Divines et Innocentes

Divines et Innocentes

Le château des Tribades 7.

Le baiser semble durer une éternité, si intense et voluptueux que le souffle lui manque. Pourtant, elle ne veut toujours pas y mettre fin, frôlant l’asphyxie, retenant Maria par les cheveux alors que celle-ci veut détourner la tête. Elle tend les bras vers elle pour la retenir, mais ses mains se referment sur le vide, la plongeant dans un abîme de désarroi et de vide absolu. Son cœur bat la chamade alors qu’un bruit strident la réveille brusquement. C’est la sonnerie de son portable… Inès émerge de son rêve, dans un hoquet de stupeur.

Elle se redresse, le corps ruisselant de sueur, les cheveux poisseux.

 Elle cherche à tâtons son téléphone.

-  Allo.

-  C’est Maria.

-  Oh ?

Elle ne sait plus quoi dire, saisie de panique. Son coeur s’affole tout autant… Il est vrai qu’elles s’étaient échangées récemment leur numéro de portable, alors qu’elles étaient amies, avant cette soudaine et folle étreinte en pleine nature ! A ce souvenir, son cœur s’emballe de plus belle. L’excitation monte si violemment qu’elle se mord les lévres pour réfréner ses pulsions. La voix de Maria ne fait rien pour la calmer.

-  Inès, viens me retrouver. Je t’en prie…

Bon sang, comme elle en a envie ! Son corps en sueur trahit son émoi, ce rêve érotique l’a mise dans un état indescriptible, mais c’est d’une voix presque ferme qu’elle répond pourtant :

-  Non.

-  Inès, tu en as envie, je le sens, je le sais… Ne sois pas idiote, c’est ridicule de rester chacune dans notre chambre alors que nous mourrons d’envie de nous retrouver. La nuit nous appartient, viens me rejoindre. Je t’attends…

-  Maria, n’insiste pas. Si tu veux que nous restions amies, oublie ce qui s’est passé. Maintenant, laisse-moi, j’ai sommeil…

Elle coupe la communication. Sa main n’a jamais autant tremblée. Un bon bain lui fera le plus grand bien. En entrant dans la salle de bain, elle aperçoit son reflet dans la glace, et c’est une autre femme qu’elle y voit, comme possédée par des désirs inavouables, si forts qu’elle n’ose pas y mettre un nom, les repoussant de toutes ses forces.

Vite, elle fuit son image, et reste un long moment dans son bain, abattue, essayant de ne pas penser, essayant d’oublier Maria et le trouble qu’elle lui inspire. Elle plonge la tête sous l’eau savonneuse et retient sa respiration le plus longtemps possible. Puis reste de nouveau immobile, l’esprit vide. Le temps s’étire, l’eau chaude devient tiède, puis froide, et c’est cela qui l’oblige à sortir de la baignoire. Elle se frictionne vigoureusement le corps, le regard absent. C’est d’un geste distrait qu’elle ôte la serviette qui était nouée autour de sa tête, libérant ses longs cheveux humides. Entièrement nue, elle se plante devant le miroir de l’armoire et se brosse pensivement les cheveux. Une sorte de sensation glaciale traverse brusquement la pièce, comme si une entité vivante et invisible venait d’apparaître, transperçant Inès d’un regard inhumain. Avec un frisson, elle se retourne vivement, examinant chaque recoin de la chambre avec effroi.

