinait là les conséquences d’une éducation puritaine, ce que confirmait le dossier qu’elle avait auparavant épluché avec minutie. Elle avait du boulot en perspective… Maintenant, le plus difficile restait à faire : lui faire essayer des sous-vêtements affriolants. Évidemment, à sa question, Estelle lui avoua ne jamais mettre des strings. Christelle prit un air désapprobateur et faussement maternel.

- Là, la situation est grave. Il faut vraiment que je te prenne en main, il y’ a toute une éducation à refaire ! Allez, au boulot !

Elle lui présenta toute une série de sous-vêtements, de la marchandise de qualité, des dessous chics pour femmes au top de la séduction, des femmes qui n’ont pas froid aux yeux pour revendiquer leur féminité. Elle lui choisit un modèle, se détourna un moment alors qu’Estelle l’essayait nerveusement. Quand elle se retourna, Christelle en eut le souffle coupé, comme si on lui avait balancé un magistral coup de poing en plein ventre. Estelle était littéralement craquante en body-string couleur mauve, au soutien-gorge triangle, et porte-jarretelles en stretch plus foncé.

Mais cela passa en second plan. Dans un autre ensemble rose fuchsia, elle réussit à combattre sa timidité, pivotant sur elle-même en faisant voleter ses cheveux.

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Puis, simplement vêtue d’un string rose plus pâle, les seins nus, s’efforçant de sourire, elle joua l’insolence et l’espièglerie d’un air faussement décontracté.

Christelle la mangeait des yeux, dans l’incapacité d’en détourner le regard. Estelle était splendide. Ses seins étaient petits, mais arrogants. Ses fesses étaient aussi agressives, bombées et fermes, son ventre plat, ses jambes fuselées à la perfection, le tout avec cette peau dorée, éclatante de santé et de vitalité, qui transcendait avec délicatesse chaque forme affriolante. Ce fût d’une d’une voix faible et extasiée qu’elle murmura :

- Femme- enfant, mi- ange mi- démon, si innocente et perverse à la fois…

En effet, Estelle devenait une troublante lolita, ingénue et voluptueuse. Comme encouragée par sa contemplation, elle s’enhardit dans une autre lingerie, les mains sur les hanches, prenant des poses lascives, et s’amusant à se faire violence dans la provocation et l’effronterie.

Christelle était sur des charbons ardents, prête au viol tandis que cette blonde sublime l’aguichait involontairement. Elle était sous le charme, réalisant avec trouble que cette jeune femme dégageait quelque chose d’inhabituel. Divinement sexy dans d’autres sous-vêtements, elle était à la fois farouche et insolente, vulnérable avec son regard un peu vacillant, cette expression presque apeurée que démentait une lueur enflammée…

On avait envie de la protéger, de la réconforter, et surtout de la consoler dans des câlins qui étaient tout sauf innocents… Elle était auréolée d’une sorte de détresse et de pureté qui inspirait des sentiments bien troublants. L’envie de la corrompre, la pervertir… C’était extrêmement fort et dérangeant. En y songeant, Christelle avait de plus en plus chaud, et c’est à grand effort de volonté qu’elle réussit à se détacher de sa contemplation.

-  Très bien, vous pouvez vous rhabiller maintenant…

Soulagée, Estelle allait récupérer ses vêtements lorsque la voix de Christelle claqua comme un fouet.

-  Non, pas ces haillons dans lesquels vous êtes venus. C’est ceci que vous devez mettre.

Saisie d’une terreur nouvelle, elle s’exécuta. Elle ne comprenait pas l’utilité de rester en shorty et un corset aussi indécent. C’est à peine si elle entendit la voix de Christelle :

-  Bien, maintenant, parlons de votre mission. De ta mission, si cela ne te dérange pas si je te tutoie. Au lit, t’es comment avec les hommes ?

La question prit Estelle par surprise.

Elle n’en crût pas ses oreilles. Elle se sentait défaillir, rougissante jusqu’à la racine des cheveux. Elle s’appuya au rebord d’une armoire et balbutia d’une voix éteinte :

 -  Je… Je ne comprends pas ce que vient… vient faire cette question dans…

Christelle la coupa sèchement.

-  Mes questions ne sont pas anodines… Tu comprendras plus tard. Alors réponds. Tu es plutôt du genre délurée, extravertie, ou pudique et réservée ?

 -  Je ne sais pas moi… Je crois que je suis normale… Enfin, je…

-  Bon, on ne va pas y passer la nuit. Si tu es une bombe sexuelle au lit, c’est un atout supplémentaire. Par contre, dans le cas contraire, on lancera le programme avec prudence, en douceur, sans te brusquer…

-  Ah ? Je suis alors plutôt dans la seconde catégorie…
-  Timide et réservée, je m’en doutais… Ta pudeur saute aux yeux comme le nez au milieu du visage. Bon, en général, tu as combien d’orgasmes ?
-  Je… Deux, dans le meilleur des cas…
-  Bien. T’es clitoridienne ou vaginale ?
-  Les… les deux, répondit-elle en baissant les yeux.
-  Wahoo ! J’adore ça ! Encore plus de possibilités pour plus de plaisir… C’est excellent ! Malgré ta timidité, j’ai senti un feu secret qui brûle en toi.
-  Si vous le dites.

Estelle recula d’un pas alors que la femme blonde s’avançait vers elle. Les questions étaient tout à fait révoltantes. Elle rassembla son courage et, prenant une attitude défensive, demanda :

-  Vous êtes vraiment obligée de me poser toutes ces questions ? C’est très intime.

Le regard implacable de l’agent instructeur plongeait dans les yeux verts égarés, imposant leur volonté.

-  Contente-toi de répondre. Clitoridienne et vaginale… Voilà qui laisse rêveur… Et tu te satisfais seulement de deux orgasmes ? Mais je suis étonnée ! Les filles comme toi ont d’habitude beaucoup plus d’orgasmes ! A mon avis, c’est ton mari qui ne sait pas exploiter tout ton potentiel érotique !

-  C’est faux ! François est un amant extraordinaire ! Je suis une femme comblée !
-  Bien, si tu le dis… Il te prend pas derrière ?
-  Bien sûr que…oui. ! Enfin, non. C’est faux, ça il le fait pas… Et c’est parce que je ne le veux pas non plus !
-  Bien sûr. Et il lui arrive d’utiliser des gadgets ?
-  Des gadgets ?

Excédée, Christelle se cabra et sa voix devint cinglante :

-  Oui, ne fais pas l’idiote. Des sex-toys quoi !

