Divines et Innocentes

Divines et Innocentes

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Julie  s’introduit dans la cabine et se déshabilla en un tour de main. Pour gagner du temps elle portait son maillot de bain sur elle. Un Maillot de bain 1 pièce à motif floral assez sobre  qu’elle aimait bien pour ses nervures et coutures qui affinaient sa silhouette, et en ce moment elle en avait bien besoin. Depuis son retour en France, elle avait pris six kilos, passant de la taille 40 à 42. Son médecin traitant prétendait qu’elle mangeait trop et qu’elle avait une mauvaise hygiène de vie. Foutaises ! C’était tout simplement son changement de rythme et un peu moins d’activité physique depuis sa reconversion professionnelle – son nouveau boulot sédentaire n’aidait pas - qui venaient perturber ses glandes hormonales, celles qui font la pluie et le beau temps chez une femme depuis la nuit des temps, et qu’il est si difficile de maîtriser. Alors elle y remédiait comme elle peut, en faisant attention à ce qu’elle mangeait – sans trop se priver quand même, il ne faut pas exagérer et les privations ce n’était pas trop son truc – et en s’obligeant à deux séances de natation par semaine pour maintenir sa condition physique. Et pour ses kilos en trop elle faisait avec, se persuadant que c’était temporaire et qu’elle allait retrouver la ligne.   Aucun complexe. Elle n’avait jamais été mince de toute façon et avait toujours assumé sa silhouette voluptueuse. Avec ses avantages. Une poitrine généreuse qui lui faisait des décolletés vertigineux et des fesses tout aussi généreuses qui mettaient sa chute de reins en valeur. Avec ce petit déhanché sensuel dans sa façon de se mouvoir, cette assurance des femmes sûres de leur pouvoir de séduction. Tout cela plaîsait énormément aux autres. Cela n’était-il pas le plus important ?

Les hommes se retournaient souvent sur son passage, mais cela cela n’avait aucun intérêt. Juste une peu flatteur…

Les femmes se retournaient des fois sur son passage, et cela avait beaucoup plus d’intérêt. Juste très excitant…

Elle mit ses affaires dans le casier, le ferma, attachant ensuite le bracelet où était fixé la clé sur sa cheville gauche.

Tandis qu’elle prennait une bonne douche chaude qui lui fit énormément de bien elle jetta un coup d’oeil sur le côté, où apparaîssait une partie du bassin olympique. Tout était calme, comme elle le soupçonnait. S’adaptant à ses horaires de travail, elle venait à la piscine comme elle pouvait, sans aucune habitude. Cette-fois ci elle était arrivée plus tard, réalisant avec plaisir en se garant sur le parking que celui-ci était presque vide. Tant mieux. Peu de nageurs, pas d’enfants et leurs cris insupportables, et comble du bonheur le grand bassin était libéré des lignes prévues pour les entraînements des clubs, ce qui était rare. Elle apprécia le silence, encore plus motivée. Tout s’annoncait bien. Elle fût un peu moins motivée en enfilant ses lunettes et son pince-nez, l’anti- drague certainement le plus efficace qu’elle connaissait, mais elle n’était  pas là pour draguer. Quoi que…  Parmi la dizaine de personnes présentes qui faisaient des longueurs, elle repèra une silhouette féminine qui nageait avec énergie et application, un crawl aussi parfait que puissant. Non seulement c’était une excellente nageuse, mais le peu qu’elle aperçut laissait deviner un beau corps, aux épaules bien dessinées, pas trop musclées, juste ce qu’il fallait, et des longues jambes qui s’étiraient dans des mouvements amples plein de grâce. Cela était prometteur, mais elle se résonna en se disant qu’elle n’était pas là pour ça. Et de toute façon sa tenue ne s’y prêtait pas, un véritable reméde contre l’amour ! Heureusement qu’elle ne mettait pas de bonnet de piscine, seul signe de coquetterie de sa part, pour laisser libre sa longue crinière de feu qui ,  elle le savait – comme elle savait en user et abuser - était l’atout majeur de sa beauté. Une chevelure rousse flamboyante qui attirait irrésistiblement tous les regards. On ne se refait pas ! Mais là il fallait vraiment qu’elle soit sérieuse et se concentre sur sa séance. Ce qui ne l’empêcherait pas de se mettre à nager à côté de cette femme – ou jeune femme – puisque sa curiosité était attisée. Et pourquoi pas en voir davantage, si les promesses étaient tenues ou si la déception serait de mise. Et cela ajoutait un peu de piquant à sa séance de natation.

Allez, il fallait y aller, ne pas se laisser distraire, une quinzaine de longueurs l’attendaient. Elle se glissa dans l’eau en empruntant l’échelle, avec un petit frisson devant la fraîcheur de l’eau qui devait avoisiner les 26 ou 27 degrés. Ce n’était pas grave, Julie allait vite se réchauffer avec ses longueurs, qu’elle entama en prenant calmement son temps et avec application. Au début, elle nageait toujours en ménageant ses efforts, faisant attention de ne pas se laisser essoufflée ; puis après, trouvant son rythme, elle se permettait d’accélérer progressivement. Ce qu’elle s’autorisa dès les 300 mètres parcourus. La belle inconnue l’avait dépassée une fois, laissant dans son sillage la vision d’une paire de fesses terriblement alléchante, ronde et ferme, légérement hâlée, et de jolies jambes qui brassaient l’eau dans un rythme à la fois vigoureux et élégant. Elle alternait brasse et crawl, avec certainement un plan d’entraînement bien établi qu’elle respectait à la lettre, sans se départir de son objectif. A chaque fois qu’elle la croisait, Julie essayait discrétement de l’observer, cherchant d’autres indices, mais entre les mouvements de l’eau, le bonnet et les lunettes de la jeune femme, et ses propres lunettes qui prenaient la buée, tout restait dans un flou suggestif. Mais le peu qu’elle voyait et son intuition lui dictaient que sa nageuse inconnue était une belle femme. Et jeune. Entre vingt et vingt çinq ans certainement, avec une marge d’erreurs très faible. Dommage… Trop jeune pour elle. Ce qui ne l’empêchait pas d’être toujours intriguée. Quand elle la dépassa pour la seconde fois, Julie essaya de la rattrapper pour rester juste derrière elle, et la mâter à son aise plus longuement. Elle avait des jambes et des fesses trop craquantes, impossible de ne pas regarder ! Julie sourit intérieurement en se disant qu’elle était décidemment incorrigible ! Et ce n’était plus à son âge qu’elle allait changer ! Après tout, on n’avait qu’une vie et elle la croquait toujours à pleines dents... Elle força l’allure. Peine perdue. Elle se laissa distancer rapidement. Tans pis, tout cela devenait un jeu maintenant, un jeu puéril pour agrémenter sa séance d’entraînement, cette délicieuse blonde était de toute façon trop jeune pour elle, inaccessible, et n’aimait certainement pas les femmes, encore une hétéro qui ne savait pas ce qu’elle perdait ! La vie était mal faite décidemment, quel gâchis que toutes ces femmes qui se raccrochaient à leur hétérosexualité pour rentrer dans le moule et fonder une famille, faire comme tout le monde. D’aprés les dernières statistiques, seulement 1,2 % des femmes s'auto-identifiaient comme homosexuelles ou bisexuelles. C’était peu, mais Julie était persuadée que ces chiffres ne tenaient pas compte de toutes ces femmes qui ne voulaient pas le reconnaître ou se l’avouer, se raccrochant à leur hétérosexualité malgré d’autres envies, ou continuant de  le cacher lorsqu’elles franchissaient le cap malgré la libération des mœurs. Enfin, peu importe, Julie avait suffisamment d’expérience pour être persuadée qu’il y’avait un fossé entre les statistiques et la réalité, et elle s’interroga malgré elle sur les mœurs de cette jolie inconnue qui décidemment occupait un peu trop ses pensées. Mariée ? Avec déjà un ou des enfants ? Célibataire ? Hétéro ? Lesbienne ou Bi ? Ou hétéro avec des tendances ? Ou… ? Bon sang, elle divaguait, c’était la première fois qu’une femme provoquait autant d’interrogations alors qu’elle ne la connaissait même pas et ne savait même pas à quoi elle ressemblait. Car, sous le bonnet et derrière les lunettes, cette jeune femme n’était peut-être pas aussi jolie qu’elle le paraissait. Un corps splendide, oui, mais de visage grosse interrogation ! En la croisant une nouvelle fois, elle essaya, en perdant toute prudence pour rester discréte, de l’observer plus longuement. Et, cette fois-ci, elle eut une vague impression de la connaître, quelque chose de familier dans l’oval du visage, des traits apparemment réguliers, beaux, une bouche sensuelle, mais encore une fois les conditions déplorables dans lesquelles elles étaient toutes les deux avec leur tenue de nageuse rendait tout méconnaissable. En tout cas, ce dont elle fut certaine, c’est que la jeune femme avait maintenant les traits tirès par l’effort – à peine – et constata que ses mouvements étaient   davantage saccadés, moins réguliers, tout en gardant le même rythme. Elle fatiguait mais n’abandonnait pas. Déterminée et têtue. Comme elle. Ce qui n’était pas pour lui déplaire. Cette jeune femme s’était fixée un objectif et ferait tout pour l’atteindre. Julie ne pu s’empêcher de sourire en réalisant que ce soir, exceptionnellement, elle n’avait rien réalisé de performant, toute distraite par sa belle inconnue. Cela faisait longtemps qu’elle avait perdu le compte de ses longueurs. Vingt peut-être… Certainement pas vingt çinq. Pas assez fatiguée pour ça… Et aucune envie de continuer alors que sa mystérieuse nageuse venait de s’arrêter, agrippée au bord de la piscine en haletant. Vite, Julie sortit de sa trajectoire d’une poussée et se dirigea vers elle en brassant pour se mettre à sa hauteur. C’est d’une voix un peu essoufflée qu’elle lui adressa la parole :

- Félicitations, je vous ai observée et vous êtes une excellente nageuse. Vous faites partie d’un club ?

Tête baissée, reprenant sa respiration, la jeune femme se tourna vers elle et lui sourit.

- Non, pas du tout, je nage pour mon plaisir, tout simplement…

Voix douce, cristaline, enfantine, accompagnée d’un sourire radieux qui semblait irradier tout autour d’elle… Elle se pinça la lèvre inférieure avec un air puéril et Julie crut défaillir. Elle était sous le charme et ne fit rien pour en sortir. 

- Et bien je peux vous dire que la Fédération française de natation se prive d’une excellente championne ! Dit-elle d’un air faussement thêatral.

La jeune femme rejeta la tête en arrière et éclata d’un rire spontané qui avait quelque chose de frais et de communicatif.

- Merci, c’est gentil, mais je ne mérite pas ce compliment. Des fois je nage avec les pros qui sont dans les lignes juste à côté et croyez-moi j’ai l’impression de faire du surplace, de m’enliser dans des sables mouvants tellement je suis à la traîne !

Spirituelle et avec de l’humour. Julie se sentait sur un nuage et n’avait aucune envie de retomber. C’était bon de se laisser porter par le souffle grisant de la séduction. Cette fille lui plaisait terriblement et, même s’il ne se passait rien, il fallait profiter du moment présent. Elle aimait séduire et être séduite.

- Vous avez fait combien de longueurs ? Demanda t-elle. Car croyez-moi vous ne donniez pas l’impression de vous débattre dans des sables mouvants. C’est plutôt moi qui nageait avec des blocs de ciment au pied !

La jeune femme éclata encore de rire, le visage illuminé par une joie de vivre qui faisait plaisir à voir.

- Trente. Pour l’instant je me maintiens à trois kilométres, et je compte augmenter la distance le mois prochain. Et vous ?

Julie haussa les épaules d’un air penaud.

- Oh, moi ? Juste la moitié ... Et je compte diminuer la distance le mois prochain. Question de ménager mon pauvre petit coeur un peu trop fragile et trop vieux pour toutes ces conneries !

Le rire de la jeune femme partit de plus belle. Julie adorait son rire. Et cette sorte d’insouciance et de spontanéité naturelle qui l’auréolait d’un charme fou. En même temps qu’elle était secouée par ses éclats de rire elle ôta sa paire de lunettes et Julie croisa alors un regard d’une douceur incroyable, d’un vert émeraude, où il était si facile de se noyer. Son coeur, du coup, loupa un battement.

- Mais vous n’êtes pas vieille ! lui dit la jeune femme d’un ton sincère.

- Tout est relatif, mais merci en tout cas, répondit Julie avec bonne humeur.

Toute subjuguée par son adorable interlocutrice, elle se rendit compte qu’elle n’avait toujours pas retiré ses lunettes pleines de buée – ce qui la faisait voir encore trouble comme une myope – et surtout, comble de l’horreur, elle avait gardé son pince-nez. En retirant tout cela elle garda une main sur le rebord de la piscine mais, sans le faire exprés, laissa remonter ses épaules et sa poitrine au-dessus de la surface de l’eau. Au moment où elle otait sa paire de lunettes, y voyant enfin beaucoup mieux, elle intercepta le regard de la jeune femme dans son décolleté. Une brève seconde, mais suffisamment pour la sentir troublée. Ses seins opulents qui débordaient du maillot et tendaient le tissu comme s’ils allaient tout faire craquer passaient difficilement inaperçus. De plus, sans savoir si cela était le froid qui commençait à la gagner en restant maintenant statique, ou tout simplement l’excitation d’être en présence d’une femme qui lui plaisait beaucoup, Julie savait que ses mamelons se dressaient insolemment sous le maillot mouillé, aussi visibles que si elle avait porté une tenue transparente.

Et cela, aussi, passait très difficilement inaperçu.

Elle eut l’impression que le visage de son adorable inconnue s’empourprait légérement, mais en était-elle certaine ? Mais elle donna l’impression en tout cas d’être nerveuse, perdant son beau sourire juvénile. Comme pour se donner une contenance ou sortir de son trouble, la jeune femme ôta son bonnet de bain d’un geste désinvolte, libèrant une chevelure blonde comme le blé, coupée mi-court, dont elle repoussa derrière ses oreilles des mèches rebelles, laissant juste une petite frange folle devant son joli front.

Et ce fût à cet instant pour Julie que tout lui apparut comme une évidence, une lumière qui jaillit dans un brouillard d’obscurité pour tout éclairer. Bon sang ! Ces cheveux blonds ! Cette bouche pulpeuse et sensuelle ! Ces yeux limpides et d’un vert intense ! Cette impression de familiarité qui l’avait submergé un bref instant en la croisant ! Comment était-ce possible ? Le portrait craché de sa mère !...

Confuse, elle balbutia :

- Ingrid ? C’est… c’est toi ?

L’autre sembla se mortifier, les yeux agrandis par la perplexité, le front barré par une concentration absolue, avant de la reconnaître à son tour et s’écrier :

- Tata Julie ? Mais oui, c’est incroyable, c’est bien toi !!!