Puis, aussi vite que cela est venu, l’impression d’être observée disparaît. Elle hoche la tête avec dépit. La voilà qu’elle devient paranoïaque ! Pas étonnant avec cette multitude d’émotions et de révélations aussi dérangeantes qui viennent de lui tomber dessus en si peu de temps. Malgré elle, son cerveau se remet à fonctionner à plein régime, une brusque tempête aprés le calme. Bon sang, qu’est-ce qui lui avait pris de tomber ainsi dans les bras de cette femme et d’aimer aussi intensément ces baisers et ces caresses ! C’est comme si un démon avait pris possession de son corps et l’avait obligé à faire des choses insensées, la contraignant à s’abaisser dans des étreintes lesbiennes. Un démon, oui, mais un démon qui lui avait donné un avant goût de ce que pouvait être le paradis, et non l’enfer… C’était mal, mais un mal délicieux. Voilà, elle recommençait à avoir de vilaines pensées, des envies coupables, et une bouffée de chaleur lui donne le feu aux joues. Elle chasse désespérément toutes ces pensées ignobles. Elle ne pouvait pas aimer les femmes. C’était contre sa nature, contre toute logique, renier ses valeurs et perdre des repères qui avaient régis toute sa vie et fait le succès de toute sa carrière. C’était trahir tout cela, et que lui resterait-il alors ? Rien. Sa vie s’écroulerait, elle se mépriserait jusqu’à la fin de ses jours. Mais elle devait tenir compte aussi, qu’elle le veuille ou non, de ce qui venait de se passer avec Maria. Elle avait mis ça sur le compte de l’alcool lorsqu’elle avait dansé avec Gabrielle, mais là elle ne pouvait plus se trouver aucune excuse. Cette triste expérience l’obligeait à prendre conscience qu’un instinct aussi dangereux que sournois restait enfoui en elle, tapi dans l’ombre, prêt à surgir et bondir comme un animal sauvage et incontrôlable lorsqu’une femme la touchait. Incontrôlable, c’était bien là le mot adéquat, lourd de menaces et de conséquences car il n’y a rien de plus terrifiant que d’être dans l’incapacité de maîtriser ses propres pulsions. Cela l’amène à se poser des questions, à plonger dans les tréfonds obscurs et complexes de sa sexualité. Son agression à Paris, bien qu’interrompue à temps, avait été en partie le détonateur. Une agression qui avait été à l’origine de son blocage et sa solitude affective. Mais le mal avait des racines bien plus profondes et plus complexes, au-delà du choc émotionnel. Car cela s’était passé à un moment où elle n’avait pas encore atteint une maturité sexuelle suffisante et une connaissance assez approfondie de sa propre nature pour se ranger avec certitude dans le clan des hétérosexuelles convaincues. Déjà, il y’ avait désintérêt pour le plaisir physique, peu d’expérience et peu de satisfaction. Aussi, elle se demande si sa libido ne s’était pas orientée inconsciemment vers une autre forme de sexualité, cherchant sa voie et l’ayant trouvée dans l’homosexualité.

-  Oh, non, pas ça !

Elle porte son poing à la bouche et le mord, étouffant la plainte désespérée qui monte en elle. Elle ne peut pas croire à cette conclusion, s’y refuse catégoriquement. Son esprit se ferme, elle ne veut plus réfléchir. De toute façon, elle a très mal à la tête. De gestes mécaniques, elle continue de se coiffer un long moment. Son regard est vide tandis qu’elle ne cesse de passer la brosse dans ses longs cheveux noirs, observant sans le voir son reflet dans la glace. Après quelques instants, elle commence à se sentir plus calme. Elle se lève, range sa brosse dans le tiroir de la salle de bain, regagne sa chambre et ouvre l’armoire. Elle y saisit un peignoir en soie brodée, l’enfile et noue à peine la ceinture. En fermant la porte coulissante de l’armoire, son image réapparaît dans la glace. Elle se trouve belle, lumineuse, transportée d’un sentiment agréable d’être la femme la plus désirable au monde. Sa chair vibre, envahie d’une sorte d’excitation qui resplendit de chaque atome de son corps. Sous le peignoir, ses seins se tendent, gonflés et réceptifs, comme animés d’une vie propre. Qu’est-ce qui lui prend ? C’est comme une fièvre latente qui reste en éveil, attend, anticipe, se charge d’ondes voluptueuses dans l’attente… dans l’attente de quoi ? De rien. Car il ne se passera jamais rien. Elle s’efforce de réfréner tout ça. Décidément, la nuit va être longue si sa conscience ne cesse de se heurter à des désirs inavoués. Et dire qu’elle avait été voir, après le repas, Jean Vernier pour accepter sa proposition. Ce qui revenait à s’aventurer dans des situations aussi compromettantes que risquées. Mais ce qui revenait aussi à constater que, si elle se sortait indemne de cette mission périlleuse, elle pourrait être certaine de ses orientations sexuelles et dormir l’esprit tranquille jusqu’à ses vieux jours. Le bruit furtif et la lumière vacillante qui passent derrière sa porte l’arrache à ses pensées. Qui peut bien, à cette heure-ci, se promener dans les couloirs ? Dehors, la nuit est sombre et silencieuse, de lourds nuages masquent la lune et une légère brume commence à se former sur les vignes et le paysage environnant. C’est ce que constate Inès en passant devant la fenêtre et en se dirigeant ensuite vers la porte qu’elle entrouvre doucement. Une silhouette féminine tourne au fond du couloir, éclairée d’une bougie et projetant des lueurs sur les murs et le plafond.