-  Quelle horreur ! Pour quoi faire ?
-  Tu ne peux pas imaginer le nombre de femmes qui adorent ça, qu’elles soient hétéros ou homos d’ailleurs…
-  Je… non, jamais je n’ai utilisé ce genre… ce genre de trucs.
-  Tu lui fais des fellations au moins ?
-  Oui, ça je le fais !
-  Tu rougis. Regarde-moi dans les yeux.
-  C’est vrai… Juré craché ! Mais pas très souvent…

Estelle enfouit son visage dans ses mains et fondit en larmes. Impitoyable, Christelle commenta :

-  Et uniquement pour lui faire plaisir j’imagine. Sinon tu t’en passerais bien…

Estelle avoua en sanglotant :

-  Oui, c’est vrai, je n’aime pas trop ça…
-  Tu as connu combien d’hommes avant lui ?
-  Deux. Et je n’ai couché qu’avec un seul avant de connaître François. Lui et moi étions très jeunes lorsqu’on s’est rencontré. C’est l’homme de ma vie.
-  Génial ! Voilà qui fait rêver. Bref, tu n’as aucun expérience, ce qui veut dire qu’il y’ a du boulot en perspective…
-  Mais on peut avoir beaucoup d’expériences avec un seul partenaire !
-  C’est cela… Toujours le même homme dans son lit, le même sexe, la même peau, les mêmes baisers, les mêmes caresses… Arrête, je suis au bord de la déprime là… Surtout s’il ne fait qu’un dixième de ce qui est possible entre un homme et une femme ! Tu parles d’expérience ! Sur le chiffre soixante neuf, le pauvre n’a pas dépassé la dizaine.
-  Ce… ce qui compte, c’est l’amour, l’osmose !
-  Le retour de Blanche Neige ! ironisa Christelle d’une voix sifflante. Enfin, ta naïveté fait tout ton charme, c’est déjà ça…

Elle n’alla pas plus loin dans la cruauté. Elle sentait qu’elle devenait trop brutale et que la jeune femme ne se remettrait pas de ses émotions.

-  Cessons de parler des hommes pour l’instant. Ils sont ignorants dans bien des domaines et sont indignes d’intérêt…

Elle avança vers elle d’un air protecteur, saisissant au passage un paquet de kleenex qu’elle lui tendit. Estelle en saisit un d’une main tremblante et s’essuya les larmes. Maintenant, Christelle lui parlait d’une voix douce et onctueuse.

-  Nous sommes entre femmes, alors parlons justement des femmes… A ce sujet, une dernière petite question embarrassante : justement, as-tu déjà couché avec une autre femme ?

Les yeux d’Estelle s’écarquillèrent de surprise. Blême, elle en bafouilla :

-  Non, non… Bien sûr que non. Jamais de la vie !
-  Et un simple flirt avec une fille ?

Estelle cacha de nouveau son visage entre les mains. D’une voix étouffée, elle murmura, derrière cet écran protecteur :

-  Bien sûr que non… C’est contre-nature ! Mais pourquoi cette question ?
-  J’y viens, j’y viens… Si cela devait arriver, par obligation, pour un besoin de survie, ou pour la patrie, serais-tu prête à envisager une telle relation ? Pourrais-tu jouer la comédie ou faire semblant d’aimer le sexe entre femmes ?
-  Je ne sais pas… Je ne me suis jamais posée la question…

Sa voix s’étrangla dans sa gorge. Que pouvait-elle dire de plus ?

-  Et si c’était pour sauver ton mari ? Si une telle relation était indispensable pour la réussite de ta mission, pour innocenter l’homme de ta vie, hésiterais-tu toujours à le faire ?

Estelle secouait la tête d’un air indécis. Elle s’efforçait de réfléchir, de se rendre utile, mais elle ne pouvait imaginer une telle situation. Coucher avec une autre femme ? Elle avait si peu d’expérience avec les hommes, si peu d’audace, que l’idée de faire ça avec une fille était complètement aberrant et illogique… Mais si la survie de son mari en dépendait… Elle releva la tête et affronta le regard de Christelle.

-  Je pourrai essayer, oui… Je suis prête à tout pour sauver mon mari. Même faire semblant…
-  A la bonne heure. Voilà justement où je voulais en venir… On t’a déjà parler de Mlle Agathe de La Salle, propriétaire de la banque la plus puissante de France. Et son implication dans l’affaire qui nous intéresse… Cette précieuse clef USB en sa possession… Et c’est justement là que tu interviens, ma jolie…

A la fois horrifiée et fascinée, Estelle observait le visage attentif qui l’examinait avec des yeux pétillants de malice. Les lèvres pulpeuses et humides s’entrouvrirent, d’une manière presque obscène. Estelle avait peur de comprendre et, résignée, écoutait la suite.

-  C’est une mission qui sort de l’ordinaire, un jeu de séduction plutôt particulier… Il s’agit de tomber amoureuse. D’une femme. Du moins simuler et s’immiscer dans sa vie intime. Voilà, c’est tout.

Même si elle s’y attendait, Estelle en resta sans voix. La bouche de Christelle arbora une moue sensuelle et ravie. Elle jubilait :

-  Et, le plus important, c'est que tu sois suffisamment bonne comédienne pour te monter indispensable. Unique. Pour qu’elle tombe amoureuse. Folle amoureuse… Suffisamment pour t’ouvrir ses bras, son lit, sa maison, et que tu puisses t’approcher au maximum de tous ses petits secrets et de la fameuse clef USB.
-  Je… Je ne savais pas que cette femme était lesbienne…
-  Peu le savent… Mais nous avons un dossier complet sur elle que je te transmettrai plus tard et que tu devras étudier avec la plus grande attention. Tiens, jettes-y vite un coup d’œil si tu veux.
D'un geste négligent, elle lui jeta quelques photos devant elle. Estelle, à contre cœur, baissa les yeux, parcourant d'un regard abasourdi les quelques clichés de la femme en question, Agathe.
Des photos de charme où Agathe apparaissait dans toute son impudeur, sauvage, incandescente, voluptueuse et impressionnante, décomplexée et survoltée. Tout son contraire. La dernière photo lui fait naître une boule au ventre et, comme fascinée, elle s'y attarda malgré elle.
Où Agathe et une plantureuse blonde roulait l'une sur l'autre avec des déhanchements furieux, se frottant les seins et le sexe à s'y brûler la peau.
Avant de pousser les photos comme s'ils allaient la mordre. Amusée, Christelle continua :
-  Déjà, je vais te préparer une élégante garde-robe qui sera un premier atout pour la séduire. Puis tu y rencontreras cette femme. Si tu lui plais, c’est elle qui viendra à toi. C’est une séductrice redoutable, pour ne pas dire une prédatrice de premier ordre. Les femmes qui ont succombé à ses avances sont tombés sous son emprise, transies d’amour, pâmées et follement accroc… Pourquoi ? Personne ne le sait. On peut imaginer que cette femme est une excellente amante, à la science infinie, experte dans l’art de l’amour lesbien. Peu importe… Tout ce que tu dois faire, c’est te laisser prendre dans ses filets. Et être suffisamment douée pour t’attirer des faveurs bien au-delà de ses espérances, la surprendre et la surpasser dans des limites qu'elle n’a pas l’habitude de connaître…

Estelle leva sur elle un regard abasourdi.