D’un seul élan elle se jeta à son cou, l’enlaçant avec fougue, au risque de leur faire boire la tasse à toutes les deux. Julie se montra beaucoup moins expansive, encore sous le choc, et surtout confuse de ne pas avoir reconnu immédiatement sa nièce. Et, pire, l’avoir trouvée attirante et l’avoir abordée avec des idées derrière la tête ! Même si cette attirance tombait d’un coup dans les méandres du néant en la reconnaissant, elle ne pu réprimer un frisson voluptueux en sentant ce splendide corps féminin se serrer contre elle. Alerte ! Tous ses voyants clignotérent au rouge de façon alarmante ! Malgré l’odeur du chlore, les effluves capiteux du parfum de sa nièce se révélaient bien plus enivrants que ce qu'elle aurait  pu imaginer. En plus d'être canon, elle sentait terriblement bon, et Julie avait été toujours persuadée que l’odeur dune personne était un déclencheur important du désir. Dans tous les cas, ce frisson se transforma en tremblements incontrôlés, avec les aréoles de ses seins qui pointaient à lui faire mal. Vite, pour se justifier, elle se décolla de sa nièce et s’excusa :

- Pardon, mais je commence à avoir froid. Sortons de l’eau…

- Oui, oui, bien sûr !

Quand Ingrid s’agrippa à l’échelle pour monter la première, le premier refléxe de Julie fût de regarder ailleurs, mais elle ne pouvait pas lutter. Irrésistiblement attirès, ses yeux se portérent sur le déhanchement gracieux et l’arrondi appétissant des fesses qui montaient devant elle. Ce n'était pas humain d'être aussi bien foutue ! Puis, aussi, vite, elle détourna le regard.

«  Oh, reprends-toi bordel de merde, c’est ta nière que tu reluques comme ça «  se sermonna t-elle intérieurement.

C’est crispée qu’elle se retrouva debout face à elle. Ingrid, elle, était détendue et ravie.

- Non mais tu imagines le gag tata ! On nage côte à côte de longues minutes, on se parle, sans se reconnaître ! C’est du délire !

- On mettra ça sur le compte de ces foutues lunettes qui nous rendent méconnaissables et nous font ressembler davantage à des libellules qu’à des êtres humains !

- Oui, sans parler de la buée, du pince-nez, du bonnet, tous ces trucs horribles qui gâchent en une fraction de seconde tous nos efforts de coquetterie ! Au moins, à la piscine, avec notre look effrayant, aucun risque de se faire draguer par de gros lourdauds non ? s’exclaffa Ingrid.

Ironie du sort, pensa Julie, c’était elle qui avait été le gros lourdaud, version féminine sans une once de subtilité.

- Oui, c’est certain, répondit-elle avec un petit rire nerveux.

- Comme tu dis, déguisée comme ça on ressemble à tout sauf à des être humains !

Ingrid s’interrompit, jeta des coups d’oeil inquiets autour d’elle, roula de gros yeux effrayés, avec une grimace qui fit froncer comiquement son petit nez retroussé, et ajouta d’une voix grave venue d’outre-tombe :

- Brrrrrr… Les extra terrestres sont parmi nous ! David Vincent les a vus. Pour lui, tout a commencé par une nuit sombre, le long d'une route solitaire de campagne qui l’a menè jusqu’à une piscine municipale, alors qu'il cherchait un raccourci ! Et elles étaient là, dans l’eau, deux créatures horribles barbotant dans l’eau comme des crapauds affublés de yeux globuleux ! Brrrrr… Horreur, malheur !

C’en était trop pour Julie qui partit d’un fou rire incontrôlable ! Bon sang, cela faisait du bien de rire autant, elle ne se maîtrisait plus !

Intrigués, deux nageurs levérent la tête, et de sa cabine le maître -nageur leur jeta un regard désapprobateur avant de replonger le nez dans son livre.

- Et bien, tu connais tes classiques, et je ne te connaissais pas ce don pour le comique ! se réjouit Julie après avoir retrouvé son calme.

- J’ai changé tata depuis le temps… Cela fait presque dix ans que l’on ne s’est pas vu. Ce qui explique aussi que l’on ne se soit pas reconnue tout de suite.

Julie redevint grave et songeuse.

- Dix ans, déjà… Tu as… dans les 24 ans alors si mes comptes sont bons ?

- Bientôt, oui, dans 4 mois. Et toi cela fait longtemps que tu es de retour parmi nous ?

- Deux mois.

- Et tu ne comptais pas me prévenir ?

C’était plus une question qu’un reproche, même si le ton dénotait une certaine déception.

Julie se sentit coupable, ajoutant une couche à sa culpabilité déjà de l’avoir dragué éhonteusement, même si Ingrid ne s’était rendue compte de rien.

- Tu sais, rien n’est jamais aussi simple… c’est compliqué avec ta mère. Et son mari n’en parlons même pas !

- Mais, tata, tu parles là de mes parents ! Je m’en fous ! Je te parle de moi, Ingrid, ta petite nièce, qui est une autre personne à part entiére et qui n’a rien à voir avec vos conflits !

Pas de reproche encore, ni de la colére, mais juste de la tristesse. Une constatation. Julie n’avait aucune excuse, elle le savait, et ne trouva plus rien à dire pour se justifier. Son malaise fut si évident que sa nièce lui sourit de ce sourire ravageur dont elle avait le secret, illuminant son visage d’une joie bienveillante. Et sincère. Enjouée et excitée comme une puce, elle sautilla sur place et se jeta à nouveau dans ses bras.

- Oh ! Je suis tellement heureuse de te revoir !

Julie se crispa d’instinct, son cœur fît une embardée, accueillant encore ce contact étroit avec un frisson étrange qu’elle ne réusit pas à réprimer, mais heureusement l’étreinte dura une brève seconde.

- Bon, tata, il va falloir te faire pardonner, et pour cela je compte sur toi pour rattraper le temps perdu. Maintenant on ne se lâche plus !

Julie sourit. Son entrain et son insouciance étaient de véritables pépites d’or dans ce monde d’hypocrite.

- D’accord, avec plaisir. On a tellement de choses à se raconter, il nous faudra du temps, les journées ne seront pas assez longues…

- Et les nuits aussi ne seront pas assez longues, je compte bien passer des nuits blanches à papoter avec toi.

Bien malgré elle, Julie se dit qu’elle aurait bien passé des nuits blanches avec elle pour faire autre chose que papoter. Elle se traita mentalement d’incorrigible perverse avec un sentiment de honte. Il fallait vraiment qu’elle se calme… Ingrid interpréta son embarras pour autre chose et s’empréssa de vite la rassurer.

- Ne t’inquiète pas pour maman et papa, ils ne sont pas là. Ils vivent toujours à Paris, ce qui devait être un départ provisoire est devenu définitif en fait. Puis là ils sont en vacances pour trois semaines, ils sont partis avant hier. Et ils n’ont pas besoin de savoir, ce sera notre petit secret. On avisera ensuite de ce que l’on doit leur dire. Ou pas…

Julie ne pu retenir un sourire narquois.

- En vacances ? Allons, laisse-moi deviner…

Elle fit semblant de porter une boule invisible qu’elle matérialisa en formant un arrondi avec ses deux mains, puis reprit avec un don inné de comédienne :

- Je vois… je vois… Je vois des vacances organisées, club med, ou une croisière sur un paquebot de luxe… Des vacances où tout est carré, plannifié, dans l’abondance, et une sécurité maximale, sans surtout la moindre prise de risques…

Ce fût au tour de Ingrid d’éclater de rire et elle ne plus s’arrêter une demie minute. Il lui fut difficile de parler tant elle s’exclaffait :

- C’est tout à fait ça, oui, gagné tata ! Une croisière de luxe sur la mer Egée avec des étapes chronométrées à la seconde et des guides très prévenants et attentionnés, se pliant en quatre pour satisfaire les besoins de leurs clients. Tout ce que papa et maman adorent. Au début, papa avait envisagé l’idée d’une croisière sur le Nil, mais mamam a pris peur… Trop de risques… On ne sait jamais...une attaque terroriste ? Ou pire encore… alors ils ont opté pour une destination moins… dangereuse. Tu sais, ce n’est plus maintenant qu’ils changeront, et c’est ce qui fait tout leur charme, je les aime comme ça !

Julie se rendit compte que sa moquerie était maladroite, elle n’avait aucun droit de critiquer les parents de la jeune femme, surtout ouvertement devant elle. Décidemment, ce soir elle accumulait les erreurs. Elle n’était pas dans son état normal, complétement confuse, ne sachant pas comment gérer cette situation alors qu’elle se sentait toujours attirée par sa jeune nièce, et ce malgré tous ses efforts pour rejeter ce trouble qu’elle lui inspirait. Puis la tenue en maillot n’aidait pas ! Cela dévoilait beaucoup, de façon très suggestive, encore plus érotique que si Ingrid avait été nue. Son maillot deux pièces lui allait à merveille, de couleur blanche, rehausant sa peau dorée, avec une seule bretelle avec un anneau sur l’épaule gauche, ce qui dénudait l’autre épaule, belle et délicate comme de la porcelaine. Le bikini moulait à la perfection une petite poitrine au galbe harmonieux, en phase avec la silhouette svelte et élancée, au ventre plat, ferme, et aux longues jambes fuselées, musclées sans trop d’excés. Diable comme sa nièce était attirante et excitante ! Cela devrait être interdit ! Avait-elle seulement conscience de ses charmes ? Certainement pas, se disait Julie en essayant de se reprendre. Ingrid avait cette innocence et cette naîveté qui devaient lui faire ignorer son potentiel de séduction, dans l’incapacité d’en abuser. Elle cligna des paupières, détournant vite son regard sombre de cette vision éblouissante…

Difficile devant de telles formes de rester concentrèe, détendue, et de ne pas regarder , même en y mettant toute son énergie.  C’est comme si on voulait vous tenter avec les plus délicieuses friandises, mais interdit de regarder et encore moins d’y goûter. Un tel supplice ne devrait même pas exister…

- Pardon Ingrid, ma blague était stupide et maladroite, tes parents sont plein de qualité et je n’ai aucun droit de me montrer moqueuse ou irrévérencieuse…

- Oh, ne t’excuse pas, il n’y a aucun mal, t’inquiète je ne l’ai pas mal pris. Mes parents ont des qualités, mais je connais aussi leurs défauts, ils sont loin d’être irréprochables, je taquine souvent maman sur certaines choses, même si leurs intentions ont toujours été louables. Aucun parent ne posséde la solution miracle pour élever ses enfants. Ils pensaient faire bien quand ils se montraient trop sévéres, trop rigoureux, trop strictes, trop… Trop beaucoup de choses qui à l’époque me perturbaient pas mal, me renfermaient sur moi-même, m’empêchaient de m’épanouir et me faire mes propres expériences. C’est certain qu’ils me couvaient trop, me surprotégeaient…

Elle quitta brusquement son air trop sérieux et solennel, comme si cela ne lui allait pas, prenant une expression enjouée où ses yeux brillérent d’une lueur espiègle. Puis, d’une voix grave, se mit à chanter allégrement, tortillant ses jolies hanches et fesses au rythme des paroles :

- Fais pas ci, fais pas ça… Viens ici, mets-toi là...Attention prends pas froid ...Ou sinon gare à toi...

Julie éclata encore de rire, se tenant le ventre tellement il se nouait sous ses crises d’hilarité. Décidemment, Ingrid était pleine de surprises, drôle, spirituelle, dynamique, sportive, et avec certainement d’autres talents qu’il lui tardait de découvrir. Avec cette jeune femme on ne risquait jamais de s’ennuyer, tout le contraire de ses parents, cela elle en était sûre. Elles furent interrompues par le maitre-nageur qui se leva de sa chaise et afficha sur son visage une expression  sévére.

- S’il vous plaît, mesdames, un peu de silence…

Julie s’exclaffa en douce et murmura :

- Bon sang, on dirait un curé dans son église !

Ingrid ria sous cape. Puis, brusquement, demanda :

- On dîne quelque part ? On ne peut pas finir la soirèe comme ça. N’oublie pas : trop de temps à rattraper toutes les deux.

L’invitation était tentante, mais était-ce bien raisonnable. Puis l’idée de se retrouver avec elle dans le vestiaire, de la voir dans sa troublante nudité, cela l’effrayait autant que les bouffées de chaleur la submergeant à cette idée.

Elle avait eu son compte de mauvaises pensées pour la soirée et, même si d’habitude ce n’étaient pas les cas de conscience qui l’arrêtaient, elle avait des limites à ne pas dépasser. Sa niéce en faisait partie, cataloguée d’office dans la catégorie «  sacrée et intouchable « . Inutile de jouer avec le feu, être confrontée à l’éternel combat entre le bien et le mal, des conflits qu’elle préférait éviter. Car elle savait très bien que, malgré elle, dans le vestiaire, elle ne pourrait s’empêcher d’admirer son divin corps, suivre chaque courbe féminine du regard, ce qui inexorablement ferait monter le désir et provoquerait des pensées impures. C’était stupide de se faire du mal pour rien en désirant un corps de femme qui ne lui appartiendrait jamais. Elle écouta donc la voix de la raison.

- Non, je vais faire encore quelques longueurs, je n’ai pas fini mon programme. Il faut que j’en bave.

Elle faillit préciser que les efforts et la douleur seraient un bien piètre chatiment pour tout ce qui lui était passé par la tête ces dernières minutes. Suffisant à peine à expier ses pêchés...

- Mon compte Instagram n’a pas changé depuis les dernières fois où nous étions en contact. Tu l’as toujours ?

- Oui, bien sûr. Notre dernier contact remonte à mes dix-huit ans, moi aussi j’ai toujours le même compte. Je t’enverrai mon numéro de téléphone, ce sera plus simple.

- Très bien, aquiesça Julie. On se revoit très vite, d’accord ?

- J’y compte bien ! rèpondit Ingrid avec une étincelle rieuse au fond des yeux. Alors bonne fin de séance et à très vite !

Encore une fois ce fût naturellement que la jeune femme s’élança vers elle et l’étreignit chaleureusement. Julie l’embrassa vite fait du bout des lèvres en prenant garde de ne pas trop coller son corps au sien. Mais c’était sans compter sur l’éxubérance et l’insouciance de sa niéce qui se souda à elle étroitement, mettant en contact leur poitrine de façon innocente alors qu’elles s’étreignaient. Consternée, Julie ne pu que constater cette cruelle vérité : ses seins impudiques et hyper sensibles trahissaient sa confusion charnelle en se dressant encore une fois. Et là elle n’était plus dans l’eau pour dissimuler quoi que ce soit. Tout à coup, elle était effrayée de relever la tête… Ingrid s’en était-elle aperçue en se serrant contre elle ? Elle tremblait à l’idée de croiser son regard, faire face à son regard réprobateur… Ou moqueur… Ou… Elle ne savait pas trop, mais quoi qu’il en soit elle avait juste envie de s’enterrer et disparaître en croisant ses bras pour essayer de cacher sa honte au reste du monde ! Sans parler de cette bouffée de chaleur qui l’envahit et cette traître tension qui se fait violente dans son bas-ventre ! En se séparant elle croisa son regard, et constata avec soulagement que Ingrid lui souriait avec bienveillance. Voilà qui aurait dû calmer ses ardeurs mais il n’en était rien. Seule issue : la fuite ! Un dernier petit signe de la main avec un sourire qu’elle voulut détendu, et elle retourna dans l’eau avec empressement, descendant maladroitement l’escalier. Elle faillit même rater un barreau, jura fortement, se reprit de justesse, mais heureusement Ingrid lui tournait déjà le dos pour sortir et n’avait rien vu.

Inspirant et expirant profondément, Julie se remit à nager, souhaitant de toute son âme retrouver son calme et ses esprits. Il lui fallait d’urgence noyer son désir dans l’eau et relâcher la pression.