Intriguée et trop heureuse de se changer les idées, Inès s’avance à son tour et part à sa poursuite. Pieds nus, elle marche d’un pas léger, effleurant le tapis, descendant l’escalier, et plus prudemment sur les dalles de marbre alors qu’elle arrive dans le hall. La silhouette fantomatique s’engage dans le long corridor qui mène à l’aile sud. La bougie anime d’étranges ombres dans les embrasures des portes. Elle suit toujours la silhouette, avançant dans le noir et se guidant aux lueurs vacillantes. Le château est silencieux, les lumières toutes éteintes, et la discrétion de la personne qui rôde tel un voleur dissimule bien des intentions pas très claires. Elle veut en avoir le cœur net. La cuisine étant dépassée, elle annule la possibilité d’une fringale nocturne. Même constat pour les toilettes qui se trouvaient à l’étage supérieur, prés des chambres. Que pouvait-il y’ avoir dans cette partie du château qui intéressait tant cette mystérieuse femme ? Enfin, celle-ci s’immobilise devant une porte, la pousse et disparaît à l’intérieur de la pièce. Inès attend un moment avant d’avancer, collant son oreille contre la porte, prête à se cacher au moindre bruit. Elle laisse passer encore quelques minutes avant de se décider à tourner la poignée, tout doucement, et pousser la porte millimètre par millimètre. Heureusement, aucun grincement. La pièce est dans le noir total, alors elle se faufile par la porte entrebâillée avec toujours autant de précaution. Elle tend le cou, tournant la tête vers la lumière, au fond de la pièce. Elle entend respirer fortement, avec des murmures et des frôlements. Ses yeux s’habituent à la pénombre. Elle est dans une immense bibliothèque et, tout au bout de l’immense salle, deux femmes sont assises et enlacées sur le sol, au pied d’une longue étagère. Elle reconnaît Gabrielle, échangeant des baisers bruyants avec Florence, la domestique.  Elle l’enlace ardemment, explorant l’intérieur de ses cuisses dont la jupe retroussée jusqu’à la taille dévoile, jusqu’à l’aine et au slip blanc, une longue jambe repliée qui s’écarte de plus en plus. Une main plonge sous le dessous, arrachant un nouveau gémissement. Tout en s’activant en bas, Gabrielle penche la tête, couvant la poitrine nue de coups de langue voraces. Malgré elle, Inès trouve le spectacle troublant, gênée de sentir naître en elle une certaine excitation. Une excitation qui laisse place à un intérêt différent lorsqu’elle réalise la demi- nudité de Gabrielle. Ses longs cheveux roux sont épars sur ses épaules nues, glissant entre ses seins libres de tout soutien-gorge, et la peau blanche de son ventre et ses cuisses ressort comme de la porcelaine dans l’obscurité. Elle n’a sur elle qu’un dessous rose fuchsia, un string sans aucun doute, qui est le seul obstacle dissimulant son sexe mais, surtout, le probable tatouage d’une fleur. Car, pour Inès, cette femme ne peut être que l’ex- maîtresse de Catherine, elle en a le profil et elle en mettrait sa main au feu. Et un simple petit bout de tissu protège la preuve. Pas pour longtemps, si Florence se dépêche de passer aux choses sérieuses. Elle en aura enfin confirmation et, en attendant, fait tout pour ne pas bouger et garder le silence. Une pensée coupable l’assaille devant ce rôle de voyeuse, qu’elle repousse aussi vite. C’est pour la bonne cause, après tout… Son enquête démarre bien, elle n’a pas trop à s’investir pour l’instant. Immobile, elle se maintient contre la porte, et aurait pu rester longtemps dans cette position si, brusquement, une main ne l’avait violemment poussée dans le dos pour la propulser à trois pas devant elle. Elle pousse un cri de douleur en partant en avant, perdant l’équilibre mais se rattrapant de justesse. Puis, aussi brutalement, la porte se referme dans un claquement sec. Inès, choquée, n’a pas le temps de se demander qui l’a ainsi poussée par traîtrise. Elle doit surtout affronter les deux femmes qui, avec un cri de surprise, se sont vivement redressées. L’une d’elles brandit la bougie et éclaire la scène. Inès se retrouve prise dans le cercle lumineux, clignant des yeux comme un animal pris au piège.