-  Attendez, je peux faire semblant, ce qui est déjà beaucoup… Mais de là à adorer ce genre de trucs entre filles et paraître une lesbienne volcanique, c’est pousser le bouchon un peu trop loin…
-  C’est pour cela que je suis ici. Pour compléter ta formation, te préparer soigneusement à cette opération. Je vais t’initier à certains usages raffinés et particuliers, l’art de séduire et envoûter sexuellement une autre femme, tout ce qu’elles attendent de ce genre de relations…

Avec la souplesse d’une chatte langoureuse, elle se rapprochait en même temps.

Estelle avait du mal à analyser ce qu’elle venait d’entendre, comme si son cerveau le refusait. Paralysée, elle restait plantée là, indécise, en proie à un égarement presque pathétique. Christelle se colla à elle, lui communiquait son désir.

Son hésitation l’exaltait, cela était cent fois plus excitant qu’une femme qui cédait trop facilement.

- Laisse-toi faire, lui dit-elle.

Estelle restait debout. Christelle l’observait en silence, fascinée.

Bon sang, comme cette jeune femme était craquante ! Ses grands yeux verts étaient en parfaite harmonie avec le doux ovale de son visage, ses traits étaient sensuels, pimentés par une bouche chaude et généreuse. Ses cheveux blonds comme le blé rebondissaient sur ses épaules, luisants, comme animés d’une vie propre, avec la même vitalité qui semblait émaner de tous les atomes de son corps. Ainsi vêtue de lingerie sexy, elle alliait grâce enfantine et insolence. Le corset prés du corps mettait admirablement en valeur sa taille souple et évasée mais, surtout, Christelle avait la bouche sèche en contemplant la longueur interminable des jambes fuselées.

Estelle se révolta faiblement :

- Attendez, il y’ a peut être d’autres moyens…

Christelle, la gorge sèche, la fixait intensément avec un sourire énigmatique.

-  Non, aucune échappatoire n’est possible. Prends cela pour un test indispensable. Tu dois être prête pour cette mission…

Elle continuait de la défier du regard en s’approchant. Elle ne souriait plus. Estelle semblait hypnotisée, tremblante de la tête aux pieds. Enfin, elle se ressaisit, recula d’un pas, bredouilla :

-  Tout cela est-il vraiment nécessaire ? Je peux jouer et user de mes charmes sans… sans être obligée d’aller jusqu’au bout… Le moment venu, faire preuve d’initiative et de ruse pour la tromper et… et…

L’émotion lui coupa la parole. Christelle resta tout prés d’elle, sans la toucher. Ses lèvres s’étaient entrouvertes, mais elle ne l’embrassa pas tout de suite, savourant pleinement cet instant. Elle lui susurra au creux de l’oreille :

-  Ne sois pas naïve… Agathe a cinquante ans, c’est une femme accomplie à la sexualité débridée. Une vraie croqueuse de femmes, avec l’instinct du prédateur, et elle va détecter ta peur et tes mensonges si tu n’es pas préparée à cette mission. La moindre erreur et elle va se méfier. C’est cela que tu veux ? Tout faire rater par simple pudeur déplacée ? Laisser pourrir ton mari en prison parce que tu préfères te cloîtrer dans ta dignité et ta vertu ?

Estelle ferma les yeux deux à trois secondes, comme pour digérer l’information et les conséquences de sa rébellion. Christelle en profita pour l’effleurer davantage. Estelle recula encore mais elle se retrouva coincée dans un angle, contre un buffet.

Elle ne bougeait plus, pétrifiée, interdite. Doucement, Christelle l’enlaça, lui clouant les bras aux cotés, la tenant à sa merci. Sa voix était suave lorsqu’elle lui souffla prés de l’oreille

- Tu es tellement désirable… C’est là toute ta force. Tu es très jeune, très naïve, et terriblement séduisante… Agathe va tomber sous ton charme et va vouloir faire de toi tout ce que je vais t’apprendre… L’entraînement commence, ma douce…

Christelle maintenait sa prise en l’attirant à elle.

- Alors je vais te bousculer un peu, et tu vas me résister un peu aussi. Car Agathe s'attachera à toi si tu lui résistes, si tu joues avec ses nerfs, ne sois pas une proie trop facile...

Un instant, elle l'emprisonna contre elle, la plaquant contre le mur, mais Estelle se redressa d'une souple détente pour ne pas se retrouver coincée et, du coup, se retrouva tout contre le corps vibrant de Christelle .

-     Splendide ! admira cette dernière sans cesser d'emprisonner la taille de son élevè. Hmm... Une souplesse pareille me laisse rêveuse...

Puis elle bondit sur elle, cherchant à lui bloquer le bras pour la paralyser d’une clef. Estelle esquiva de justesse en s'écriant d'une voix blanche.

- Stop, c'est pas drôle !

Affolée, elle tenta de fuir, courant comme un animal perdu le long d'un couloir inconnu, dans une maison qui lui était étrangère.

- Cours, cours, jolie biche effarouchée, continue de me fuir, j'adore ça ! la poursuivit la voix railleuse de Christelle.

Une porte ouverte à l'aveuglette, dans la précipitation et la panique, et Estelle se retrouva dans une chambre. Affolée, elle voulut faire demi-tour mais se heurta à Christelle qui la ceintura et souffla d'une voix chaude.

- Excellent, déjà dans la chambre toutes les deux, pour continuer des ébats beaucoup plus intimes, voilà un signe du destin qui promet une belle confrontation !

Sa voix vibrait d’une telle ferveur que Estelle, décontenancée, relâcha un moment son attention. Christelle en profita pour bondir en avant, la poussant sur le lit. Agrippées l'une à l'autre, elles tombèrent en même temps.

 

C’est sur un matelas mis à rude épreuve que les deux femmes cherchèrent à s’immobiliser de prises complexes, un ballet de gestes désordonnés et de feintes pour prendre le dessus. Elles finirent par rouler l’une sur l’autre, entremêlant leurs membres dans un corps à corps intime.

Christelle, l’enlaçant étroitement, coulait ses mains sous le vêtement à moitié arraché et les fit glisser jusqu'aux épaules. Sournoisement, elle s'arrangeait pour frôler doucement avec ses avant-bras l'extrémité de chaque sein. Un simple contact qui électrisait Estelle d'une douce chaleur. Leur combat prit une tournure intime qui allait crescendo. 