 

 

Il était 2 heures du matin. Julie poussa un grognement agaçé et éteignit son téléviseur. Même une émission inepte sur cette chaîne payante ne réussissait pas à la faire sombrer dans un sommeil réparateur. Puis l’alcool n’aidait pas, les trois gin tonic bus dans ce bar à Juan Les Pins avec ses deux vieilles copines lui faisaient encore tourner la tête. Mais cela lui avait fait un bien fou, se changer les idées, plaisanter et rire bruyemment, où son attirance pour sa nièce n’avait été alors qu’un vague et mauvais souvenir, embrumé par l’alccol et distrait par ses amies. Maintenant elle se sentait décalée, complétement déphasée par ce tourbillonnement d’émotions ressenti à la piscine. Evidemment, elle n’en avait pas parlé à ses deux copines, surtout pas ! Elle aurait eu trop honte. Et elle était avec elles pour penser justement à autre chose… Et là, encore, elle tentait de se concentrer pour ne toujours pas y penser. Sortir Ingrid de sa tête.

Elle s’étira en grognant avant d’éteindre la TV avec la télécommande et de se lever du canapé. Elle resta un moment immobile dans l’obscurité de son salon, à admirer les immeubles et les fenêtres sans vie de ce quartier populaire de Cagnes-Sur-Mer, dominant de son appartement du çinquiéme étage les toits à peine visible dans une pénombre sans étoiles. La nuit bercait la ville derrière sa baie vitrée. Pour elle aussi il était temps de se laisser bercer et elle gagna sa chambre en titubant un peu.

- Tu as un peu trop bu, ma vieille… constata-t-elle à voix haute.

Elle commença à se dévêtir en posant ses vêtements sur une chaise, à côté de son armoire, dont la grande glace fixée sur une porte attrapait son reflet dans une semi-obscurité avantageuse, là où la lumière tamisée gommait les défauts. Surtout son ventre légérement arrondi, qui était plat il n’y avait pas si longtemps. Sans parler de ses hanches trop larges à son goût. Mais le reste était vraiment pas mal, cela elle le savait. Alors elle goûta avec délice l’étrange sensation de brûlure qui parcourait sa peau à mesure qu’elle se déshabillait. Comme si elle voulait séduire une personne invisible dans la chambre, l’affoler d’un strip-tease improvisé, un jeu sensuel dont elle-même se laisserait charmer. Elle avait encore des jambes magnifiques, à la peau douce et veloutée, luisante dans la pénombre, qu’elle caressa lentement après avoir ôté son pantalon en flanelle moulant. Electrisée maintenant par le frottement du tissu léger du pull qu’elle fit passer au-dessus de sa tête, elle se débarassa ensuite du carcan de dentelles qui entravait sa lourde poitrine et qui rejoignit le pantalon d’un geste négligeant sur le sol. Avec un certain orgueil et fausse pudeur, elle croisa les bras sur sa poitrine nue, ne réussissant à peine à dissimiler ses seins épais et gonflés. Ils étaient encore fermes, et rendaient folles de désirs ses partenaires féminines. Et impossible de ne pas les regarder ! Ingrid n’avait-elle pas à son corps défendant jeter un coup d’oeil troublé dans le décoletté de son maillot de bain ? A ce souvenir, elle frissonna de plaisir, sa chair se hérissant d’une trop agréable sensation. Espiègle, elle joua avec les reflets moirés que la lumière tamisée dessinait sur sa peau de rousse. Se retournant pour cambrer ses fesses, elle les effleura du bout des ongles, provoquant d’autres frissons. L’esprit alangui par l’alcool, l’obscurité et le souvenir de la piscine, elle se prit à l’idée d’imaginer Ingrid dans la chambre, témoin impuissant de son spectacle devant le miroir, comme si une force invisible l’empêchait de ne plus pouvoir sortir, l’obligeant à regarder sa tante se montrer en spectacle. Terriblement émoustillée, Julie s’approcha à petits pas de la glace pour y presser doucement ses seins opulents, rendus presque douloureux par trop de désir accumulé, goûtant à la fraicheur du miroir et toutes ces étranges sensations absorbant tout son être par d’intenses vibrations si délicieuses. Elle faisait corps avec tous les fibres de sa sensualité, en osmose avec une féminité exarcerbée par tant d’émotions, comme possédée. Et cette puissance qui l’habitait n’en finissait pas de l’envahir, plus forte, quand elle ferma les yeux pour mieux materialiser dans son esprit la présence toute proche de sa nièce. Qui s’approchait d’elle… La prenait par les épaules, posait sa tête au creux, collait son corps nu contre son dos. Sa chaleur la gagnait, la tétanisait. Elle ne pu retenir un violent frisson quand elle sentit des mains douces descendre le long de ses flancs, glisser sous sa hanche, se faufiler là où la peau était plus douce, plus brûlante, au creux de l’aine. Effleurant son pubis… Caressant avec une lenteur exaspérante le bord de son sexe. Enflammant son bas-ventre qui bouillonnait de l’intérieur. Avec ce parfum envoûtant qui la grisait, l’odeur de l’innocence, la fraîcheur,  celle de sa nièce qui s’aventurait sur un terrain glissant et ô combien dangereux en cherchant à explorer son corps de femme, dont elle ignorait tous les secrets, où elle avait tant à apprendre… Tout cela, cette impression de contact, d’odeur, de sensations, l’énivraient… Elle ressentait l’excitation de Ingrid qui frémissait à l’approche du fruit défendu, encore hésitante, s’arrêtant à la frontière du pubis. Julie entendait sa respiration haletante. Tout contre elle, à quelques millimètres de son oreille. Elle n’en pouvait plus… Julie s’entendit gémir d’impatience, fléchissant les jambes, écartant les cuisses, se portant au devant de la caresse qui ne venait pas et la torturait… C’était insupportable. Elle n’était que désir, au sommet de son paroxysme. Un désir presque bestial. Irrésistible. Magnétique… Où les longues heures qui s’ensuivraient avec sa nièce seraient les plus folles et enfiévrées de tout ce qu’elle avait vécu jusqu’ici avec ses autres partenaires. Ella la voulait, là, maintenant, comme elle n’avait jamais désiré aucune autre personne Et toujours son odeur de jeune femme. Elle sentait si bon.

 

 

 

 

 

 

Une poutre se mit à craquer dans la vieille demeure, attirant l'attention de Julie qui se réveilla avec un petit soupir de bien-être. Elle guetta les bruits, soulagée de ne pas entendre le vent souffler. Tant mieux, pas de mistral aujourd'hui. Vu la lumière qui filtrait à travers les rideaux, il devait déjà être tard. Aucune importance, c’était dimanche et il y’ avait longtemps qu’elle n’avait pas fait la grasse matinée. Elle s’étira sensuellement avant de sortir du lit, jetant en même temps un regard amusé sur le corps nu qui reposait sur le rebord, entortillé dans des draps défaits. Des draps encore froissés, véritable champs de bataille, souvenirs d’ébats torrides et agités une bonne partie de la nuit. Avec une femme. Nadine, rencontrée dans ce club libertin que Julie avait pris l’habitude de fréquenter depuis son retour en France. Un bon coup qu’elle ne regrettait pas. Alors qu'elle s'asseyait pour remettre un peu d'ordre dans sa crinière sauvageonne de rousse, glissant en même ses pieds dans des chaussons, la femme dans le lit ouvrit les yeux et tendit les bras avec un grand soupir de bien-être. Contemplant avec gourmandise son amante d'une nuit, surprise de constater qu'elle avait encore envie d'elle. Sa nuisette presque transparente avait glissé sur ses épaules, laissant deviner un sein épais, et d'instinct Nadine avança une main et sentit frémir la peau d'une hanche dénudée par la soie remontée. Elle glissa vivement vers l'intérieur de la cuisse, mais Julie la repoussa aussitôt avec un petit rire nerveux.

- Je t'en prie... Il faut que je me lève pour nous préparer le petit déjeuner.

Des protestations qui manquaient de fermeté. Elle se dressa dans un mouvement gracieux et Nadine respira un peu plus vite en admirant les courbes harmonieuses que contenaient difficilement la soie légère de la nuisette. Julie était du genre fort gabarit, mais divinement proportionnée, avec des rondeurs agressives là où il fallait, tout en fermeté. Avec ses longs cheveux en bataille d'un roux flamboyant, son corps voluptueux et son regard de braise, elle ressemblait à une farouche amazone. Mais, ce qui avait frappé Nadine dés leur première rencontre dans le club libertin, c'était l'extraordinaire sensualité qui se dégageait de toute sa personne, une sensualité à laquelle se mêlait de la perversité. Et elle en avait eu confirmation durant une bonne partie de la nuit...

A regret, elle la suivit des yeux quand elle sortit de la chambre. L'odeur du café qui provenait de la cuisine atténua un peu sa frustration. Elle s'assit sur le rebord du lit et alluma une cigarette avec délice. Le rituel du matin.

Maintenant, des odeurs de pain grillé lui chatouillaient agréablement les narines.  A son tour elle sortit de la cuisine et vint rejoindre son amie dans la cuisine.

- Salut.

- Bonjour.

Julie lui demanda ce qu'elle voulait et lui servit des céréales et du café. Elles mangèrent silencieusement, l’une en face de l’autre. Julie s'était beurrée des tartines grillées et les trempait dans son bol avec un petit air gourmand. Sans faire de commentaires, se contentant de sourire. Toutes les deux avec des souvenirs plein la tête, des souvenirs sensuels et intenses qui égaieront cette belle journée.

Elles finirent de manger à peu près en même temps. Julie débarrassa la table et mit les bols et couverts dans le lave- vaisselle. Pendant ce temps, Nadine traînait nonchalamment dans le salon, observant la décoration, les photos et cadres qui ornaient le mur.

Julie alla la rejoindre lorsque Nadine poussa un "  ouah ! "  aussi exubérant qu’admiratif.

-  Qu’est-ce qui t’arrive ? s’enquit Julie.

Bouche bée, Nadine restait plantée devant une photo. Le visage en transe, elle se tourna vers son amie qui approchait.

-  Bon sang, cette fille est superbe ! C’est qui ?

La photo ressemblait à une carte postale. Plage de sable fin, mer cristalline. Et, devant un lagon, appuyée avec nonchalance contre un palmier, une créature de rêve posait dans toute sa splendeur.  Jambes croisées,   voluptueusement cambrée dans une pose alanguie, c’était une superbe jeune femme qui alliait sensualité et innocence. Elle était affriolante dans un maillot une pièce qui mettait en valeur une silhouette souple et gracile, avec une poitrine délicate en phase avec la taille fine. Une féminité à la fois sensuelle et enfantine, dans un contraste terriblement affolant…

En observant à son tour cette photo, Julie eut la gorge sèche.

-  C’est Ingrid, ma nièce.

-  Et ?

-  Et rien. Comme je viens de le dire, c’est ma nièce.

-  J’ai compris. Elle est terriblement craquante. Et tu n’as jamais essayé avec elle ?

Julie tourna la tête et l’observa comme si elle avait proféré une aberration.

-  T’es folle ou quoi ? Ingrid est comme ma fille. Je l’ai vue naître et grandir, je la faisais sauter sur mes genoux en la faisant rire aux éclats.

- Et alors ? Maintenant tu pourrais l’avoir sur tes genoux pour faire plein d'autres choses. Ce sont là des jeux bien plus intimes et bien plus agréables. Et douée comme tu es, je doute qu’elle te résiste bien longtemps. D’ailleurs, si cela se trouve, elle ne demande que ça…

-  Arrête tes délires ! Ingrid est différente. Sérieuse, studieuse, fiancée, des rêves plein la tête… Et je te rappelle que c’est la fille de ma sœur. Donc de la famille. Donc intouchable… Sujet clos !

Nadine se passa une langue gourmande sur les lèvres et l’observa avec un peu trop d’insistance. La satisfaction d’avoir touché un point sensible…

-  Allez, ne me fais pas croire que cela ne t’a jamais traversé l’esprit. Séduire et initier ta jolie nièce à tes petits jeux interdits, l’entraîner dans ton lit et la révéler aux plaisirs lesbiens. Je suis certaine que tu en meures d’envie…

Julie sentit sa respiration s’accélérer. Plutôt mourir que lui avouer que cela lui était arrivé d'y penser, se glisser dans le lit de sa nièce  pour lui faire l’amour comme elle ne l’avait jamais fait, réalisant un fantasme qui la torturait de plus en plus souvent depuis son retour en France. C’était à la fois délicieux et insupportable, un désir interdit encore plus intense parce qu’il était tabou et honteux, lui faisant passer des nuit agitées et débridées, un plaisir jamais atteint dans sa solitude, mouillant et souillant les draps alors qu’elle se mordait les lèvres jusqu’au sang pour ne pas hurler sa frustration. Mais elle n'avait pas envie d'en parler, c'était son jardin secret, et elle était certaine que cela allait passer avec le temps, où elle finirait par se faire une raison.  Nadine plongea son regard dans le sien, comme devinant ses pensées intimes. Elle esquissait un sourire à la fois complice et grivois.

-  Oh, j’ai deviné juste, n’est-ce pas ? Tu te la ferais bien ta jolie nièce…

Julie fut incapable de lui en tenir rigueur.

-  Et toi tu es une vraie diablesse. Sous tes petits airs de sainte-nitouche se cache un monstre de perversion.

-  J’assume complètement. Et mes fantasmes je les assouvis aussi totalement. Alors, Julie, si tu ne tiens pas à devenir folle, je te conseille vivement de franchir le pas avec cette douce et ingénue jeune femme. Car, si cela se trouve, elle est peut-être comme moi, c’est à dire pas si innocente que ça… Avec un corps comme le sien, ce serait du gâchis de ne pas explorer un peu plus loin tous les secrets qui s'y dissimulent. Qui sait, sous ses airs innocents, c'est peut-être un volcan endormi qui ne demande qu'à s'éveiller. Alors autant que ce soit toi qui en profite...

Sur ce, sa main descendit le long de la nuisette de Julie et s’introduit entre ses jambes. Elle lui caressa le vagin  et lui empoigna un sein de l’autre main. Julie ferma les yeux et se tendit en vibrant à sa rencontre.

- Arrête, Nadine... Il faut se préparer et sortir, j'ai plein de choses à faire...

La main sur son sexe se faisait plus précise, plus insistante. Éperdue de désir, Julie y répondit par un grognement charnel. Qui se transforma en râle extasié quand Nadine se mit à genoux à ses pieds, lui soulevant la nuisette, se penchant près de son sexe, l'effleurant du bout de la bouche. Julie creusa les reins en gémissant de plaisir, se tendant au-devant de la bouche entrouverte. La voix de Nadine lui parvint comme une caresse.

- Ferme les yeux. Et imagine que c’est ta nièce qui te caresse, qui découvre ton corps. Laisse-toi faire…

Julie ne dit rien. Déjà, elle avait du mal à respirer, oppressée par une excitation insoutenable. Nadine, tout en picorant sa toison secrète de petits baisers fiévreux,  lui effleurait à peine le bord de ses grandes lèvres, remontant jusqu’au clitoris. Julie vibrait de toutes les fibres de son être au contact de la langue qui la parcourait délicieusement. Elle s’entendit déjà crier de surprise et de plaisir, emportée par un tourbillon vertigineux, prélude d’un orgasme encore plus inouï que les précédents. Car, dans son esprit enflammé, laissant libre cours à ses fantasmes, elle imaginait l’innocente Ingrid lui procurer cette même caresse, et cela était insupportable…

Nadine la prit à pleine bouche, l'englobant presque entièrement d'une aspiration rapide tout en l'affolant de circonvolutions expertes de la langue, faisant en même temps coulisser ses doigts autour des parties intimes qu'elle ne pouvait pas absorber. Se sentant aspirée toute entière, Julie se mit à râler de bonheur à l'annonce de l'orgasme qui allait l'anéantir de plaisir. Nadine le perçut aussi et se redressa aussitôt, avec un air sadique. Julie hurla sa frustration;

- Non ! Petite garce, tu ne peux pas me laisser dans cet état !