-  Tiens donc, c’est la romancière fleur bleue, lance Gabrielle sèchement.

Morte de honte, Inès tourne les talons, trébuche, puis un reste de dignité l’oblige à faire face. La panique la submerge alors que la bougie se dresse devant ses yeux, l’éblouissant complètement. Elle entend un bruit de pas furtif qui la contourne, passe derrière elle. La lumière crue du lustre jaillit comme un éclair, éclairant agressivement la salle. C’est Florence qui vient d’appuyer sur l’interrupteur. Du coup, Gabrielle souffle sur la bougie, fixant un instant Inès à travers la mince fumée blanche qui s’estompe dans l’air. Elle a un regard brillant, avec cette lueur gourmande qui n’annonce rien de bon.

-  Dis-moi, si tu participais au lieu de mâter. Plus on est de folles…

Elle sourit en la voyant rougir. Le regard affolé d’Inès s’attarde sur la longueur étonnante des petits dards roses qui se tendent à la pointe des seins pleins et orgueilleux de la rousse. Puis descend le long du corps élancé, s’immobilise sur le string rose. Elle ne peut s’empêcher de penser qu’un seul petit geste, tout simple, qui le ferait glisser de quelques centimètres, lui permettrait d’avoir enfin sa preuve. Un petit geste qui ne demandait qu’une seconde. Et, brusquement, une idée insensée émerge d’un coup, si évidente et logique qu’elle se traite d’idiote pour ne pas y’ avoir pensée plus tôt, au lieu de rester raide et stupide comme un piquet. Ce n’est pas en restant pétrifiée qu’elle découvrirait la vérité. C’est en agissant. Il lui suffisait pour cela de jouer la comédie, à peine cinq minutes, juste le temps de quelques caresses vite faites, de s’agenouiller à ses pieds en feignant toujours le consentement, et baisser le string vers le bas dans le feu de l’action. Avec audace et rapidité, l’affaire serait vite conclue. Bien sûr, cela comportait des risques. La présence de Florence demeurait un gros point d’interrogation, pouvait jouer en sa faveur ou sa défaveur, et cela elle ne le saurait qu’au moment voulu. Et surtout pas de baisers, car elle connaissait les ravages que cela pouvait occasionner chez elle. Ne pas se laisser aussi caresser, sinon son corps pouvait échapper à tout contrôle et l’emporter vers le point de non-retour. Chose d’autant plus difficile qu’elle était totalement nue sous son peignoir… Mais si elle respectait ces règles à la lettre, elle pouvait s’en tirer à bon compte. Prendre les devants, mener le jeu. C’est d’une voix méconnaissable qu’elle s’entend répondre :