Paniquée, Estelle tentait de se dégager, mais avec moins de virulence, gagnée par une faiblesse insidieuse. Et, à ce petit jeu, la force de Christelle prédominait. Elle nouait ses cuisses vigoureuses autour de la taille élancée de son adversaire, lui maintenait les bras, se mit à la serrer de plus en plus fort dans un étau implacable. Estelle, le souffle coupé, s’agitait de vaines ruades puis, à bout de force, finit par abandonner le combat.

-  C’est bien, vous avez remporté la victoire ! lâcha-t-elle en haletant. J'ai résisté et j'ai perdu.

Christelle était étendue sur elle à califourchon, entre ses jambes, lui tenant solidement les bras qu’elle lui écarta davantage, la plaquant ainsi en croix. La tenant totalement à sa merci.

-  Tu t’es très bien battue, bravo ! Un adversaire de taille, enfin… Maintenant, tu dois lutter contre le désir qui va monter en toi, le repousser tout en faisant comprendre que tu vas finir par abandonner et te laisser submerger par des extases trop vives et intenses. Tout doucement, peu à peu... Agathe va adorer cet abandon progressif...

Elle avait du mal à parler, reprenant son souffle. Toutes deux respiraient difficilement, oppressées par l’effort de leur combat, récupérant leurs esprits et leur force. Écartelée sur le dos, Estelle laissait offerte sa poitrine haletante, sa gorge palpitante. Et, toujours à califourchon sur elle, Christelle l'enchaînait de son corps à la fois souple et harmonieux, ruisselante de transpiration. La sueur faisait luire sa peau blanche, des gouttes qui perlaient sur son visage et s’arrêtaient à la commissure des lèvres charnues. Tout son corps frémissait d’une beauté animale, vibrait, collée à son adversaire, lui communicant son énergie et sa vitalité. Avec ses seins lourds et épais qui penchaient en avant, comme des fruits murs prêts à être cueillis, pesant sur le corps de Estelle. Celle-ci respirait à fond le parfum enivrant, chaud et capiteux, qui suintait de ce corps féminin, impudiquement serré contre elle. Malgré elle, cela la laissait toute chose.

Elle gémit. Christelle dardait une langue pointue entre ses dents, la passant lentement sur la bouche avant de l’embrasser avec application.

Elle enroula aussitôt la langue autour de la sienne, exigeant une réponse, mais Estelle se laissa faire, sans y répondre, essayant de lutter contre la panique. Elle finit par tourner la tête avec un petit soupir rebelle.

En même temps, elle réussit à dégager ses mains, les croisant sur sa gorge nue, dans un ultime geste de défense.

Christelle ne se laissa pas décourager. Elle repartit à l’attaque, frottant sa bouche sur les lèvres pleines et fraîches, se laissant griser par ce délicieux contact. Elle baissa la tête, lui embrassant goulûment la gorge, les épaules,

avant de revenir vers la bouche. Comprenant que la jeune femme n’était pas encore prête à se soumettre, elle se déchaina sur elle, alternant douceur et ardeur, volupté et fougue. Estelle réagit avec un mélange d'effroi et d'excitation, le corps parcouru de frissons. Ses poings se serrèrent d’un bloc lorsqu’une main se posa à plat sur son sexe, par dessus le shorty.

 Elle émit un hoquet d’angoisse, cherchant à se redresser. Mais Christelle lui ordonna alors d’une voix sans appel :

-  Embrasse-moi si tu ne veux pas que ma main se glisse plus loin !

La menace fit son effet. Estelle émit un petit sanglot nerveux et, brusquement, tendit ses lèvres.

Elle ne se déroba plus lorsque Christelle prit possession de sa bouche. Sa langue était douce, agile et insistante, sa bouche souple et fruitée. Estelle en fût surprise, persuadée de ressentir du dégoût devant un tel contact. L’effet était électrisant, et elle se laissa enivrée par ce goût parfumé, faisant durer malgré elle le plaisir. Après tout, c’était loin d’être désagréable, un baiser innocent qui n’irait sans doute pas plus loin.. Si elle se montrait docile, sans doute la leçon se terminerait-elle plus tôt que prévu, et c’est sur cet espoir qu’elle décida d’y participer timidement. Leurs langues s’entremêlèrent donc dans un baiser d’abord indécis, sage, que Christelle se dépêcha d’activer sur un chemin plus brûlant, plus ardent, l’affolant de circonvolutions exquises qui firent monter leur désir de plusieurs degrés.

 Estelle s’y laissa emporter, s’accrochant à elle comme une noyée. Christelle profita de son consentement pour avancer ses mains vers son décolleté, effleurant sa peau nue juste au-dessus. Estelle poussa un petit cri désespéré lorsque son maigre habit, tiré vers le bas, dévoila le bout de ses seins qui, brusquement vulnérables, se tendaient en pointes érigées. Pour étouffer ses plaintes, Christelle lui glissa une langue vorace dans la bouche.

Leur baiser reprit, plus brûlant, plus audacieux, au rythme endiablé que Christelle lui imposait avec toute la science dont elle était capable. Estelle se tendit en arc de cercle, se tortillant comme un vers, lorsque la bouche féminine venait de descendre, glissant sur son menton, embrassant sa gorge tendrement, tandis qu’une main se refermait sur son sein, le caressait sournoisement. Elle laissa échapper une sourde plainte, se crispant brusquement. De ses deux mains, Christelle caressait maintenant la superbe poitrine, passant lascivement ses doigts sur les bouts qui se dressaient instinctivement sous la caresse. Les assauts étaient si rapides, si sournois et raffinés, que Estelle n’arrivait pas à les contrer, prise de court à chaque attaque. Elle poussa un cri de surprise lorsque la bouche se mêla au jeu, sursautant de plaisir, ouvrant grands les yeux avec consternation alors que des ondes de chaleur la submergeaient délicieusement. Les forces semblaient l’abandonner…

Tandis qu’elle lui picorait le bout des seins, Christelle ne cessait d’observer ce splendide corps qui, lisse et velouté, avait des reflets dorés, à la fois beau et émouvant, comme une offrande.

Elle sentait la jeune femme troublée d’une curiosité nouvelle, partagée entre l’envie fougueuse de se laisser faire et celle de lui résister. Le corps à moitié nu était secoué de frissons, la chair était hérissée, comme torturée d’une exaspération charnelle qui la faisait chavirer du coté de la tentation. Christelle l’épiait à travers ses longs cils, elle était aux aguets, brûlante de la même fièvre, dans l’attente d’un signe ou d’une faiblesse pour lui porter le coup de grâce. Elle ignorait si la jeune femme jouait la comédie, cherchant à réussir son examen de passage, mais son instinct la trompait rarement, des signes qui laissaient supposer une défaite rapide : son expression hébétée et avide, sa respiration de plus en plus forte, ses yeux trahissant l’égarement d’un désir primitif. Non, elle en était certaine, la jeune femme était une proie qu’elle avait presque vaincue. Lorsqu'elle lui glissa le shorty le long de ses jambes, Estelle resserra les cuisses dans un ultime réflexe de défense, protestant d'un sourde plainte. Christelle tenta de la rassurer d'une voix mielleuse.