Nadine la laissa sur sa faim, se précipitant dans sa chambre, y revenant avec un gode-ceinture qu’elle se dépêchait de fixer autour de sa taille. Ce même gadget qu’elles avaient utilisé cette nuit…

-  Je vais te sodomiser, Julie, comme tu aimerais sodomiser ta nièce, lui faire découvrir des choses incroyables dont elle ignore l’existence et qui lui ferait perdre la tête…

Voix rauque pleine de promesses, qui fouettait si bien son imagination.

Nadine se laissa tomber à genoux derrière elle et reprit ce qu’elle avait abandonné.  Elle lui mordillait les fesses puis se mit à lui lécher l’anus. Elle versait de la salive pour mieux l’humidifier et elle remplaçait de temps en temps sa langue par ses doigts afin de contrôler la dilatation. Folle d’excitation, Julie la supplia de la prendre rapidement tout en s’accrochant au mur, cambrant le dos, tortillant son postérieur. Collée contre elle, frottant ses seins contre son dos, Nadine lui susurrait des phrases grivoises au creux de l’oreille.

-  Ta nièce, tu aimerais la prendre par derrière, la faire crier de plaisir, la dévergonder de toutes ces caresses entre femmes qui rendent les hétéros folles de désir ! Dis-moi que tu en as envie sinon je t'abandonne dans cet état !

-  Oui, oui ! J’ai envie de lui faire l’amour comme je n’ai jamais fait à une autre femme, tu ne peux pas savoir à quel point !

Nadine fixa son gode entre ses fesses et la pénétra rapidement en lui tenant les hanches. En même temps, elle s’accrochait à ses seins et la sodomisait comme une dératée, avec la fureur de celle qui ne contrôle plus son désir. Et Julie adorait ça, la perte de contrôle, les pulsions animales qui prennent le dessus, abandonner toute morale et toute dignité pour se perdre dans la déchéance la plus totale. Ce qu’elle aimerait tant partager avec sa nièce, lui faire connaitre l’extase suprême, les plaisirs sans fin entre femmes.

A cette idée, ses jambes se mirent à trembler. Mais Nadine la soutenait, lui maintenait les jambes levées alors qu’elle se lovait plus souplement dans la fourche de ses cuisses écartées.

La faisant crier à en perdre la raison…

 

Ingrid attrapa le reste de la pizza qui refroidissait dans l’assiette. Elle baissa l’intensité de l’halogène qui était prés du canapé, plongeant ainsi le salon dans une semi-pénombre plus reposante et adéquate à une bonne soirée télé. Pour la centième fois, elle regardait avec plaisir la série des "Angélique " . Elle les connaissait par cœur mais elle ne s’en lassait pas. Elle replia ses jambes sous elle et pesta en faisant tomber un morceau de pizza sur la moquette. Il lui fallut faire un terrible effort de volonté pour quitter son regard de la télévision, cherchant des yeux le morceau rebelle qui avait échappé à sa vigilance. Trop tard. D’un bond souple, vif comme l’éclair, son chat ramassa le bout de pizza et fila avec en ronronnant de satisfaction.

- Sale petit voleur !

Un juron que son chat accueillit avec un petit miaulement approbateur. Il disparut avec son larcin. Déjà, elle l’avait oublié, mâchant distraitement son repas, les yeux rivés sur l’écran. Elle était fascinée. De l’amour, du romantisme, de l’émotion et un souffle épique, voilà tout ce qu’elle aimait. Sa sensibilité à fleur de peau vibrait à l’unisson, faisant battre son cœur au rythme des aventures de la belle et indomptable Angélique. Elle se sentit frustrée lors du générique de fin. Il lui faudrait attendre la semaine prochaine pour attendre la diffusion de la suite, «   angélique et le sultan  », son aventure préférée. Avec dépit, elle se leva, s’étira voluptueusement avant d’éteindre son poste de télévision. Elle gagna sa chambre d’un pas nonchalant et, en passant devant l’armoire, s’immobilisa devant le grand miroir. Elle observa le reflet de sa silhouette. Grande et mince. Sa jeunesse lui conférait des lignes pures, des formes agréables et fermes, un corps voluptueux. Sa silhouette élancée qui se mouvait avec un mélange d’innocence puérile et de sensualité provoquait le torticolis de tous les hommes qui croisaient son passage. Et son visage ovale, doux et enfantin, aux lèvres pleines, son nez en trompette, et ses cheveux d’or qui cascadaient sur ses épaules, finissaient de désarçonner les hommes qui se retrouvaient bouche bée et stupide. Ainsi, peu osaient l’approcher, s’imaginant certainement qu’une aussi délicieuse créature étaient déjà comblée d’amour et inaccessible, et ceux qui franchissaient le pas avaient une assurance et un ego si démesurés qu’ils en devenaient vite désintéressant. En fait, tous se trompaient sur sa personne. Ingrid était d’une nature timide, sauvage, avec peu de caractère et de confiance en elle. Ce qu’elle arrivait à dissimuler parfaitement avec un applomb désarmant, beaucoup d’humour, au point de s’étonner elle-même, comme si une autre nature sommeillait en elle, enfouie au plus profond, mais hésitant encore à émerger. Un contraste qui la déstabilisait des fois, cherchant ensuite à se rassurer, persuadée que son manque de maturité en était responsable, qu’elle se cherchait encore… Après tout, à 24 ans à peine, n’était-ce pas normal ?   Elle passait donc souvent ses soirées toute seule, recluse dans son grand appartement, entre ses livres, ses études, et ses films. Elle habitait un appartement spacieux dans une résidence calme de grand standing,  au cœur de Cagnes-sur-Mer. Elle appréciait le confort qu'il lui apportait . Un lieu de vie trop vaste sans doute pour elle,  mais qui avait l'avantage d'être lumineux,  ouvert,  fonctionnel, complètement équipé et optimisé,  elle s'y sentait bien et en sécurité.  Avec la chance de ne rien payer puisque c'étaient ses parents qui réglaient le loyer au propriétaire chaque 1er du mois par virement bancaire. L'un des privilèges d'avoir des parents riches, ce dont elle était parfaitement consciente. Autant dire que sa vie ne s'embarrassait pas trop de contraintes ou obligations, et elle savait que pour maintenir ce train de vie durant toute son existence,  sans compter trop longtemps sur l'aide de ses parents, il lui fallait travailler dur,  et pour l'instant se concentrer à fond dans ses études,  avec tous les sacrifices que cela impliquait. Pas de sorties entre copines - cela tombait bien elle n'en avait qu'une qui était encore plus studieuse qu'elle  - et peu de loisirs trop contraignants. Des longues promenades en solitaire où elle pouvait laisser ses idées vagabonder. Et la natation qui allait très très bien,  un sport indépendant qu'elle pouvait pratiquer comme bon il lui semblait, où elle aimait se faire mal et se surpasser, la preuve flagrante qu'elle était capable de beaucoup, libérant un certain potentiel qui finirait bien par trouver sa voie.  En attendant,  elle se se satisfaisait de son quotidien monotone, même si elle avait l'impression de stagner,  de s'ennuyer. Il manquait quelque chose à sa vie,  un vide qu'elle ne réussissait pas à combler. Elle avait une routine bien installée, un peu trop d'ailleurs, une zone de confort qui l’agacait et la rassurait en même temps. Donc rien de passionnant.  Sa vie était légèrement différente le week-end où son fiancé revenait à l’appartement. Chauffeur-routier, il passait la semaine sur les routes, et avait au moins trois week-end sur quatre pour honorer de sa présence son immense trois pièces. Hélas, sa présence ne changeait pas grand chose. La routine n’était même pas brisée, voir plutôt perturbée, ce qui avait le don de l’agacer. Trop fatigué de ses semaines de travail pour sortir, il s’enfermait entre son ordinateur et ses deux disques durs, sa X-Box et les rares films qu’il regardait alors avec elle, quand ce n’était pas des films d’horreur ! Se faire ensemble une séance home cinéma était sans doute le seul loisir qu’ils partageaient. Sauf le lit bien évidemment. C’était l’instant unique où ils retrouvaient une certaine complicité, dans une brève osmose de tendresse et de plaisirs, dans la retenue et la pudeur. Ingrid attachait peu d’importance aux choses du sexe. Elle avait très peu d’expérience avec les hommes, peu encline à briser les tabous, guère curieuse de s’aventurer dans des terrains inconnus, et il faut dire aussi qu’aucun homme n’avait réussi à lui procurer un plaisir grandiose, celui qui égare et chavire, celui qui donne envie de s’épanouir et d’aller toujours plus loin. Le sexe, c’était bien mais sans plus, une pulsion naturelle à pratiquer en toute normalité deux ou trois fois par mois, et voilà… C’est presque avec soulagement qu’elle le revoyait partir le lundi matin, contente de retrouver ses habitudes. D’une certaine manière, cette vie tranquille était ne prendre aucun risque, et cela lui convenait parfaitement. Tout comme sa mère, elle avait hérité d’un tempérament frileux et prudent, même si des fois elle inspirait à des audaces et des surprises qui pourraient en étonner plus d’un. Un petit grain de folie qu’elle exprimait dans l’humour et sa joie de vivre, avant qu’il ne se libére un jour autrement, " le déclic ”, qui finirait bien par arriver, sans savoir dans quoi exactement. L’avenir le lui dirait, elle était encore jeune. Ses études terminées, elle aurait tout loisir pour se lancer dans la grande vie et affronter le monde dans sa triste réalité. "  Et je rencontrerai peut-être le vrai prince charmant, celui qui fera tomber toutes mes barrières "   se dit-elle. En attendant, même son chat Micka avait une existence plus passionnante que la sienne. 

Cette pensée amena un sourire sur ses lèvres. Avec une bouffée de positivité sur un avenir plus exaltant et joyeux.  Bientôt sa vie allait changer,  elle en était certaine.  Il lui fallait d'abord rencontrer les bonnes personnes. Et le destin ne lui avait-il pas déjà donné un signe en la faisant rencontrer par hasard sa tante à la piscine ? Elle avait aimé cet instant de partage et complicité, avec de la joie et des rires,  comme si quelque chose s'était passé entre elles,  un sentiment indéfinissable qu'elle n'arrivait pas à expliquer.  Avec sa tante elle avait eu envie d'être spirituelle,  drôle,  lui plaire et l'envie de se l'attacher pour la revoir de nouveau. Elle ne savait pas pourquoi.  Elle était consciente que sa tante était son contraire,  sûre d'elle, une femme en pleine possession de son pouvoir de séduction, sexy, certainement audacieuse et aventurière,  qui avait déjà certainement des expériences de la vie palpitante,  et prête à en vivre d'autres.  Une femme hors du commun.  Déterminée et qui savait ce qu'elle voulait. Et, pourtant,  elle l'avait senti gauche et déstabilisée en sa compagnie, comme troublée, elle en était persuadée,  son instinct le lui disait. Et, chose encore plus incroyable,  Julie s'était également sentie intimidée par cette femme, sans en connaître les raisons.  Sa tante dégageait quelque chose de particulier, une sorte de pouvoir, un sex-appeal deroutant, un érotisme animal dans ses gestes, son regard,  et toutes les parties de son corps voluptueux qui crépitait d'ondes puissamment charnelles.  Son maillot de bain moulait à la perfection un corps généreux aux formes lascives, et Ingrid avait eu toutes les peines du monde à détourner les yeux de cette superbe poitrine opulente qui attirait irrésistiblement son regard. Un moment, elle s'était sentie perdue, un panel d'émotions avec la forte envie de la contempler de la tête aux pieds sans aucune discrétion, pour le plaisir des yeux, profiter du spectacle dés qu'elle en avait eu l'occasion. C'est d'un élan spontané qu'elle s'était jetée dans ses bras, et elle n'aurait pas dû,  car à son contact son cœur avait battu la chamade , elle avait eu la bouche sèche,  et pire que tout son ventre s'était mis à bouillonner, brûlant à l'intérieur, comme si chaque millimètre de sa peau,  en étroit contact avec la chair de Julie,  avait perdu tout contrôle, s'enflammant instantanément, dans une sorte de brasier et, encore plus dangereux et effrayant, une sorte d'osmose, où elle avait ressenti une alchimie intense. Elle avait tout fait pour ne rien laisser paraître,  consciente que ses yeux et son émoi avaient du la trahir, morte de honte, avec l'intime conviction que sa tante avait ressenti la même décharge émotionnelle. Alors, pour masquer son trouble, elle avait joué la carte de l'insouciance et de l'humour, se reprenant vite, pensant à autre chose. Et cela avait été si bref, si fugace. N'avait-elle pas imaginée tout cela,  un moment de fatigue, de faiblesse ?  Elle ne savait plus trop. Peu importe, elle ne devait plus y penser,  c'était malsain et inconvenant. Sur cette ferme conviction, elle décida de se mettre au lit.

La lumière s’éteignit dans sa chambre vers une heure du matin.

 

 

Ingrid rejoignit la rue et se glissa dans sa petite Twingo. Elle prit la direction de Mougins, et s’arrêta en cours de route dans une supérette pour y acheter quelques bières. Elle devait se rendre chez sa tante qui venait de s’installer dans la région. Ingrid et Julie ne se ressemblaient en rien. Ingrid avait vingt-quatre ans et Julie était proche de la quarantaine. Si Ingrid se sentait plus à l’aise seule chez elle, Julie ne perdait aucune occasion pour sortir régulièrement depuis son divorce. Elle avait été mariée pendant neuf ans, la plus grosse erreur de sa vie comme elle se plaisait à le répéter, et se faisait maintenant un devoir à rattraper le temps perdu après tant d’années gaspillées avec un homme qui ne lui avait apporté que des soucis. Ingrid n’en savait pas davantage, leur amitié étant trop récente. Mais elle en apprendrait certainement plus. Julie était aussi extravertie et volubile que Ingrid était discrète et prudente. Mais sitôt qu’elles étaient ensemble, un charme opérait et une connivence sincère les animait. Ingrid sortait de sa réserve et se sentait libre et audacieuse, entraînée par l’entrain et la fougue de sa tante. Leurs conversations ne se tarissaient jamais et s’étiraient souvent très tard la nuit.

La Twingo s’immobilisa devant une petit villa de couleur saumon, en plein milieu d’un joli et coquet lotissement.

Julie ouvrit la porte. C’était une grande femme aux formes épanouies, avec de longues mèches rousses qui étaient aussi naturelles que toutes les taches qui parsemaient sa jolie peau mate. Un large sourire illumina son visage à l’arrivée de son amie. Elle l’embrassa avec chaleur.

- Bonsoir, belle et jolie inconnue.

- Salut, jeune et heureuse divorcée.

- Jeune ? Merci, tu me flattes…

Elles se tenaient les mains, heureuses de se retrouver.