-  Bien sûr, pourquoi pas…

Le regard de Gabrielle s’écarquille de surprise alors qu’Inès, tremblante de tous ses membres, effectue un premier pas vers elle.

 

La situation ne doit pas tourner en sa défaveur, et ce n’est pas en laissant les deux femmes tourner autour d’elle comme deux lionnes affamées qui va lui permettre de s’en sortir indemne.

 C’est elle qui doit mener la danse, même si affecter des élans à la fois passionnés et maladroits va se révéler beaucoup plus difficile qu’elle ne l’imagine. Elle est dans un tel état d’affolement que son cerveau semble paralysé et elle agit dans un état second, attrapant Gabrielle par les épaules pour la pousser contre le mur, entre deux massives bibliothèques. Le choc produit un bruit sourd, expulsant en même temps l’air de ses poumons. Abasourdie, Gabrielle pousse un petit cri, les yeux écarquillés et bouche entrouverte sur une respiration sifflante. Surtout, Inès ne doit pas lui laisser le temps de reprendre ses esprits. Elle la capture ainsi contre le mur, assurant la prise en posant ses mains à plat de chaque côté de son cou. Elle dépose un baiser aussi fougueux que maladroit prés de sa bouche, faisant exprès de viser à côté, et s’éloignant vite lorsque Gabrielle tourne la tête pour tenter de s’emparer de ses lèvres. Nerveusement, elle glisse ensuite sa bouche sur le menton, la gorge, repart sur le visage et les joues, ignorant toujours le contact direct avec les lèvres féminines alors que Gabrielle sollicite au contraire un baiser intime de toute son âme, tordant et avançant le cou pour chercher à l’embrasser.