- Chut... Pense à ton mari. Et tout ceci n'est qu'un simple exercice, n'aie pas peur...

A moitié convaincue, Estelle se laissa toutefois tromper, levant la taille pour que sa partenaire puisse finir de lui enlever le bas.

Totalement nue et vulnérable, ses tremblements redoublèrent d'intensité.  Christelle força la chance à se redresser, nouant ses bras autour du cou de Estelle pour l’emporter avec elle. Puis, vivement, elle entreprit de laisser dépasser ses seins du soutien-gorge. Estelle se sentit bouleversée en voyant bondir vers son visage les deux melons libérés de leur entrave. Cette femme avait des seins réellement superbes : haut placés, d’un galbe et d’une rondeur parfaits, tout gonflés de désir. Les globes se terminaient par de larges aréoles légèrement proéminentes, ce qui leur donnait l’aspect de fruits mûrs. Émerveillée, Estelle ne savait plus comment réagir, ses yeux éperdus parcouraient tout son buste, scrutant ses formes splendides, plongeant dans la vallée profonde qui séparait ses deux melons épanouis qui, tels deux obus, semblaient la viser, finissant de la troubler. A faire semblant de se montrer consentante, elle réalisait avec effroi qu’elle prenait un chemin dangereux qui risquait de se retourner contre elle. A son corps défendant, tout ce qui se passait avec cette femme était divinement agréable, et seule sa volonté lui permettait de garder encore la tête froide. Mais pour combien de temps encore ? Si cela allait trop loin, elle devrait y mettre un terme. Pour l’instant, mue par une soudaine impulsion, elle s’empara d’un sein, parce qu’elle se doutait que c’était la seule chose à faire, ce qu’attendait d’elle l’agent instructeur.

Ainsi, elle entreprit de malaxer le sein avec vigueur tandis que sa bouche se mettait à téter le mamelon fièrement dressé de l’autre globe.

Christelle gémissait de plaisir, l’encourageait à continuer.

-  Oh ! Oui, continue, fit-elle, exaltée.

Estelle lui obéit. Elle ne savait plus trop si c’était par soumission ou une réelle envie, mais elle se mit à lécher les globes frémissants à grands coups de langue. Ses seins gonflaient littéralement tant ils étaient tendus vers ses caresses, tant ils aspiraient à être triturés, malaxés, pétris.

Estelle, en réalisant brusquement qu’elle y prenait goût, se figea, freinée par un sursaut de conscience. Pour l’emporter de nouveau vers les affres du désir, Christelle lui saisit le visage entre ses deux mains, l’embrassant aussitôt avec fougue.

Estelle y répondit, mais avec moins d’ardeur. Ses états d’âme reprenaient le dessus. Furieuse, Christelle l'affola de spirales effrénées de la langue, variant les jeux buccaux avec un tel art divin que Estelle se laissa prendre encore au jeu, aussi dangereux fût-il.

Vite, avant qu'elle ne reprenne ses esprits, Christelle la bascula sur le dos, la chevaucha, frottant son entre-cuisse d’un long mouvement du bassin sur les longues jambes parfaitement galbées dont elle pouvait, sous elle, apprécier la finesse des lignes et les muscles divinement dessinés sous la peau douce et soyeuse. Un contact qui l’excitait incroyablement alors qu’elle continuait de s’y appuyer, se déhanchant dans un mouvement obscène.

Trop abasourdie pour réagir, Estelle la laissa faire, réfléchissant encore sur le comportement à adopter. Elle se fit toute molle, ne comprenant pas où se situait le plaisir à se frotter ainsi l’une contre l’autre… Cette accalmie lui permettait de reprendre ses esprits, de réfréner ces sensations étranges qui l’avaient un moment déroutée. Elle sentait le poids des seins contre sa poitrine, la peau blanche vibrer et onduler souplement tout contre elle, et, alors qu’elle ne s’y attendait pas, une douce et insidieuse chaleur commença à l’envahir, lui donnant la chair de poule, le feu aux joues, la respiration courte…

Voilà que cela la reprenait… C’était incompréhensible ! C’était horrible, mais ce contact était délicieusement aphrodisiaque ! De cette chair frémissante et satinée montait des effluves frais et sensuels, une odeur terriblement enivrante qu’elle aspirait à pleins poumons. C’était comme une bouleversante alchimie qui s’emparait de tout son corps, de toute son âme, affolant ses sens d’une exquise brûlure. Estelle prit peur et la repoussa légèrement pour la regarder avec inquiétude et curiosité . Mais Christelle, ignorant son regard suppliant, était trop occupée à onduler sur elle de souples mouvements du bassin, comme cherchant à s’incruster dans elle, à ne faire qu’une… Pas de toute, cela dépassait de loin la relation de prof à élève ! L’agent Christelle se laissait dépasser par ses émotions, et s’excitait réellement de la situation… Après tout, à quoi aurait-elle dû s’attendre en connaissant d’avance les mœurs de cette femme ? Son cœur noble se laissait toujours guider par de purs sentiments, elle ne voyait jamais le mal, et sa stupide naïveté venait de la plonger dans un sacré pétrin ! Brusquement, elle eut du mal à se concentrer sur ses pensées… Le contact de plus en plus étroit et fougueux de cette femme en chaleur se frottant sur elle devenait insistant et terriblement érotique. Estelle se mordit les lèvres pour ne pas gémir, mais elle ne pouvait retenir malgré elle des râles alors que la femme mettait encore plus de vigueur à glisser sur elle, à la pénétrer de son désir bouillant, à lui communiquer son énergie sexuelle, frottant leur pubis dans un délice de sensations. Estelle résista de toutes ses forces contre cette onde de désir qui semblait prendre possession de son corps, l’irradiant d’une douce et traître chaleur.              

Son souffle s’accélérait et c’est tout son corps qui ondulait à présent, renvoyant les bonds de la femme, propulsant son pubis dans une parodie de mime sexuelle, tout en lui empoignant les fesses pour donner le rythme à ce frottement incandescent.

Alors que la poitrine de la blonde s’appuyait sur son visage, que les bouts tendus se pressaient sur ses lèvres, cherchant à être caressés, Estelle fut surprise de prendre l’initiative en les prenant d’elle-même dans sa bouche, les suçant, les aspirant, répondant à ses attentes alors qu’elle ne lui avait rien demandé. C’est comme si son corps échappait à tout contrôle, suivant d’instinct un chemin dangereux dans lequel il semblait renaître et s’épanouir. Cette constatation la terrifia, la propulsant entre incompréhension, horreur et excitation. Le goût du péché avait quelque chose de terriblement délicieux, avec une libido brusquement enfiévrée qui semblait s’enfoncer dans un continent de voluptés interdites.