Puis Julie s’effaça pour la laisser entrer dans le vestibule. Et la dévora du regard alors qu’elle se dirigeait vers le salon. Julie ne se lassait pas de la contempler. Jeune, fraîche, naïve et pétillante, avec un corps de rêve au sex-appeal incroyable, Ingrid avait tout pour elle. Sa robe d’été épousait ses lignes pures et graciles avec une insouciance qui la rendait encore plus désirable. Délicieuse femme-enfant ! En s’installant sur le canapé, la robe remonta plus haut sur ses cuisses, dévoilant une peau parfaite et délicate. Julie s’efforça de détourner le regard.

- Repas chinois, ça te dis ?

- Parfait.

Elle disparut dans la cuisine. Elle haussa le ton pour demander :

- Tu as de nouvelles de tes parents ?

L’esprit d’Ingrid s’évada vers Paris où ses parents étaient partis vivre un an plus tôt. Son père, cadre supérieur dans un hypermarché franchisé, avait été promu et par la même occasion muté Porte de Vanves. Sa femme, experte comptable, qui prévoyait de changer d’employeur pour cause d’opportunités réduites dans son cabinet à Nice, l’avait donc suivi sans la moindre hésitation, trouvant à Paris des portes grandes ouvertes qui répondaient parfaitement à ses ambitions. Ingrid avait grandi ici, à Grasse, ses rares amis s’y trouvaient ainsi que tous ses repères, et la peur de l’inconnu lui interdisait de quitter sa petite vie tranquille de provinciale. Elle avait ici tout ce qui la sécurisait. Sensible et poète, elle pouvait s'adonner à des longues marches contemplatives, se confectionner des bouquets de Lys de la Madone, blancs et sucrés, ou se griser du parfum poivré de La Violette Victoria Odorata. Elle adorait ces mélanges subtils de couleur et d'odeur, avec une préférence pour les notes délicieusement épicées et amères de la fleur d'Oranger. Elle était ici chez elle, son terroir, sa bulle d’oxygène. Par conséquent, elle n’avait pas voulu suivre ses parents, prétextant ses études à poursuivre et son attachement à ses origines, et ses parents avaient respecté sa décision. Ils lui avaient donc laissé l’appartement en toute confiance, connaissant le rythme pépère de leur fille, et même soulagé qu’un garçon vienne s’y installer de temps en temps pour rompre sa solitude. L’idée de laisser seule une jeune et jolie femme était toujours source d’inquiétude pour des parents prévenants et, après avoir fais connaissance de son petit ami, Gilbert, un jeune homme bien sous tout rapport, poli, doux et rêveur, les avait quelque peu rassuré. Comme le retour de Julie. Créatrice de mode fantasque et hyper active, elle revenait de New York pour envisager d’ouvrir un magasin de mode à Antibes ou Cannes. Son retour au pays était donc un réel soulagement pour sa sœur qui, du coup, avait un proche de la famille à proximité pour veiller sur sa fille chérie. Les deux sœurs étaient à l’opposé sur bien des sujets, mais entretenaient toujours des rapports tendres et bienveillants.

- Oui, ils vont bien. La vie stressante de Paris semble leur convenir à merveille, ils semblent heureux comme ça !

- Tant mieux !

- Tu as besoin d’aide ?

- C’est pas de refus.

Ingrid la rejoignit dans la cuisine. Pendant que sa tante préparait le repas, Ingrid disposa assiettes et couverts sur des plateaux, installant le tout dans la salle à manger, sur une splendide table en verre fumé. Elles se mirent assez vite à table et dînèrent avec appétit. Le vin, après la bière, coula généreusement. Vers onze heures, elles étaient à moitié ivres, riant pour un rien, se moquant et critiquant le monde entier. Elles s’installèrent devant la télé. Ingrid se laissa tomber sur le canapé, tenant à peine sur ses jambes. Julie, avant de la rejoindre, posa ses mains sur sa taille, se déhanchant exagérément.

- On s’est empiffrée comme des cochonnes ! C’est pas comme ça que je vais perdre mes kilos !

- Arrête ! Tu es parfaite.

Son corps voluptueux impressionnait Ingrid. Elle avait beaucoup de charme. Il se dégageait d’elle une énergie sexuelle qui émanait comme de l’électricité, cette aura de sensualité que Ingrid n’avait jamais encore perçue sur aucun homme, et encore moins sur une femme.. Avec une femme pareille, les hommes devaient perdre leurs moyens, se laisser étourdir et dominer. Julie était du genre à tenir les rênes et imposer sa volonté. Son âge jouait en sa faveur, de l’expérience qui ne s’interdisait aucun tabou et aucune perversion, que plus personne ne pouvait surprendre. Malgré ses rondeurs, son ventre était ferme et ses cuisses musclées. Les hommes devaient être fous de ses hanches généreuses et, surtout, de ses seins volumineux, lourds, qui devaient répondre aux fantasmes masculins le plus exigeants. A ses pensées impudiques, Ingrid se sentit embarrassée. Cela n’était pas dans ses habitudes, elle avait trop bu. Elle ne s’offusqua pas lorsque la conversation dérapa sur des sujets plus personnels, où Julie lui demanda comment elle avait connu Gilbert et ce qui lui plaisait chez lui. Quand Ingrid répondit un peu mièvrement, elle se fit insistante. Elle voulut savoir si elle l’aimait. Là, Ingrid pouffa.

- Il est gentil.

- Gentil ? C’est tout ? Tu es avec lui parce qu’il est tout simplement gentil ?

- Oui. Et doux, attentionné, avec d’autres qualités sans doute. Je suis bien avec lui. Mais c’est trop tôt pour parler d’amour.

- C’est déjà bien de le reconnaître. Et au lit, il est bon au moins, ou gentil tout simplement ?

Ingrid sentit la crise de fou rire monter. Une idée saugrenue lui traversait l’esprit et elle n’arrivait pas à s’en défaire. Julie sentit son hilarité et s’empressa de demander :

- Quoi ? Vas-y, parle.

- C’est que… Voilà, je n’ai jamais attaché d’importance à la taille du sexe de l’homme, car pour moi c’est futile et insignifiant tout ça, mais Gilbert a un tout petit… un tout petit pénis !

Elles éclatèrent de rire en même temps. Une lueur d’intérêt s’alluma dans les yeux de Julie. Elle simula une petite taille en joignant ses deux doigts à quelques centimètres l’un de l’autre.

- Petit comme ça ?…

- Presque.

- Non, c’est pas vrai ? Il ne te donne pas de plaisir alors ?

Ingrid se sentit devenir rouge comme une écrevisse. Elle était partagée entre le rire et la honte.

- C’est moyen. Mais cela n’a rien avoir avec la taille de son engin. Enfin, je pense… Les autres hommes que j’ai connu avant -juste deux, pas des tonnes non plus ! - étaient mieux lotis dans ce domaine mais ne savaient pas mieux s’en servir… Bref, cela n’a jamais été…

Elle hésitait et Julie continua à sa place :

- L’apothéose… Le grand frisson ?..

- C'est ça. Tu as deviné. Je suis une incorrigible romantique, et je crois que je n’ai jamais rencontré le bon, le vrai, le Prince Charmant qui m’emportera vers le septième ciel. Je suis ce genre de fille qui doit être follement amoureuse pour atteindre le nirvana.

- C’est ce que tu crois. Peut-être que tu n’auras jamais le déclic avec aucun homme.

Un air gourmand passa sur le visage de Julie. Intriguée, Ingrid questionna :

- Comment ça ? Tu veux dire que je ne rencontrerai jamais l’homme de ma vie ?

- Il n’existe peut-être pas. Tu n'es peut-être pas faite pour aimer les hommes, tout simplement... Tu es sans doute lesbienne et tu l’ignores.

Ingrid roula des yeux effarés. Puis elle éclata de rire.

- Tu me taquines, là ! Moi, une lesbienne ? Ridicule !

- Qui sait ? Moi aussi, j’ai connu ça, le manque d’alchimie et la magie qui n’opéraient jamais avec mon mari.

- Et c’est pour cela que tu l’a quitté ? Pour une simple histoire de cul ? Tu as rencontré un autre homme qui t’a fait grimpé aux rideaux, c’est ça, hein ?

Le visage de Julie devint grave.

- Je l’ai quitté, oui, mais pas pour un autre homme. Pour une femme. Et une femme qui me faisait grimper aux rideaux comme aucun homme ne l’avait jamais fait.

Ingrid resta sans voix. Un silence pesant s’installa plus longuement que prévu. Elle réussit enfin à croasser :

- Ah… Je ne savais pas. Et tu es… tu es toujours avec elle ?

- Non. Notre rupture s’est mal passée, cela m’a beaucoup fragilisée et meurtrie… C’est l’une des raisons qui m’a poussée à rentrer au pays.

Ingrid se sentait horriblement embarrassée. Elle ne savait plus quoi dire.

- Désolée , je ne savais pas… Et maman est au courant que tu… enfin, que tu aimes les femmes maintenant ?

- Tu plaisantes j’espère ? J’adore ma sœur mais elle est tellement rigide et austère qu’elle ne me le pardonnerait pas… D’ailleurs, je compte sur ta plus grande discrétion…

- Évidemment ! Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer !

Sa spontanéité naturelle enchanta Julie qui se détendit et éclata de rire.

- Je t’adore, Ingrid ! Ta jeunesse...  Ta joie de vivre est un véritable bain de jouvence ! Tu me rappelles tant Susan…

La mélancolie la gagna de nouveau.

- Susan ?

- Oui, mon amante américaine. Elle avait ton âge… Aussi jeune, belle, et si pétillante… Mais beaucoup moins innocente que toi.

- Ah ?

- Elle était très gourmande des plaisirs de la vie. Et surtout du sexe dans tous ses excès. C’est elle qui m’a tout appris. Et m’a fais découvrir tant de choses différentes… En outre, le libertinage.

- Le libertinage ?

- Oui. L’amour libre dans toute sa splendeur. Sans contrainte et sans complication. Sans artifice. Depuis notre rupture, je ne prends que le meilleur, c’est à dire le plaisir à l’état brut, comme bon il me semble et avec la partenaire qui me plaît, ce qui reste en totale harmonie avec mon caractère indépendant.

Ingrid était terriblement embarrassée. Les confidences intimes de sa tante la faisaient rougir. Celle-ci continua :

- Elle m’a dévoilé un univers que j’ignorais et elle a tout chamboulé, mes repères, mes convictions… Cela a été au début extrêmement déstabilisant. Mais j’ai fini par réellement adoré cela, je lui ai tout donné, tout cédé, et je ne comprends toujours pas son envie de mettre brusquement un terme à notre liaison. Elle m’a brisé le cœur et l’échangisme me permet maintenant de m’enivrer de sexe sans jamais m’attacher. Avec des femmes exclusivement, bien évidemment…

Ingrid se sentait tiraillée entre la gêne et une curiosité débordante. Elle ouvrait les yeux sur un monde inconnu, passionnant, foisonnant, et voulait en apprendre davantage.

- Mais… Tu crois que tu es réellement lesbienne ou que tu vas revenir aux hommes ?

- Les hommes ? Plus jamais ! J’ai goûté au fruit défendu et je m’en suis délectée… Je te le répète, je compte bien renouveler l’expérience et rattraper le temps perdu, crois-moi ! Même si je dois aller pour cela en enfer

- Tu n’iras pas en enfer pour ça quand même ! Et, après tout, après ce que tu as vécu et souffert, tu as raison d’en profiter.

- J’ai raison ? Ces mots sonnent étrangement dans ta jolie petite bouche… Tu as toujours été si prude et un peu vieux-jeu… Comme ta mère.

- Oh ? Pas autant j’espère !

- Non, je te taquine… Mais je suis tout de même certaine que l’idée de coucher avec une autre femme ne t’a jamais effleuré l’esprit.

- Et tu as bien raison… Les femmes, c’est vraiment pas mon truc. Tiens, moi qui me plains d’avoir un amant avec un tout petit sexe, comment je ferai avec une femme qui n’en a pas du tout ? L’horreur ! Je serai trop frustrée.

Là, le visage de Julie s'éclaira d'une joie perverse.

- Pas du tout, bien au contraire… Les femmes savent se donner du plaisir de toutes les façons inimaginables. Elles peuvent user de variantes et de fantaisies que tes rêves les plus fous n’oseraient jamais soupçonner. Attends, je reviens…

Vive comme l’éclair, elle se dressa d’un bond et disparut dans sa chambre. Ingrid était de plus en plus gênée. Sa tante, une lesbienne ? Jamais elle ne l’aurait imaginé. Maintenant, certains gestes qu’elle avait eu envers elle prenaient toute leur signification. De manière anodine, d’abord, sa façon de la complimenter sur son physique, la serrer dans ses bras, se faire caressante et attentionnée… Cela voulait-il dire qu’elle la draguait ? Non, c’était absurde, elle divaguait… Elles étaient de la même famille, sa tante l’avait vue grandir, lui donnant le biberon, la prenant dans ses bras pour lui raconter des histoires, et son récent coming - out ne changeait en rien leurs relations. Tous ses gestes tendres n’avaient aucune ambiguïté. Mais ne lui avait-elle pas avoué que sa maîtresse américaine avait son âge ? Ce qui pouvait dire que Julie entretenait pour elle une attirance secrète et interdite. Et que plus elle y luttait et plus ses pulsions gagnaient en intensité.  

A cette idée, une bouffée de chaleur monta en elle. Autant les avances d’un homme l’agaçaient prodigieusement, autant les attentions d’une femme envers elle avait quelque chose de nouveau, de flatteur, de troublant presque… Tout cela était intensément bouleversant. Plaire à une femme et de surcroît à un membre de sa famille ! L’interdit était étrangement stimulant !

Ses yeux s’écarquillèrent de surprise lorsque Julie revint avec un gadget inconnu et monstrueux, d’une taille impressionnante. Sa tante le brandit avec fierté, comme un trophée.

- Tiens, voilà un gode ceinture. Plus besoin d’homme pour prendre du plaisir. Avec ça, les effets sont garantis, il y’ en a pour tous les goûts et toutes les tailles. Pas de panne, pas d’éjaculation précoce, c’est du plaisir non stop pour de longues heures et de longues nuits. Aucune déception et aucune frustration possibles. Les hommes peuvent se rhabiller avec leur engin ridicule dont ils ne savent même pas se servir !

Ingrid tenta de contrôler les tremblements nerveux qui l’agitaient de la tête aux pieds. Des images impudiques passaient devant ses yeux. Julie avec une autre femme – sa jeune amante américaine – tenant son faux sexe comme une arme redoutable pour le pointer vers les cuisses de cette autre femme. Julie se met à genoux, écarte les jambes de sa partenaire en les relevant et plonge son gadget monstrueux dans le sexe féminin, entièrement rasé, ouvert et brillant de sa liqueur intime, accueillant goulûment la pénétration alors que le va et vient prend un rythme de plus en plus soutenu. Et la pénétration s’éternise, dure une éternité, faisant hurler la femme de plaisir qui n’en peut plus d’être terrassée par des orgasmes successifs. Et cette femme, brusquement, ce n’est plus Susan, mais c’est elle, Ingrid ! Une Ingrid méconnaissable et survoltée alors que son corps exige toujours plus de plaisirs ! La pensée était si vive qu’elle en ressentit les sensations jusqu'au creux du ventre, comme une boule brûlante. Désorientée, elle sentit les pointes de ses seins se dresser et elle se mordit les lèvres pour ne pas gémir de plaisir. Elle détourna vite les yeux, rouge comme une pivoine, honteuse et perdue. Julie affichait un sourire satisfait avant de repartir avec son gadget. Elle revint les mains vides, riant pour un rien et prenant un malin plaisir à taquiner Ingrid.