Elles jouent un moment ainsi à cache-cache, Inès parfaite dans son rôle de lesbienne aussi novice que gauche qui s’y prend terriblement mal. Et elle ne veut surtout pas se risquer à assumer un vrai baiser, aussi bref fut-il, consciente que cela peut l’entraîner dans un gouffre aussi vertigineux qu’irréversible. Réalisant avec affolement qu’elle ne peut échapper longtemps au baiser féminin, Inès finit par vite se laisse tomber à genoux, enfouissant son nez contre le ventre brûlant. Un instant, elle reste ainsi, ne sachant plus trop quoi faire. Elle hésite, figée par autant de questions qui se télescopent de façon désordonnée dans sa tête. Tumulte et incohérence dominent des pensées qu’elle se sent incapable d’éclaircir dans une telle situation. La voilà réduite à jouer une lesbienne fébrile pour constater d’elle-même si Gabrielle possède bien le tatouage d’une fleur au-dessus de son sexe ! Elle nage en plein délire, et aurait ri à s’en rouler par terre si on lui avait prédit plus tôt ce qui l’attendrait dans ce château cathare. Elle qui pouvait se ranger d’office dans le rang des hétérosexuelles coincées et rétrogrades avec ses grandes idées romantiques, ne couchant jamais avec un homme avant les trois premiers mois, et ignorant jusque là ce que pouvait faire deux femmes ensemble, et la voilà jetée à corps perdu dans les bras d’une lesbienne frivole alors qu’une autre tourne impatiemment autour d’elles, prête à se jeter dans la mêlée. Elle croît rêver, ne voulant toujours pas réaliser la gravité de son acte, comme si c’était quelqu’un d’autre qui faisait tout cela. Surtout ne pas réfléchir, sinon elle est perdue. Surtout ne pas penser aux conséquences si cela tout cela lui explose en pleine figure alors qu’elle est déjà dans une situation terriblement périlleuse, jouant la comédie avec deux femmes pratiquement dévêtues alors qu’elle-même est simplement couverte d’un peignoir en soie imprimée. Si l’une des femmes avait l’idée de tirer sur la ceinture à peine nouée, elle se retrouverait complètement nue dans la seconde, aussi vulnérable et impuissante qu’un oisillon livré aux jeux pervers de chattes affamées. Cette idée la fait frissonner d’appréhension. Car elle est incapable de savoir comment son corps réagirait alors. S’il se montrait aussi imprévisible et traître qu’il l’avait été avec Maria, elle n’osait imaginer comment cela pouvait finir. Elle en est là de ces terribles prises de conscience, indécise et prête à tout arrêter. C’est alors que son regard s’arrête sur le tas de vêtements des deux femmes, jetés à la va-vite lors de leurs premiers ébats, et elle remarque au milieu des habits une bouteille de champagne posée à même le sol. Une bouteille au trois quart pleine. Voilà bien un remontant qui briserait sans aucun doute ses inhibitions. A consommer toutefois avec modération, juste une gorgée pour lui insuffler du courage tout en se préservant de débordements excessifs. Chez elle, l’alcool peut causer des dégâts irréparables, et ce n’est vraiment pas le moment de perdre le contrôle. Vite, elle saisit la bouteille et avale une gorgée, si tremblante qu’elle renverse du liquide mousseux sur son menton. Puis, avec autant de hâte, reprend les préliminaires là où elle s’était arrêtée, frottant gauchement ses joues contre le ventre nu, agaçant la peau de ses longs cils et de sa bouche pulpeuse. Elle tente de faire le vide dans sa tête, peu attentive au périple audacieux qu’elle prodigue autour du nombril, dessus et dessous, glissant sa langue à la limite du string. Gabrielle la tient par les cheveux, mains crispées, tendue comme une corde de piano en retenant sa respiration, concentrée sur les sensations que sa partenaire, même terriblement nerveuse, lui procure avec la fougue de l’inexpérience. Inès, maintenant, lui caresse fébrilement les hanches, remonte ses mains sur la cambrure des reins, hésite avant de redescendre et d’empoigner fermement les fesses rondes et dures. Jamais elle n’a rencontré une telle perfection et une telle douceur, comme si la peau féminine était la plus délicieuse provocation, la plus exquise des tentations. Un corps qui appelle les caresses et Inès réalise ce qu’un corps féminin aussi voluptueux peut réveiller chez une autre femme, attisant désir et curiosité. Sans le vouloir, elle y répond avec ardeur. Elle réalise brusquement son trouble, se reprend. Elle s’est montrée si entreprenante que Gabrielle, excitée comme une folle, souffle bruyamment tout en continuant de saisir sa tête, appuyant dessus et cherchant à la guider vers la source de son plaisir. Inès ignore sa supplique, même si l’envie brusque et fugace d’y céder la saisit encore. Une sonnette d’alarme la prévient d’un danger imminent. L’alcool semble éveiller de nouvelles sensations, fouettant un désir impérieux qui, courant dans ses veines et charriant de la lave bouillante dans tout son corps, semble comme un fauve aux aguets qui attend la moindre faiblesse. Elle doit rester vigilante, garder quoi qu’il arrive le contrôle de la situation. Elle s’efforce de refouler ce désir insidieux alors que sa bouche redevient active, mêlant baisers et petits coups de langue agile, dessinant une route sinueuse et mouillée autour du nombril et jusqu’à la limite du string, arrachant à sa partenaire un petit cri sourd. Décidément, même si elle ne le veut pas, elle semble avoir des dispositions insoupçonnées pour les caresses saphiques, et cette constatation la rappelle à l’ordre. Elle arrête son périple aussi sadique que sensuel pour se concentrer sur l’ultime geste à effectuer pour atteindre son objectif. La victoire est proche. Elle se force à fixer le renflement voluptueux du sexe qui se dessine sous le léger string. Le spectacle est beaucoup plus suggestif et excitant qu’un gros pénis vibrant sous un slip d’homme, prêt à jaillir dans toute sa virilité pour solliciter d’urgence la plus dégradante des fellations. Ici, rien de sale et d’avilissant. Juste un joli dessous féminin qui, sexy et délicat, est l’ultime barrière dissimulant un tendre joyau de chair fragile et frémissante. Enfin, elle saisit le tissu du dessous féminin et commence à le tirer lentement vers le bas. Dans deux secondes, l’instant de vérité. Après, elle n’aurait qu’à simuler la panique et l’incertitude, la femme qui a des remords et opte pour une retraite précipitée. Une comédie qu’elle n’aurait aucun mal à improviser, sans doute sa meilleure prestation dans toute cette cohue aussi burlesque que désordonnée. Voilà, elle y’ est presque, faisant glisser le string de quelques millimètres. Brusquement, elle est interrompue par Florence qui, telle une furie, vient de se laisser tomber à ses côtés, lui saisissant la nuque pour la maintenir immobile alors qu’elle colle son visage au sien. Cela va si vite que Inès n’a pas le temps de réagir. Elle l’avait oubliée celle-là. ! Jusqu’ici, Florence s’était montrée discrète, se contentant de jouer les voyeuses d’un peu trop prés, mais le spectacle l’avait tellement émoustillé qu’elle se jette maintenant dans les ébats avec une fougue dévastatrice. Déjà, Florence l’embrasse goulûment, glissant une langue vorace dans sa bouche. Inès ne peut y échapper, subissant l’exploration intime qui provoque des petites décharges électriques dans tout son corps. Florence embrasse divinement bien, un mélange de fougue déstabilisante et de volupté appliquée, où rien n’est délaissé et épargné. Inès découvre chaque millimètre des parois intérieures de sa bouche comme elle ne l’a jamais ressenti, et c’est éperdue qu’elle se laisse faire. Son cœur menace de lâcher alors que leurs langues se lovent dans une étreinte sinueuse et mouillée, se nouant et se provoquant délicieusement.