Elle ne se reconnaissait plus, elle la sage et raisonnable épouse, la craintive et responsable maman, la femme engluée dans son sens profond des convenances ! Désemparée, elle laissait échapper de petits gémissements étouffés, luttant contre cette fulgurante marée incandescente qui charriait de la lave bouillante dans ses veines, dans tout son corps. Le plaisir qui montait était si intense, si dévastateur, qu’elle cria de surprise, éperdue, exaltée. Elle réalisa avec effroi qu’elle était au bord de l’orgasme, et un orgasme d’une telle violence qu’elle risquait d’en perdre la raison. Non, elle ne pouvait pas ! C’était odieux, une aberration sans nom ! Elle était une hétérosexuelle convaincue, mariée, mère, et elle s’accrocha de toute son énergie à cet amour qui les liait tous les trois… Cela porta ses fruits. Ce fût comme une douche glaciale qui bloqua soudainement toutes ses ardeurs, un brusque sursaut de volonté qui lui permit d’échapper à cette voluptueuse emprise.

 - Christelle, stop !

C’était un cri d’alarme et de révolte. Elle se redressa, la repoussa, s’habilla avec une telle hâte qu’elle en perdit un moment l’équilibre. Elle se précipita sur la porte, l’ouvrit et jaillit dans le couloir. Soudain, ses nerfs la lâchèrent. Elle s’en fut désespérément, les larmes aux yeux, les mains aux oreilles, pour ne pas entendre les ordres de cette femme lui hurlant de revenir. Mais il n’en fut rien…

 

 

Une tentation dangereuse 2. dans Romans-Photos Lesbiens 20050831113214_468x60_007

Assise devant son ordinateur, Christelle écrivait un résumé de l’entretien quand un homme de haute taille entra dans la pièce. Elle ne leva même pas le regard, toujours concentrée sur son compte-rendu. L’homme s’assit sur un fauteuil, croisant les jambes d’un air détaché.

-  Alors, notre jolie oie blanche est-elle prête à perdre quelques plumes ?
- Elle est très attirante, répondit Christelle avec malice. Elle a la candeur et l’innocence d’une jeune femme extrêmement sexy et troublante, avec suffisamment d’ambiguïté pour tromper et émouvoir celle qui se laissera charmer. Son côté prude et ingénue est très agaçant et surtout très excitant. Je ne pense pas que Agathe y résiste très longtemps. 

-  Elle fera donc parfaitement l’affaire ?

-  Elle est pudique, sentimentale et conformiste, ce qui ne joue pas en sa faveur pour cette mission. Elle n’est pas vierge, mais ses sens ne sont pas réellement éveillés, sa sexualité est indécise, immature, avec des envies qui ont du mal à s’exprimer… Mais…
-  Mais ?
-  Mais j’ai détecté chez elle un terrible potentiel érotique, un pouvoir sexuel extrêmement puissant qu’elle-même ignore… Des pulsions enfouies que seule une femme peut éveiller et exploiter dans toute sa démesure.

L’homme fit une grimace salace, exprimant une satisfaction rusée.

-  Une lesbienne refoulée ? C’est excellent ça, cela sert nos desseins à merveille…
-  Sans doute… Ou une bisexualité qui s’ignore… Cette fille est une bombe à retardement, et ce n’est apparemment pas son mari- ou un autre homme- qui a trouvé le détonateur. Si on la jette dans les bras de Mm de La Salle, celle-ci va n’en faire qu’une bouchée, elle va la dévorer toute crue ! La pauvre Estelle va lui exploser littéralement dans les bras …
-  Tant mieux. Si Agathe s’entiche de cette fille, c’est une chance inespérée. La réussite de cette mission repose sur leur attirance et leur partie de jambes en l’air. Elles peuvent baiser comme des chiennes en chaleur toute une semaine, c’est autant d’occasions pour Estelle de gagner sa confiance, son amour, et des confidences sur l’oreiller… Elle aura tout le temps nécessaire pour récupérer la clef USB, c’est parfait…
- Et les conséquences ? Estelle est profondément hétérosexuelle pour l’instant, sentimentale et bourrée de valeurs. Si elle va jusqu’au bout d’une relation sexuelle avec Agathe, et si elle adore ça en plus, elle peut ne pas assumer ses nouvelles orientations sexuelles, se détester et sombrer dans la déprime ou la folie. C’est là un lourd fardeau et de lourdes remises en questions qu’elle ne pourra sans doute pas supporter !

L’homme éclata de rire, repoussa les objections d’un geste agacé.

-  Et alors ? C’est le cadet de mes soucis ! Cette fille peut virer lesbienne ou nymphomane comme elle veut, à partir du moment où elle accomplit sa mission… Je n’ai pas de temps pour les considérations morales. Si elle doit se sacrifier pour la bonne cause, que ce soit par amour ou par patriotisme, peu importe… Seul le résultat compte… Maintenant, nous devons régler quelques détails avant de lancer l’opération en toute sécurité.
-  Très bien… Je vais donner les instructions nécessaires pour accélérer le programme. Dans trois jours, Estelle sera opérationnelle.
-  Parfait. Et ne vous occupez plus de son instruction intime… Laissons intacte cette pureté qu’elle a en elle. C’est son innocence qui fait tout son charme, Agathe va adorer cela. Laissons faire la nature… Si vous avez détecté chez elle des envies trop longtemps enfouies, Agathe est une femme suffisamment mature et experte pour les découvrir et les réveiller… Ne gâchons pas son plaisir…
-  Bien… Je ne m’occupe que des leçons de séduction alors…

L’homme lui répondit en acquiesçant légèrement de la tête. Il se leva et sortit sans bruit.

 

Trois mois plus tard.