- Tu ne savais pas que les femmes utilisaient des sex-toys pour se donner encore plus de plaisir ?

- Si, si, bien sûr… s'empressa t-elle de répondre.

- Tu mens très mal ma chérie. Tu es tellement naïve et innocente. Ta fraîcheur et ton insouciance feraient des malheurs si je te présentais à quelques-unes de mes amies New Yorkaises. Elles donneraient leur âme au diable pour t’initier à leurs petits jeux érotiques. Il n’y a pas plus excitant que pervertir une hétérosexuelle convaincue, de surcroît si jeune et inexpérimentée.

- Arrête de me prendre pour une écervelée qui ne connaît rien à la vie !

Ingrid n’aimait pas la tournure que prenait cette conversation. Elle passait pour une idiote, une vierge effarouchée, et même si cela était en partie vrai elle se vexait qu’une autre personne vienne le lui rappeler. Julie ne lâcha pas le morceau, la titillant là où cela faisait mal.

- Je suis certaine que si une de mes amies te draguait ouvertement, tu serais morte de honte et empotée. Tu fuirais ventre à terre au lieu de l’affronter ou la provoquer, car tu es bien trop coincée pour faire preuve d’audace ou de témérité.

- N’importe quoi ! Personne ne m’a jamais fait peur, et encore moins une femme qui voudrait m’entraîner dans son lit. Au contraire, cela m’amuserai de l’allumer, de jouer avec elle… Ce serait trop drôle de l’aguicher pour la laisser ensuite sur sa faim !

Ingrid ne se reconnaissait plus. Elle ne serait jamais cru capable d’avoir de tels propos, mais Julie avait le don de l’agacer et la blesser dans son orgueil. Cette dernière ne cessait de l’observer avec ironie, avec un sourire à la fois moqueur et vorace. Elle se régalait de la provoquer et Ingrid partait au quart de tour, trop ivre pour y détecter la moindre malice. Julie avança sournoisement un autre pion sur l’échiquier.

- Et tu ferais quoi pour l’aguicher ?

Ingrid ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Son esprit embrumé ne trouvait aucune solution, et c’est sans réfléchir qu’elle balança brusquement :

- Je lui ferai un strip-tease. C’est ça, une danse lascive qui lui laisserait la langue pendante et la bave couler sur le menton ! Tu sais, comme les dessins animés de Tex Avery, les yeux exorbités et les mâchoires qui tombent ! Avec ce loup lubrique et obscène...

Aussitôt elle l'imita. Abandonnant sa moue enfantine, elle retroussa les lèvres et montra les dents, qu'elle avait petites et blanches, légèrement irrégulières. Elle roula des yeux, loucha exagérément, et gronda d'un air farouche.

Prise au dépourvu, Julie s’esclaffa d'un coup. Mais, revenant vite sur le sujet qui l’intéressait, la défia volontairement :

-  Toi ? Allumer une femme ? Je voudrai bien voir ça !

Piquée au vif, Ingrid se dressa d’un bond, si prestement que la tête lui tourna. Elle retrouva son équilibre, et commença d’une main tremblante à se déshabiller, se déhanchant en même temps au rythme d’une danse fictive.                 

Ses gestes étaient mal assurés, ses mouvements maladroits, son sourire emprunté alors qu’elle tentait d’afficher une sensualité forcée, mais sa beauté et sa fraîcheur rayonnaient d’une telle énergie que Julie en eut vite la gorge sèche. Ses lèvres sans maquillage étaient rose pâle, et sa peau semblait crépiter d'une fougue contenue, soyeuse et chaude, comme animée d'une vie propre. Ses cheveux d'or rejetés en arrière dans ses mouvements de danse faisaient ressortir davantage ses pommettes hautes et ses grands yeux immenses qui brillaient d'une passion secrète. Julie était sous le charme...  Son regard restait figé sur ce jeune corps parfait qui se mouvait devant ses yeux comme une délicieuse offrande, et elle en avait des picotements au creux des mains. Elle résista à la tentation. Devant elle, Ingrid continuait d’exécuter quelques pas en tournant sur elle-même, balançant les hanches au rythme d'une musique imaginaire. Julie suivait chacun de ses mouvements, agréablement surprise par la grâce naturelle de la jeune femme. Peu à peu, Ingrid gagnait en assurance, en sensualité. Le spectacle devenait fascinant. Sans cesser de l'observer, Julie but une gorgée de vin, reposant vite son verre en réalisant que sa main n'avait jamais autant tremblée. Elle notait avec émotion que sa jeune nièce balançait les hanches avec moins de retenue et que sa façon de soulever son ventre devenait nettement suggestive. Elle vit aussi que ses doux yeux de gazelle brillaient d'un éclat anormal. Ingrid avait trop forcé sur l'alcool et en ressentait les effets. Ce qui n'était pas pour déplaire à Julie. Elle tenta une expérience.

- Et tu n'irais pas plus loin ?

Soutenant son regard sans ciller, Ingrid passa sa robe au-dessus de sa tête, sans cesser de se tortiller voluptueusement. Son vêtement tomba au sol doucement, comme un film au ralenti. Julie en avait les yeux exorbités, la gorge sèche. Main tremblante ou pas, elle avait bien besoin d'un remontant, et finit son verre d'un trait. Ingrid virevoltait toujours, superbe et affriolante en dessous sexy. Le regard brûlant de Julie glissait sur les jeunes seins arrogants aux douceurs exquises, à peine contenus par un soutien-gorge couleur fuschia. Buste gracile, taille souple, rondeurs affriolantes des fesses sous le tissus du shorty, longues jambes racées... Ainsi, Ingrid était la jeune femme la plus désirable. Si fragile et troublante dans ses sous-vêtements qui la rendaient terriblement sexy. Depuis son retour, Julie devait reconnaître qu’elle pensait souvent à Ingrid avec plaisir, nouant le désir de la revoir, de goûter sa présence féminine, sa timidité et sa fragilité qui lui donnaient envie de la protéger, la réconforter. La jeune femme apportait quelque chose de frais et de spontané dans la maison, une forme de pureté à laquelle elle ne se serait jamais crue sensible. Elle était agréable, vivifiante et pétillante malgré sa réserve, et elle gardait de toutes leurs soirées une nostalgie éthérée. Souvent, la nuit, ses sentiments prenaient d’autres tournures beaucoup moins innocentes, l’envie de corrompre cette délicieuse ingénue, de l’initier à toutes formes de perversions qui la ferait devenir une authentique lesbienne totalement libérée de ses inhibitions. Il lui arrivait souvent de fantasmer sur elle, atteignant des orgasmes aussi rapides qu’intenses qu’elle en restait ensuite désorientée, malade de honte et de remords. Un mal délicieux qui l’obsédait. Et ce qu'elle contemplait maintenant n'allait pas calmer ses nerfs et rendre ses nuits plus paisibles... Ingrid, comme possédée, l'aguichait d'un lascif balancement des hanches, agitant souplement les reins d'avant en arrière, en mimant les gestes de l'amour. Terriblement excitante. Ou Julie se demandait maintenant si la timidité de sa jeune nièce ne dissimulait pas de sombres pensées, un feu intérieur exacerbé, dévoilant un tempérament de feu. Les jeunes femmes trop sages pouvaient des fois se révéler d'ardentes amoureuses, se comportant de façon inattendue dans le feu de l'action. S'efforçant de garder la tête froide, Julie se reprit et secoua la tête pour chasser ces pensées impures. Elle ne voulait plus y songer. D'ailleurs, le charme se brisa, quand Ingrid tituba et tomba en avant. Julie l’accueillit aussitôt dans ses bras. Prévenante, elle l’étendit sur le canapé, la positionnant confortablement sur le dos, et Ingrid s’abandonna avec un râle éperdu. Elle était divinement affolante ainsi étendue, comme offerte, juste vêtue de dessous affriolants qui la rendait encore plus désirable. Julie n’y tint pas, lui caressa les épaules, le ventre, avec une douceur infinie. La caresse prit Ingrid par surprise qui se tendit comme un arc.

- Chut, détends-toi, lui susurra Julie au creux de l’oreille.

Sa voix était apaisante. Elle lui sourit, lui promit que tout allait bien. Ingrid se laissa bercer, se détendit. Bientôt, une chaleur intense envahit son corps alors que des doigts légers dessinaient des courbes autour de son nombril, remontant vers le haut, glissant entre ses deux seins pour escalader doucement celui de gauche.

Julie trouvait qu’elle avait une poitrine splendide et le lui dit d’une voix rauque. Elle posa sa main à plat sur le sein d’une façon plus appuyée, s’arrangeant pour frôler la peau nue prés de la bretelle. La caresse était réellement déplacée, et Ingrid ressentit un long frisson inconnu, si différent. Cela n’était pas désagréable, bien au contraire. Julie, la respiration sifflante, s'enhardit. L'atmosphère était  chargée d'électricité, une tension érotique pesante, où Julie se sentait oppressée par des pulsions sexuelles trop retenues et exacerbées pour ne pas y céder. Au diable les remords et les cas de conscience ! Il s'agissait, à présent, de trouver un prétexte pour assouvir des envies trop pressantes. Son amie Nadine avait raison, cette attirance qu'elle refoulait finirait par la rendre folle

Elle pencha la tête vers le visage de sa nièce, se grisant de son parfum capiteux, ce qui finit de la bouleverser. Il montait de cette chair fraîche une odeur d'innocence, d'interdit, des effluves capiteux qui la chaviraient. Ses lèvres frémissantes frôlaient la bouche sensuelle, le fruit défendu. Ingrid  sentit un souffle chaud vers son cou, et le contact du léger baiser qui s’ensuivit la sortit brutalement de sa torpeur. Elle tressaillit et se leva brusquement. En reprenant ses esprits, elle se sentait perdue et désorientée. Sa tante avait-elle réellement essayé de l'embrasser ou n'était-ce que le fruit de son imagination ? Peu importe, elle se sentait mal, le cœur au bord des lèvres. Elle balbutia des excuses, mit sa robe en vitesse et sortit précipitamment. Julie la rattrapa alors qu’elle regagnait sa voiture.

- Reste, ne fais pas l’idiote. Tu n’es pas en état de conduire.

Ingrid secoua la tête, dans l’incapacité de parler. Elle était encore bouleversée, en état de choc. Elle semblait soudain très petite, très frêle dans l'obscurité de la rue déserte. Julie sentit une vague de tendresse l'envahir : elle aurait voulu la prendre dans ses bras, la protéger et chasser ses hésitations en la rendant heureuse comme jamais elle ne l'avait été, dans les affres du plaisir absolu entre femmes, mais elle ne savait pas trouver les mots qu'il fallait,  et insista juste pour qu’elle ne prenne pas le volant et qu’elle dorme dans la chambre d’amis. Mais Ingrid refusa catégoriquement. La fraîcheur de la nuit lui avait remis les idées en place et, sans un regard en arrière, elle démarra et s’éloigna à vitesse réduite.

 

Une heure plus tard, pour apaiser le feu qui tourmentait ses sens, Julie coulait une main entre ses cuisses. Ployant complétement les jambes afin de s'ouvrir davantage, elle se caressa, grisée par les sensations merveilleuses que lui procurait l'affolant massage au cœur de sa féminité brûlante. Elle gémit de plus en plus fort. Un long râle dont l’écho résonna à l’infini dans toute la chambre, s’échappa de sa gorge. La tête renversée en arrière, les lèvres entrouvertes, une main enserrant fortement les coins du drap, les jambes repliées, elle ne put contenir plus longtemps le flux de sensations qui déferlaient en elle. Son autre main s'activait, fouillant son sexe, un doigt titillant son clitoris, les autres glissant et pénétrant dans une vallée humide. Et alors que sa vision se brouillait, les tempes bourdonnantes, elle s’entendit haleter, puis crier : "Oh! Oui!". Avant d’être violemment envahie par une vague de plaisir, une de plus, d’une intensité rare qui la fit se tordre dans tous les sens, et lui arracha des gémissements entremêlés de plaisir et de complaintes inintelligibles. Puis, sans qu'elle ne le décide, comme une évidence, imprégnée par son fantasme, elle reprit d'une voix brisée :

- Oh oui ! Ingrid ! Oh, Ingrid ! Laisse-moi te rendre heureuse !

Avant d’être submergée par un autre orgasme qui la fit défaillir et lui fit atteindre des sommets encore méconnus. Tremblante... En sueur... A demi consciente, elle s’entendit prononcer ce prénom avec une ferveur vibrante, comme une extase :

- Ingrid... Ingrid...

Elle s'en saoulait, se grisait, et cela relançait d'autres envies, la piquait au vif, la rendait vorace et insatiable. Alors elle se caressa de nouveau, les yeux humides, le regard brouillé, apercevant en image floue son reflet dans l’immense glace encastrée au plafond. Son image dans le miroir ne la choqua nullement. Elle reflétait la vérité, une femme possédée par des démons de la chair, entortillée dans des draps de soie rouge, les jambes entrouvertes, écartelée, indécente, les seins et le ventre en feu, les tétons érigés, ses lèvres charnus boursouflées, gonflée de désir, le corps gorgé de vitalité, les cheveux en bataille, le regard fou. Avec cette lueur sauvage et flamboyante dans le regard, quand elle s'imaginait emprisonner sous elle le corps nu et haletant de sa nièce, offerte, vulnérable, fragile, se tortillant pour lui échapper, la suppliant, mais avec une flamme ardente dans les yeux qui disait le contraire, le désir de se laisser faire, s'abandonner, être l'esclave docile et consentante qui se plierait à toutes les exigences.  Et, alors que sa nièce cessait de lutter, vaincue, baissant les armes pour dévoiler sa vraie nature, elle n’était plus que soupirs et vibrations, proie et offrande, tourbillon d'émotions et de plaisir à l’excès. Où Julie pourrait enfin se repaitre librement de sa jeunesse et de son innocence, extraire de ce corps divin toute vitalité érotique, tout fluide charnel, pour se gaver jusqu'à épuisement de toutes ses richesses, ses secrets... Dans son délire de la pervertir, Julie s'imagina les réactions de sa nièce dans les affres du plaisir lesbien, en découvrant d'autres plaisirs, comment elle se comporterait, réagirait, plutôt docile et d'une sensualité à fleur de peau, dans la douceur et la délicatesse, où plutôt fougueuse et perverse, ardente et espiègle ? Tombant le masque, se dévoilant corps et âme, prendrait-elle des initiatives ou resterait-elle dans le rôle de la soumise ? Était- elle clitoridienne ou vaginale ? Les deux ? Pour encore plus de plaisir... Julie n'en pouvait plus de se poser mille questions, elle ne savait plus où donner de la tête, s'interrogeant entre des spasmes qui la faisaient se tordre comme une limace. Ses propres doigts jouant avec son clitoris la rendaient folle. Elle n’avait qu’une envie : hurler. Ce qu'elle fît sans retenue, foudroyée par un orgasme plus intense.

Puis, haletante, le cœur battant à tout rompre, elle tentait de recouvrer ses esprits, vainement...