Inès a beau prendre conscience de s’engager sur un terrain glissant, cherchant à fuir le baiser, mais c’est comme si elle n’avait plus de volonté, plus de force. C’est Gabrielle qui y met fin, saisissant Inès sous les aisselles pour la remonter à sa hauteur. Dés qu’elle est debout, elle la saisit aux hanches et se colle à elle, cherchant sa bouche, la trouvant, accompagnant ses baisers fougueux d’imperceptibles mouvements de son bassin contre son ventre. Florence, qui vient de se relever également, participe aux ébats, plongeant elle aussi sa langue dans la bouche d’Inès. Toutes trois vacillent, haletantes et tremblantes, continuant de s’embrasser simultanément. Inès ne se reconnaît plus, incapable de retrouver ses facultés mentales. La situation la dépasse. Elle est piégée, livrée corps et âme aux assauts lubriques de ces deux femmes qui, aussi habilement que sournoisement, ont fini par la plier à leurs exigences, menant la danse et la tenant complètement à leur merci. Pour Inès, c’est un déferlement d’émotions et de sensations qu’elle n’a jamais connu, déclenchant un redoublement d’ardeur qui en est presque effrayant, si brutal, si primitif. Pourtant, un moment, elle a encore l’énergie de prendre conscience de son état, de prendre peur alors que Gabrielle tire sur la ceinture de son peignoir. Là, elle s’affole, consciente d’être terriblement vulnérable alors que son seul vêtement, sa seule protection, glisse sur ses épaules. Elle tente de saisir le poignet, d’arrêter le geste, mais c’est trop tard. La ceinture se dénoue et les pans du peignoir s’ouvrent, la dévoilant dans toute sa nudité. Elle est d’une beauté remarquable, encore plus désirable dans son trouble, lumineuse de pureté et débordante d’une sensualité réfrénée.