Provocante, Estelle se déhancha au rythme lancinant des orages qui tonnaient dans la nuit. Faussement dédaigneuse, elle esquissa un sourire narquois dans la pénombre d’un coin de la pièce, une chambre d'amis, tandis qu’elle se déplaçait en roulant des hanches. Croisant un rayon de lune qui passait par là, la jeune femme eut l’idée de s’y offrir. Elle passa ses doigts sous les bretelles de son élégante robe noire qu’elle laissa glisser lentement jusqu’à terre, goutant avec délice l’étrange sensation de brulure et de fraicheur qui parcourait sa peau à mesure qu’elle se défaisait du vêtement. Électrisée par le frottement du tissu, elle se débarrassa encore du carcan de dentelles qui entravait sa poitrine et qui rejoignit la robe d’un geste négligeant. Orgueilleuse, elle contempla quelques instants son reflet dans la vitre, puis, prise d’une fausse pudeur, croisa les bras sur sa nudité, jouant avec les reflets moirés que la pâleur lunaire de l’astre dessinait sur sa peau de lait. L’esprit alangui par l’obscurité et le crépitement de la pluie contre les carreaux, elle se prit à l’idée de gouter à la fraicheur du verre refroidi par l’eau. Elle adorait l'orage. Le tonnerre qui grondait au loin, la pluie de plus en plus forte. D'abord quelques gouttes qui tambourinaient sur la fenêtre et puis l'averse, violente. Tout cela lui donnait la chair de poule. Tous les fibres de sa sensualité vibraient à l'approche d'un fruit défendu. Lentement, elle quitta ses escarpins raffinés, puis, à petits pas, s’approcha de la fenêtre pour y presser doucement ses seins insolents, rendus presque douloureux par trop de désir retenu.

Trois mois déjà. A séduire et aguicher Agathe, l'allumer avec tact et raffinement, jouant à la perfection la femme hétéro et effarouchée qui se laisse doucement troubler par les avances pressantes d'une autre femme. Un jeu dangereux qui tissait sa toile insidieusement autour d'elle, l'emprisonnait, l'étouffait, mais la transportait aussi vers des contrées inconnues et foisonnantes, celles de plaire, provoquer un désir interdit, être une autre personne qui usait de ses charmes pour enflammer passion et tentation.

Défiant d’éventuels yeux inconnus, elle laissa de longues secondes le claquement de l’eau se communiquer en petites vibrations à tout son être, tout en posant un œil vide sur les lumières de la ville qui s’étalaient sous elle, et qui progressivement, disparurent derrière un nuage de buée. Elle ferma les yeux, s'imaginant dehors, laissant la pluie couler sur elle, ruisseler en cascade sauvage, offrant son visage à l'ondée. Elle rit doucement, ayant l'impression de respirer la fraîcheur de la nuit  à plein poumon et de se laisser griser par l'odeur de l'herbe mouillée.

Elle tremblait d'excitation et d’appréhension. A cause de ces arbres qui ressemblaient à des fantômes, du tonnerre qui roulait furieusement, et des éclairs qui zébraient le ciel. Et surtout par ce qui risquait d'arriver cette nuit. La deuxième qu'elle passait dans la vaste propriété d'Agathe, une somptueuse villa dominant la ville. La première nuit, elle avait réussi à la fuir, se laisser séduire sans basculer du côté sombre de la tentation et de la débauche, laissant encore Agathe dans un état proche de la folie. Une attente exaspérante. Une torture insupportable. Qui la gagnait à son tour de façon sournoise et l'emportait vers une spirale de danger et de volupté exacerbée. Il lui semblait vivre l'instant le plus palpitant et excitant de sa vie, submergée par un sentiment intense d'audace et de liberté.

Transie par ce sentiment inconnu, elle enfila son tee-shirt et son peignoir, une tenue de nuit simple et sommaire pour la nuit, mais elle aimait jouer de tous ces contrastes, alternant élégance et naturel, raffinement et spontanéité, le charme d'une femme-enfant qui se cherche encore et joue sur toutes les facettes de sa séduction ingénue.

Elle tressaillit soudain, non pas par un éclair plus bruyant zébrant le ciel, mais parce que des mains puissantes s’étaient posées sur ses hanches tandis qu’un corps voluptueux se pressait contre son dos.
Des lèvres de feu, presque prédatrices, se mirent à fouiller son cou. Conquérante, l’une des mains glissa sur son ventre tandis que l’autre se fraya un chemin entre ses seins jusqu’à sa gorge, que des doigts redevenus délicats caressèrent avec application, comme pour en éprouver la douceur. Forts sans cesser d’être tendres, les baisers de la femme s’enhardissaient au contact de la nuque de la jeune femme qui se cambra sous le touché pressant et expert. Prise par surprise par cet assaut brutal, elle retrouva néanmoins ses esprits et retira vivement les mains qui s'étaient glissées sous son tee-shirt, se tournant difficilement vers une Agathe méconnaissable, un être possédé et vibrant d'un désir animal.

- Agathe, non !

Sourde à ses protestations, cette dernière l’enlaçait fiévreusement, la poussant vers le lit. Estelle y tomba à la renverse avec un petit cri de surprise, prisonnière du corps féminin qui se laissait tomber sur elle. Agathe lui prit aussitôt les mains pou les retenir bloquée, la clouant sous elle, tandis que Estelle se retrouvait impuissante, trop occupée à pousser des gémissements affolés lorsqu'une langue insistante force la barrière de ses dents pour s'emparer de sa bouche. Haletante, le feu aux joues, elle y échappa en détournant la tête. Mais Agathe n'était pas femme à se décourager si facilement, surtout lorsqu'elle était possédée par un désir impétueux, livrée à ses instincts  les plus sauvages. Estelle ne faisait pas le poids, si délicate et vulnérable, une proie trop facile.

De façon aussi inconsciente que brutale, Agathe se saisit soudain à pleine main des seins de la jeune femme qu'elle voulait pervertir, passant des doigts furieux sous le tee-shirt, plaquant ses paumes impatientes pour pétrir cette chaire sculptée et ferme et dont la douceur incomparable était promesse d’interdit. Affolée, Estelle essayait de lui bloquer le poignet d'une mains tandis que de l'autre elle s'accrochait à ses habits comme si sa vie en dépendait.

Mais Agathe n'était plus femme à se laisser raisonner. Elle en rêvait depuis de longs jours de cet instant, fantasmant à s'en faire mal. Elle s'était faite toute une histoire magique de cette nuit là où elle initierait enfin la délicieuse Estelle aux plaisirs de Lesbos, attendant avec impatience le moment propice, trépignante de joie et d’excitation comme une enfant la veille de Noël qui va pouvoir enfin assouvir toutes ses envies. Et personne n'allait lui gâcher son plaisir. Elle obtenait toujours ce qu'elle voulait. Et cette jeune femme n'était pas une proie innocente dont elle allait lâchement abuser, mais une femme qui se jouait d'elle depuis plusieurs jours déjà, l'aguichant avec ses petits airs de sainte-nitouche. L'heure aux choses sérieuses avait sonné. Aussi restait-elle indifférente aux suppliques de la jeune femme qui voulait la repousser.

- Agathe, pitié, tout va trop vite ! je n'ai jamais fait ça avec une femme !

- Je sais, mais tu en meures d'envie, je le sais, je le sens, et tu savais à quoi t'attendre en acceptant mon invitation. Bon sang, Estelle, laisse-toi aller, ne lutte pas contre tes envies !

Elle lui soufflait son désir dans le cou, le menton, les joues, parcourant chaque parcelle de peau d'une langue avide alors que Estelle frôlait le torticolis pour échapper à ses baisers.