 

 

Ingrid déverrouilla la porte de l’appartement et entra. Elle déposa ses affaires sur un des sofas. La journée à l’université avait été longue et fastidieuse, courant d’une salle de cours à une autre pour finalement s’enfermer trois longues heures à la bibliothèque afin de prendre des notes en vue de son mémoire de fin d’année. Elle n’aspirait plus qu’à une soirée bien calme devant la télé avec un plateau repas. Une rediffusion d’un film avec Sandra Bullock, une comédie sentimentale comme elle les adorait, serait le programme idéal. Elle aimait au fond gérer sa vie comme elle l’entendait, sans contrainte, sans risque, un cocon douillet dans lequel elle se complaisait. De plus, grâce à ses parents qui la protégeaient de tout besoin financier, elle pouvait s’assumer sans difficultés. Le week-end vint plus vite que prévu, avec la présence d’un Gilbert plus fade et ennuyeux que jamais. Le samedi soir, ils firent l’amour, d’abord sans passion, comme un besoin hygiénique pour assouvir quelques instincts naturels et pour garder quelques liens affectifs. Alors que le désir avait du mal à venir, des images de Julie et ses ébats avec son amie Susan envahirent sa tête et enflammèrent vite son corps. Alors que le sexe de son ami n’allait pas au fond d’elle, la laissant sur sa faim, elle se sentait animée d’une ardeur dévorante, un besoin incontrôlable d’aller au bout de ses envies . D’assouvir ses fantasmes. Lesquels ? Elle l'ignorait, mais elle sentait bien au fond d'elle-même un désir inassouvi qu'elle ne s'expliquait pas. De toutes ses forces, elle s'accrocha à Gilbert au-dessus d'elle, qui allait perdre encore trop vite. Craignant encore que la relation se terminât avant qu'elle fût satisfaite. Elle imaginait toujours les deux femmes ensemble, le rêve persistait, tenace et agréable, et un plaisir intense l'envahit alors. Juste comme son extase débutait, elle ouvrit à ce moment là les yeux, et vit brusquement le visage de Julie au-dessus d'elle, et non celui de son fiancé. Alors le plaisir la submergea et pour la première fois elle poussa un cri.

- Je t'ai fait mal ? s'inquiéta aussitôt Gilbert.

- Non, non, ça va... le rassura t-elle.

Honteuse de l'image de sa tante qui avait jailli devant ses yeux, honteuse d'avoir perdu le contrôle, elle roula sur le côté et se recroquevilla sur elle-même, refoulant ses larmes. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Était-ce ce show érotique de fin de soirée qui l"avait autant bouleversée ? Au lieu d'avoir honte de se dévoiler ainsi devant une femme, elle avait éprouvé au contraire un voluptueux plaisir à s'offrir toute entière à son regard. Avec d'étranges vagues de chaleur qui avaient parcouru son corps avec une violence grandissante, faisant vibrer ses seins et son ventre d'un désir jusque là inconnu. Comme chavirée par des sensations nouvelles, des forces obscures, appelant des caresses féminines de toute sa chair. Depuis qu'elle fréquentait sa tante, elle se sentait différente. D’abord, quelque chose d’indéfinissable s’était déclenchée en elle. Puis, elle avait eu ce sentiment bizarre de braver les interdits, qui avait fini par se transformer en une excitation grandissante. Ingrid ne se reconnaissait plus. Elle était bien loin la fille plutôt timide et réservée, limite coincée. Elle avait laissé place à cette femme sensuelle, sauvage, brûlante, impudique, qui se montrait curieuse et intriguée par des plaisirs nouveaux. Un gode-ceinture ? Ce gadget sexuel que Julie lui avait montré l’obsédait. Bon sang, elle ne cessait d'y penser à ce sex-toy ! Elle avait pensé sex-toy, se surprit-elle. Et se demandait comment une femme pouvait s'en servir ? Mon Dieu ! Quand est-ce que cela s’arrêterait-il ? Mais voulait-elle que cela s’arrête ? Pourtant, il y’ avait des désirs qu’on ne peut pas satisfaire, des expériences qu’on doit ignorer, et la raison fît retomber son excitation aussi vite qu’elle s’était allumée. La tentation d’y céder l’obséda le lendemain. Seule entorse à ses habitudes, le repas dominical chez ses futurs beaux-parents, ce qui s’avérait alors la corvée la plus ennuyeuse de toute sa vie. D’autant plus qu’elle ne faisait que fantasmer sur Julie et l’utilisation de son gadget, et elle se montra encore plus absente. Il lui fallait penser à autre chose pour reprendre ses esprits. Mais cela n’était pas facile alors qu’une petite voix intérieure lui disait qu’elle était troublée par cette femme, et que sa morale refusait de l’admettre. Quand elle se demandait si elle était lesbienne, elle s’efforçait aussitôt de chasser cette pensée ridicule, comme prise en faute. Mais il n’y avait pas que cela.

La présence de Julie lui manquait.

Son dynamisme, sa vivacité, son humour. Elle lui apportait un vent de liberté. De l’assurance et de la chaleur. Julie lui prodiguait un véritable réconfort, de l’audace, la sensation d’être belle et désirable, et l’envie de se laisser prendre en main et se laissait guider la tenaillait comme une faim dévorante. Sa tante la recevait toujours à bras ouvert, se montrait attentionnée, lui offrant un soutien bienfaiteur. Ingrid se sentait alors réellement importante. Sa présence lui était donc aussi précieuse que bénéfique. A l’idée de la perdre, un sentiment de tristesse la submergea. Elle comprit qu’il lui faudrait vaincre sa timidité, ses inhibitions, et qu’il était parfois impératif de forcer son caractère. Demain, elle lui téléphonerait.

Mais Julie ne prendrait-elle pas cela pour autre chose qu’une simple relation familiale ?

Indécise, elle attrapa la télécommande et mit la télé pour créer une présence. Le type de présence impersonnelle qui meublait le silence sans pour autant se montrer envahissante, lui donnant l’impression de ne pas être si seule. Sans même regarder ce que diffusait la chaîne, elle se rendit dans la cuisine pour ressembler sur un plateau de quoi grignoter. Cette nuit encore, elle retarderait au maximum le moment de se coucher. Elle en avait marre des nuits blanches et agitées, se tournant dans tous les sens dans son lit sans trouver le sommeil. Absorbée dans la contemplation passive du tube cathodique, elle sursauta quand la sonnette retentit brutalement. Il était presque vingt et une heure du soir.

Qui donc pouvait lui rendre visite à cette heure-ci ?

Elle se leva précipitamment et sa tête se mit à tourner. Elle se tint aux murs, le temps que son trouble se dissipe. Son cœur battait la chamade. Cette visite tardive et imprévisible venait rompre ses habitudes et cela l’emplissait d’une panique irraisonnée. Finalement, elle réussit à atteindre la porte.

- Qui est là ? demanda t- elle en haussant le ton.

- C’est Julie.

Ingrid la laissa entrer. Aussitôt, Julie se montra légère et réconfortante, jouant habilement de son humour pour détendre l’atmosphère. L’incident de l’autre jour fut vite oublié. Ingrid accepta les cocktails alcoolisés que Julie lui prépara, se débrouillant avec ce qu’elle trouvait dans sa cuisine, innovant des mélanges explosifs. De fous rires en cocktails, la soirée s’annonçait drôle et chaleureuse. Un peu grisée, Ingrid la laissa jeter un coup d’œil dans ses armoires, la laissant faire le tri de ce qu’il fallait garder et se débarrasser.

- Tu ne peux pas être aussi bien foutue et mettre des vieilleries pareilles ! dit-elle en jetant des habits au sol d’un air dégoûté.

Elle choisit avec une grande attention parmi sa garde-robe ce qu’elle devait mettre en priorité selon les occasions, lui donnant des conseils avisés. Elle se sentait le devoir de s’occuper d’elle, s’activant comme une abeille débordée, courant d’une armoire à l’autre, la motivant pour qu’elle essaie tous ses habits. De mauvaise grâce, Ingrid faisait des essais, embarrassée lorsque sa tante insistait pour qu’elle enfile les robes les plus légères, les tenues les plus moulantes. La robe d’été qu’elle lui choisit l’embarrassa. Elle avait l’impression d’être nue là-dedans. Au contraire, Julie la trouva craquante. Elle posa sa main sur son épaule nue.

- Tu as une peau exquise, Ingrid. Il faut la mettre en valeur.

Ingrid dissimula son sourire gêné en baissant la tête. La couleur de la robe donnait à sa peau un teint hâlé et resplendissant. Du bout des doigts, Julie lui effleurait maintenant la joue.

Ingrid se mit à avoir des frissons et, les jambes tremblantes, s’assit sur le rebord de son lit. Julie s’installa à ses côtés, soupirant d’aise.

- Si on passait aux choses sérieuses ?

- Désolée, mais toute bonne chose a une fin. Il est bientôt minuit. Il est temps de se coucher.

- Ah ? Toutes les deux, dans ta chambre ?

Le visage de Julie était grave alors qu’elle la dévisageait avec insistance. Ingrid n’osait pas la regarder en face.

- Ne dis pas n’importe quoi.

- Pourquoi ? On pourrait passer la nuit toutes des deux à se faire l’amour comme jamais on ne l’aurait fait, non ? Ce serait dommage que je rentre chez moi et qu’on dorme chacune de notre côté alors qu’on en meure d’envie toutes les deux.

La voix d’Ingrid se mit à trembler.

- Tu sais bien que c’est impossible. Je t’aime comme une tante, comme une mère presque, ne viens pas tout gâcher.

Son visage était devenu très grave et très pâle.

Julie se rapprocha d’elle en la dévorant des yeux.

- Une tante qui t’embrasserait comme ça alors…

Ingrid ne répondit pas, trop tétanisée pour réagir, le cœur battant. Ses yeux étaient grand ouverts mais aveugles lorsque Julie s’approcha si près que son parfum la submergea comme une enivrante caresse, et c'est sans s'en rendre compte qu'elle leva son menton vers elle, dégageant la longue courbe gracieuse de son cou. Julie y posa sa bouche; Ingrid émit un doux bruit de gorge et Julie sentit la peau vibrer sous ses lèvres. Alors elle n'y tint plus et chercha la bouche qui se déroba une brève seconde avec un frisson, avant de se laisser faire, proie consentante. Interdite, Ingrid ne réagit pas et le contact fut si fugace qu'elle se demanda s’il avait été réel. Un simple effleurement, un contact doux, bref et capiteux, une brise parfumée terriblement délicieuse... Ingrid restait toujours muette et immobile, la gorge sèche. Julie, profitant de son désarroi, s'était encore rapprochée,  presque collée à elle, un sourire tendre sur les lèvres.
- J’en avais terriblement envie, s’excusa-t-elle d'une voix rauque.




Ingrid ne répondit rien, toujours silencieuse. Le feu aux joues, elle luttait contre cette insidieuse bouffée de chaleur qui l'envahissait. Un trouble nouveau, inconnu, si déstabilisant... Alors, profitant de son désarroi, Julie revint à la charge. Cette fois-ci, les lèvres roses et lisses s'entrouvrirent sous la pression de sa langue. Elle sentit la fraîcheur de son nez tout contre sa joue, et sa main remonta le long de son dos pour venir enserrer sa nuque douce comme de la soie, tapissée d'un léger duvet soyeux. 

- Oh... Ma chérie... dit-elle dans sa bouche, avant que leurs langues se nouent dans une spirale étourdissante.

L'autre main de Julie descendit vers les fesses rondes et fermes de sa nièce et la plaqua contre son corps.

- Non ! haleta Ingrid.

Elle voulut se dégager, mais elle la maintint contre elle jusqu'à ce qu'elle se détendît.

- Non, non ! fit-elle encore en secouant la tête.

Mais sa bouche était grande ouverte sur un râle stupéfait, et sa langue jouait délicieusement avec celle de Julie. La main de celle-ci abandonna la nuque de la jeune femme, se glissa sous la robe et remonta le long de son dos. Ingrid eut un violent frisson et se serra contre elle. Sa peau était comme du velours sous ses doigts : ils s'égarèrent sous les aisselles - recoins soyeux qui aiguisèrent son désir encore plus violemment - et vinrent effleurer le bout de ses seins qui se durcirent sous la caresse insidieuse.

A ce contact direct, Ingrid se raidit brusquement et se débattit d'un coup, détourna sa bouche et se mit à marteler les épaules de sa tante de ses petits poings. Cette dernière, surprise, cessa son petit jeu et se recula avec regret.

- Julie, mais qu'est-ce que tu fais ? s'exclama Ingrid avec horreur.

Elle avait les joues en feu et ses yeux étaient voilés d'un trouble ardent.

- Ingrid, cela n'avait pas l'air de te déplaire !

Julie était tremblante, fiévreuse, et respirait par à-coups saccadés.

Elle s’efforçait de calmer sa respiration mais n'avait aucune envie de maîtriser son désir. C'était trop tard pour cela. Tel un tsunami, ses envies de sexe et de fureur étaient devenues incontrôlables et dévastatrices, avec un besoin urgent d'être apaisées.  Encore haletante, elle se pencha donc sur elle, lui murmurant au creux de l'oreille.

- A mon tour de te faire un show érotique ma jolie...

Elle frissonna en se rapprochant d'elle, débutant une danse lascive dont le rythme s'accéléra assez vite, appelant le désir de toute sa chair. Se positionnant entre les jambes de sa nièce qui évitait son regard, rouge de confusion, elle imprima à son ventre un mouvement de va-et-vient de plus en plus rapide et se mit soudain à haleter en s'agitant de façon convulsive, se frottant contre une de ses cuisses. Abasourdie, Ingrid la laissa faire, tétanisée par l'émotion, serrant les poings le long de son corps. Sans lui accorder le temps de reprendre ses esprits, Julie continua de la provoquer, la poussant à se réfugier au bout du lit où elle la poursuivit de ses assiduités. Ingrid, le souffle court, se laissa aller en arrière parmi les coussins, se tortillant pour lui échapper. C"est ce que voulait Julie, la coincer contre le mur, et elle s'empressa vite d'assurer sa prise en s'asseyant à califourchon sur elle. Pour mieux se tortiller, en poussant de curieux gémissements, le regard fixe et la respiration haletante. Comme elle n'obtenait toujours pas de réponse, à part un silence gêné, elle passa à l'étape supérieure. L’enlaçant étroitement, nouant ses mains autour de sa nuque, elle se pencha à nouveau pour un baiser plus appuyé. Ses lèvres se posèrent sur les siennes, ne cherchant pas encore à forcer la barrière de ses lèvres closes, restant juste en contact en attendant que sa jeune nièce cède et réponde à l'invitation. Ingrid, comme envoûtée, se sentit perdre le contrôle. Elle ferma les yeux, le souffle rapide, et entrouvrit un instant ses lèvres. Julie s'empressa alors d'y glisser sa langue pour chercher la sienne, s'y enroulant comme une anguille, à la fois experte et gourmande. Aussitôt, leurs langues jouèrent un ballet effréné, dirigé par une Julie entreprenante et audacieuse, menant la danse, exigeant de sa jeune nièce plus de chaleur et de passion. D'abord timide, Ingrid se prit vite au jeu, terriblement émoustillée par ce duel buccal où la tension érotique ne faisait que monter. Le baiser s’éternisa. Encore plus fougueux que le premier. Ingrid ressentait des frissons de la tête aux pieds qui la faisait bondir comme une jument en rut, et sa langue continuait à se mêler au jeu ardent sans qu’elle puisse y mettre fin. Elles se mêlaient leur souffle et leur salive. Un nectar grisant, le plus sournois des aphrodisiaques.... C’était son premier baiser de femme à femme.