Elle reste figée et interdite, alors que ses seins viennent de jaillir, gonflés de désir, fermes et superbes, se soulevant au rythme d’une respiration oppressée. Ebahies, les deux femmes cessent de s’activer pour la contempler en toute quiétude. Elles dévorent des yeux les courbes divines, de la splendide poitrine à la finesse du buste, du ventre plat au dessin délicat des côtes, et surtout le triangle sombre de son bas-ventre qui tranche avec la peau dorée et satinée. Toutes ces splendeurs décuplent les envies charnelles des deux femmes qui en tremblent d’émotion. Une émotion partagée alors qu’Inès reste toujours immobile, visage pâle et lèvres serrées, luttant contre l’émoi qui la tenaille. Ses cheveux lâchés et répandus en vagues sinueuses sont les seuls à bouger alors qu’elle hoche la tête avec incompréhension, comme se demandant ce qui lui arrive. Elle croise ses mains sur son sexe, protégeant en même temps sa poitrine de ses avant-bras, ultime défense qui n’a aucun sens alors qu’elle a provoqué cette situation, consentante et seule responsable de ce qui lui arrive maintenant. Qu’est-ce qu’elle a pu être naïve en croyant s’en tirer à bon compte, dans l’espoir de ne pas trop payer de sa personne. Voilà, elle a joué avec le feu et elle a perdu, sous-estimant le pouvoir de la chair et surtout les désirs latents d’homosexualité qui sommeillaient en elle, des envies trop impétueuses pour être maîtrisées. C’était écrit, on ne peut tricher contre sa vraie nature, et elle doit en accepter les règles jusqu’au bout. Aussi se laisse t- elle faire lorsque Florence se colle à elle, s’amuse à glisser une langue gourmande sur son visage, parcourant sa bouche avec avidité, descendant jusqu’au long cou gracieux, s’attardant sur la gorge palpitante, avant de laper goulûment les délicates épaules. Elle s’extasie entre deux succions :

-  Je n’ai jamais vue une peau si douce et si soyeuse. Une vraie peau de bébé…

Inès ferme les yeux, ayant de plus en plus de mal à respirer. Elle pousse un cri de surprise lorsque Gabrielle appuie sur ses épaules, la renversant en arrière pour la coucher, et cherchant aussitôt à s’allonger sur elle.

- Non.          

Inès ne veut pas tomber dans leurs filets, aussi impuissante qu’un insecte englué dans leur toile d’araignée, et elle repousse Gabrielle alors que celle-ci veut se couler sur elle. Mais elle regrette vite son geste. Gabrielle, du coup, glisse aussitôt à ses pieds, s’accrochant à ses jambes qu’elle écarte pour lécher ses cuisses sur toute leur longueur, du genou à l’aine.

Là, Inès bondit comme si on l’avait branché sur du 220 volts, un frisson si voluptueux qu’elle prend peur. Les dés sont jetés si elle continue de rester étendue ! Avec un sursaut de désespoir, elle réussit à se remettre debout, repoussant sans ménagement la domestique qui cherchait à la coincer aussi sous elle.  Elle ne voit pas Gabrielle se baisser pour ramasser la bouteille de champagne qu’elle lui tend maintenant devant le nez.

-  Bois ! ordonne t- elle.

Inès la regarde d’un air affolé, hésite un instant. Avaler plus d’alcool serait signer sa perte de façon irrémédiable. Gabrielle, résolument, lui maintient le visage d’une main ferme et porte la bouteille jusqu’à ses lèvres pour l’inciter à boire.

Dans ses yeux brille une lueur de joie sadique. L'avidité de la prédatrice sûre de sa victoire...

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