N'en pouvant plus, haletante, Agathe la fit asseoir et se débattit un moment avec elle pour réussir tant bien que mal à lui passer le tee-shirt au dessus de la tête. Estelle protesta de petits cris de souris effrayée, n'arrivant plus à faire la part des choses, entre comédie ou vérité, faire semblant d'être paniquée ou réalisant vraiment l'ampleur de la situation et dans quel piège elle s'était jetée aveuglement.

 

Avec la certitude qu'il était trop tard pour faire marche-arrière. N'était-ce pas sa mission de finir dans le lit de cette femme ? Comme frappée de plein fouet par cette implacable vérité, elle cessa un instant de se débattre. Encouragée par cet abandon , Agathe poursuivit ses attaques.

Quittant la gorge nue, sa main redescendit, énerva les seins, les laissant se gonfler et se durcir sous ses agacements, prenant un soin tout particulier à en épargner les pointes qui se dardèrent comme pour montrer leur irritation. Avec un tel art consommé que Estelle se sentit perdre le contrôle, réalisant avec effroi que ses sens enfiévrés échappaient à toute volonté, comme avec Christelle, comme avec chaque femme qui la caressait.  Elle se crispa en respirant de plus en plus vite. Vite, consciente de son trouble, Agathe lui maintint le visage entre ses deux mains et l’obligea à lui faire face. Là, elle pouvait enfin chercher les lèvres contre lesquelles elle pressa sa langue, cherchant à se faufiler à l’intérieur de la bouche. Estelle respirait si fort, lèvres serrées, qu’elle était au bord de l’asphyxie, et elle ouvrit brusquement sa bouche pour chercher un peu d’air. Agathe saisit l’opportunité pour entamer une rapide intrusion, et leurs langues se trouvèrent aussitôt, entamant une folle course poursuite, celle de Estelle fuyant le contact alors que Agathe provoquait au contraire le duel, la butinant et la relançant, se lovant comme un petit serpent sournois et habile. Jusqu'au moment où Estelle finit par s'y abandonner, goûtant aussi à ce baiser enivrant avec un petit soupir éperdu.

Sans cesser son baiser ardent, les bras de Agathe venaient à nouveau de ceinturer sa taille, frottant avec délice le bas de son dos, remontant le long de sa colonne vertébrale d’une main, en éprouvant toutes les sinuosités de la pointe de ses doigts, s’aventurant jusqu’à la racine de la nuque, déclenchant ainsi le départ de milliers de fourmis invisibles le long de son épiderme, avant de redescendre, palper avec bonheur des omoplates trop longtemps délaissées. Délicatement possessive, l' autre main s’était insinuée sur le dessus du string, savourant du touché la rondeur des courbes qui naissaient sous ses doigts, tout en dessinant de petits cercles de la pointe de son pouce, à la base exacte du dos, juste à la naissance des fesses. Avant de glisser sournoisement devant, atteignant le nombril, caressant une première fois le ventre nu, courant avec une lenteur calculée le long de l’élastique du string, l’autre main finit par se glisser imperceptiblement sous celui-ci, parcourût la fine toison qu’elle rencontra puis, suivant les inflexions qui s’offraient à elle, s’insinua dans un renfoncement… Estelle poussa un cri.

Elle bloqua vite sa progression en lui maintenant les mains.

- Non, Agathe, pas ça ! supplia t-elle.

Celle-ci obéit. Provisoirement. Estelle la ramena vers elle, pour l'éloigner de son sexe, cherchant à gagner du temps, lui jetant un regard craintif et suppliant, presque pathétique, comme une femme qui se sait perdue mais prie encore après un miracle.

Vain espoir. Agathe ne voulait certainement pas en rester là. Elle se positionna à côté d’elle pour entreprendre une lente et sensuelle exploration de son corps, avec sa bouche et sa langue, épousant la moindre cavité, se coulant dans chaque saillie, s’incurvant dans chaque courbe. Pourtant, tout en découvrant son corps comme elle ne l’avait jamais connu, Estelle eut de nouveau un sursaut de panique lorsqu’elle sentit le souffle chaud de la femme sur son sexe. Se laisser faire dans ce qu’elle avait de plus intime était signer sa perte de façon irrévocable, le point de non-retour qui la plongerait dans un gouffre de stupre et de débauche saphique, et elle s’accrochait encore à l’espoir d’être sauvée in-extrêmis par elle ne savait quel miracle. Vite, avec un mouvement de recul du ventre, elle posa ses deux mains croisées sur son sexe, interdisant tout passage. Mais Agathe s’y attarda, saisit une main, la souleva et la guida jusqu’à sa bouche. Stupéfaite, Estelle levait la tête pour observer. Alors, sans jamais la quitter du regard, Agathe happait ses doigts du bout des lèvres, les taquinait longuement du bout de la langue, les couvrait de baisers, puis les fit pénétrer enfin dans sa bouche d’un long mouvement de va-et-vient, simulant l’acte sexuel. C’était si obscène et délicat à la fois, infiniment sensuel, que Estelle en restait abasourdie, littéralement fascinée. Tout en lui léchant les doigts, elle remettait la main sur le pubis, s’arrangeant en même temps pour écarter le tissus du string et promener insidieusement sa langue sur le léger duvet de sa toison pubienne.

- Non, non ! protesta Estelle d'une voix brisée.

En proie à un vertige, submergée par un feu intérieur qui la possédait, elle se sentie malgré elle mollir et abandonner tout combat, s'écartelant sur le lit en tremblant comme une feuille. Avec comme seul réflexe de défense l'instinct de creuser le ventre, repoussant l'inévitable alors que la bouche fébrile prenait déjà possession de son sexe.

A SUIVRE...

Le vice contre la vertu…

La perversion contre l’innocence…

Entre les deux femmes, ce sera une guerre sans merci, où tous les coups sont permis pour soumettre l’autre à sa volonté…

Un combat d’un érotisme inouï…

Se jetant dans la gueule du loup, Estelle va vite affronter la fougue et les appétits démesurés d’une femme redoutable.

Puisant ses forces dans son amour pour sa famille et ses convictions hétérosexuelles, Estelle va résister corps et âme, se débattant comme une naufragée qui s’accroche à la raison, perdue dans un tourbillon d’émotions qu’elle ne peut accepter…

Mais c’est sans compter sur l’impétuosité et l’acharnement d’Agathe. Celle-ci va tenter de l’immerger dans son monde, entre voluptés et licences effrénées, là où plus aucune frontière n’existe…                              

Déterminée à réveiller chez sa partenaire des pulsions trop longtemps enfouies, elle va user de toutes ses armes pour briser ses défenses et la révéler à sa vraie nature.

 

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Bonne lecture...

 


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