Terriblement sensuel et excitant. Un fruit défendu qu'elle partageait avec sa propre tante, lesbos et inceste, un mal absolu. Aussi, hors d'haleine,il lui fallut un terrible effort de volonté pour se soustraire à ce baiser diabolique qui l'emportait vers le gouffre du plus horrible des pêchés. Le baiser interrompu, elle retrouva ses esprits. De ses yeux implorants, elle la supplia de cesser là ce jeu dangereux, mais Julie était trop excitée pour faire marche arrière. Alors, ployant légèrement les jambes afin de s'ouvrir davantage, elle se colla comme une ventouse à sa jeune nièce affolée, seins contre seins, sexe contre sexe...

A  SUIVRE... Lorsque la sensuelle et vénéneuse Julie entraîne dans son lit la sage et candide Ingrid pour s'adonner avec elle à de torrides ébats.

Avec excès et perversité.

 

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Bonne lecture...

EXTRAIT :

Elle n’avait jamais vu un sexe – même s’il était factice – aussi gros, long et d’une impudeur déroutante. Docile et obéissante, c’est le souffle court qu’elle le saisit entre ses lèvres, jouant de sa langue sur toute la longueur, le léchant avec passion, l’idolâtrant comme une œuvre d’art qui, summum de l’érotisme, allait la pénétrer de toute sa divinité. Elle en frémissait d’impatience, prête à relever tous les défis inimaginables. Aussi, elle se laissa guider alors que Julie la retourna. Celle-ci mit les mains sur ses hanches puis releva ses fesses, positionnant la croupe de sa jeune partenaire pour qu’elle soit totalement offerte. Ses doigts entamèrent un délicieux massage sur la raie des fesses, du sphincter au vagin, puis elle humidifia avec sa bouche toute cette anatomie pendant une délicieuse minute. Ingrid sentit soudain le bout du gode se présenter face à son orifice, vaginal d’abord, et elle en gémit de surprise. Les mains de Julie agrippèrent ses épaules et, d’un seul coup de rein, elle la pénétra vigoureusement.

 

Ingrid laissa échapper un cri. N’y tenant pas compte, Julie investit sa vallée intime jusqu’à la garde du gode. S'y enfonçant et y ressortant pour mieux la clouer comme un papillon, avec une sorte de virilité presque masculine, avec autorité et vigueur, jusqu'au fond de sa fente abondamment lubrifiée, qui témoignait de son profond désir d'être prise.

 

Ingrid hurla, ses mains tordaient les draps, elle remuait de la croupe, accentuant les coups de boutoir qui la défonçaient.

Se sentant femme, femelle, en proie à ses pulsions les plus sauvages, être libre d'aimer, fragile et soumise, abandonnée à des sensations inouïes et inédites.

 

 

Le lendemain matin elles seront dormi à plusieurs reprises en proie à des élèves plus qu'agréables et certainement provoqués par la visite de son professeur. Entre lents effeuillages, rencontres charnelles et baisers passionnés et provocateurs, l'esprit de Céline était en proie à bien des tourments face aux nombreux fantasmes que provoquait la fille de sa soeur ingrid. Elle finit pourtant par ouvrir les yeux, traversée par quelques visions excitant encore ancrées dans son esprit et son corps. Rares étaient les jeunes femmes ou les femmes à avoir capturé son attention à quel point qu'elle en rêvait la nuit. L'espace d'un instant;;; cette femme devait avoir une sorte de  pouvoir sur elle  pour que Céline songee à aller  au lycée uniquement pour la voir. Dans sa voiture en route pour le lycée elle songeait encore à Faith. Alors q'elle passait devant sa villa où la lumière apparaissait à travers les fenêtres, elle eut une idée et se gara le long du trottoir. Elle jeta un oeil aux alentours. la rue semblait silencieuce et alme. Elle descendit du véhicule et se dirigea vers l'entrèe. Sans bruit, elle franchit le petit portail en fer forgé et, plutôt que de s'avancer vers la porte, elle contourna la demeure. Céline n'aait cessé d'occuper ses pensées durant toute la journée. après ses rêves érotiques de la niot précédente, des images lui étaient restées en tête, imprimées dans chque neurone de son cerveau. Avec discrètion, elle longea le mur bordé de grands chênes et, par chance, trouva la fenêtre de la chambre du professeur. A peine dissimulée par des rideaux couleur crème, elle put jeter un œil par l’interstice laissé entre les deux. La lumière crée par les deux lampes posées sur les tables de chevet révéla la présence de Juliette. Vêtue d’une jupe et d’un chemisier, pieds nus, celle-ci allait et venait entre la chambre et son dressing qui se cachait à moitié derrière une porte ouverte. Concentrée dans son observation, Céline la suivit des yeux, la vit se positionner devant un miroir sur pied. Elle retint son souffle lorsque la main de Juliette s’attarda sur les boutons de son chemisier qu’ellle déboutonna un à un. Un soutien-gorge en dentelle noire se révéla sous le vêtement vite échoué sur le lit. Le regard de Faith ne quittait plus le buste de cette femme qui n’avait plus rien de son innocente niéce et qui prenait toutes les dimensions offertes par ses rêves. Ses seins remontés par le sous-vêtement , gonflés par les bonnets, attiraient ses yeux aimantés. Puis les mains délicates de Juliette descendirent la fermeture de sa jupe dans son dos et celle-ci chuta le long de ses jambes interminables, affinées sous des collants sombres. Les lèvres de Faith s’entrouvirent dans un réflexe. Ses poumons avaient sûrement besoin d’air à présent. La température grimpait malgré l’approche de l’hiver. A ce spectacle étourdissant se confondaient les images de sa nuit mouvementée, des séquelles de ses rêves torrides. De profil devant son miroir, Juliette lui offrait le plus bouillant des strip-teases et toutes les filles dans les club pouvaient désormais se rhabiller. Son corps dans ses sous-vêtements lui semblait parfait, ses courbes assez harmonieuses, ses formes assez rondes, pour ses yeux happés par tant de beauté. Juliette possédait tous les atouts d’une femme. Des lèvres pulpeuses, à la finesse de ses jambes en passant par une grâce innée, elle incarnait la femme parfaite. Digne d’une scène suggestive dans un vieux film des années 60, Juliette ôta ses collants en les glissant le long de ses jambes. Au fil de son observation, les attements du coeur de Faith s’accéléraient, pompaient un sang brûlant dans ses veines. Il s’affolait à force de subir tant d’émotions, de fantasmes. Parce qu’à trop regarder elle imaginait une foule de scénes possibles. Ses mains remplaçaient les siennes, esclaves volontaires des désirs de cette jeune femme dans la chambre. Et comment ne pas succomber aux tentations ? La chaleur qui s’empara d’elle fut à son comble quand Jliette détacha son soutien-gorge. Il libèra une poitrine qu’elle ne discerna qu’à moitié. Le profil d’un sein assez rond pour mettre le feu aux poudres. Faith lâcha un soupir et reprit un peu d’air, un air qui étrangement s’était raréfié durant ces dernières minutes. Elle se recula de la fenêtre, passa une main dans ses cheveux et jeta un bref regard tout autour en réalisant les risques qu’elle venait de prendre. Sans aucune circonstance atténuante elle avait purement joué les voyeuses ! On condamnait les hommes sans pitié pour ce genre de délit ! Mais ce moment interdit, volé, délicieusement excitant, était un spectable trop rare et unique pour ne pas l’avoir vécu, les risques en valaient la peine, une divine récompense que Faith ne pouvait nier. Enhardie par le spectaccle, elle rebroussa chemin et se dirigea vers sa voiture…..

La chaleur était suffocante. L’air lourd était parfois balayé d’un vent chaud qui soulevait les fines particules de sable, rendant l’atmosphère difficilement respirable. À son zénith, le soleil offrait une luminosité maximale qui obligeait les clients à vite se réfugier à l'ombre du palace, dans la fraîcheur bienfaitrice  de l'air climatisé.

Posé au cœur d'un golfe paradisiaque, en bordure d'une plage de sable fin, dans une magnifique presqu'ile privée, l'hôtel de prestige ressemblait à une carte de postale féerique, un lieu magique où l'éblouissement du paysage le disputait à l'élégance d'un décor d'exception.

Les invités, fuyant la canicule, y pénétraient avec fébrilité.

Tirant légèrement sur son col, Rachel avait l’impression malgré tout d’étouffer. Il n’y avait rien d’étonnant à cela lorsque l’on se retrouvait à porter un pantalon en toile, une chemise à manches longues et un gilet un jour d’été en bord de plage, à quelques kilomètres de Perpignan. C’était, malheureusement, la tenue exigée pour les serveurs et serveuses de la soirée. Néanmoins, ses cheveux châtains étaient attachés en queue de cheval, ce qui permettait à sa nuque de respirer. Un plateau en argent rempli de coupes de champagne sur une main, elle laissa son regard azur scruter les personnes aux alentours.

 

Son oreillette crépita soudain et la voix claire d'un de ses collègue résonna.

 

— Une nouvelle cliente vient d'entrer. Seule. Combinaison en soie mauve. La plaque d'immatriculation de la voiture qui l'a déposée a été photographiée avec succès.

 

— Bien reçu, répondirent deux hommes en même temps.

 

— Objet en approche, les gars, entendit-elle grésiller de nouveau.

 

— On a un visuel, équipe 3, rétorqua l’un des  guetteurs.

Rachel prit connaissance de l’arrivée d'une autre femme, accompagnée par un homme, grâce à son oreillette et au relais des membres de son équipe. 

Elle déglutit, la boule au ventre, incapable de quitter la foule bourdonnante autour d'elle.

La réception battait son plein à l'intérieur du somptueux palace , la salle principale étant louée et réservée par le richissime collectionneur Alessandro Giovanni. Afin de célébrer sa dernière acquisition, un rubis d’une taille inédite et d’une valeur inestimable, le propriétaire avait organisé une immense fête. Et loin de vouloir faire dans l’humble et le discret, il avait choisi d’impressionner ses convives dans un somptueux hôtel en bordure d'une calanque paradisiaque, un havre de paix entre mer et collines boisées. Invitant des personnages aisés et toujours plus exigeants, avides de gloire, luxe et glamour, pour une soirée qui resterait dans les annales.

Cependant, si Rachel guettait les invités, ce n’était certainement pas pour les satisfaire de sa boisson pétillante, loin de là.

Alors, tu vois quelque chose ?

Cette voix provenant de son oreillette appartenait à Fabrice, son mari, perdu dans la foule lui aussi.

— RAS, répondit-elle en marmonnant discrètement dans la montre à son poignet.

Immédiatement, afin de ne pas éveiller les soupçons, elle fendit à nouveau la foule. Elle affichait un sourire factice et poli qui n’était pas du tout dans ses habitudes. Si elle devait se forcer à exécuter cet exercice hypocrite, c’était pour ne pas griller sa couverture ou celles de ses camarades. Et cela signifiait également devoir servir d’insupportables milliardaires  qui ne faisaient que rivaliser d'audace et d'excentricités, parlant avec arrogance de leurs voyages à l'autre bout du monde et leurs possessions démesurées.

Alors qu’elle observait cette foule clinquante, son angoisse ne cessait de croître.

"Détends-toi. Merde, détends-toi. Tu es là en simple observatrice. Guetter et alerter. Pas d'intervention. Tu laisses ça aux pros ! "s’admonesta-t-elle intérieurement pour tenter de se reprendre.

Pourtant, quelque chose n’allait pas, Rachel le savait. Elle était tendue à l’extrême, en proie à un mauvais pressentiment. Et, aussi, malgré la peur qui la tenaillait, elle se sentait frustrée d'avoir les mains liées, encore une fois... Toujours reléguée au second plan, sur la touche.

"Respire, Rachel. Respire. Tu auras peut-être l'occasion de prouver ce soir ta valeur, leur démontrer à tous que tu vaux mieux que ça. Observe, sois concentrée, trouve le danger avant tout le monde..." songea-t-elle en continuant de maintenir un air calme et sûr d’elle.

 

Tout à coup, toutes les lumières décorant et éclairant la vaste salle s’éteignirent brusquement. La foule émit un hoquet de surprise général, se pétrifiant dans cette pénombre à peine illuminée par quelques portables brandis dans l'urgence, écran levé. Loin d’être effarée par les événements, Rachel inspira à fond, plissant les yeux et cherchant à vite s'habituer à la pénombre. Avant  de foncer à grands pas vers le lieu où était exposé le magnifique rubis.

 

— Elle entre en action ! cria une voix affolée dans sa radio. Que tout le monde se tienne prêt !

 

À peine eut-elle le temps d’approcher l’emplacement de l’exposition que les lumières réapparurent soudainement. Bien qu’aveuglée, Rachel ne manqua pas de remarquer que la pierre précieuse ne se trouvait plus sur son support. Le bloc de verre qui la protégeait avait été scié en forme de cercle, permettant ainsi à une main malveillante de s’en saisir.

 

— Et merde ! pesta la jeune femme en balayant la foule des yeux. Elle a le rubis ! Je répète, la cible a le rubis !

 

La plupart des policiers infiltrés abandonnèrent complètement leur rôle et se mirent en mouvement. Ils étaient déterminés à empêcher la fuite de la voleuse qu’ils avaient cherché à identifier tout l’après-midi.

Les convives commencèrent à s’agiter lorsqu’il parut évident que quelque chose se tramait. La panique étant contagieuse, ce fut bientôt la cohue, montant d'un cran lorsqu'un un premier cri retentit à l’instant même où l’un des invités découvrit la disparition du fameux rubis. L'affolement prit rapidement possession des lieux, provoquant quelques bousculades. Malgré la bousculade effrénée, Rachel restait entièrement concentrée sur son objectif. Jusqu'au moment où une forte poussé dans le dos lui fit perdre l'équilibre et, surtout, perdre son oreillette. Elle voulut la ramasser mais des pas précipités autour d'elle firent disparaitre le micro miniature dans une multitude de jambes frénétiques. Tout le monde se précipitait vers la sortie de secours, dans le désordre le plus total. Certains marchaient vite, d'autres commençaient à courir, tournant la tête en tout sens, regard affolé, visage crispé et livide, dans l'incapacité de détecter l'origine du danger. Ce qui était encore plus effrayant.

Rachel lutta contre la marée humaine qui l'emportait à sa suite quand les premiers coups de feu retentirent.

 

Rachel jaillit dans la lumière aveuglante du jour, mêlée à la foule hurlante. Peu avant d’émerger dehors, son regard acéré avait remarqué une grande blonde habillée d’une longue robe bleue à dos nu qui s’éloignait lentement vers la sortie, affichant un visage calme et impassible, contrairement aux autres convives affolés parmi lesquels elle s'efforçait de se confondre.

- Je la tiens ! Une blonde à robe bleue ! s’exclama Rachel qui s’élança du plus vite qu’elle le put en direction de la suspecte.

Avant de se mordre les lèvres en se rappelant qu'elle avait perdu son oreillette.

- Et merde !

Elle s'arrêta sur le chemin sablonneux qui longeait la plage. Cent mètres plus loin, sur la droite, la blonde s'éloignait d'un pas vif.

Sans hésiter, Rachel s'élança à sa poursuite. Tant pis, elle désobéissait aux ordres, mais elle aurait au moins l'excuse de se justifier en parlant de son oreillette perdue dans la bousculade. Et, surtout, elle avait là une occasion unique de faire ses preuves.

La blonde tourna au coin de l'hôtel, grimpant une petite butte qui se perdait entre les pins, les palmiers et les eucalyptus, dans un petit jardin exotique.

Rachel sprinta pour la rattraper.

- Police, arrêtez !

La blonde se retourna puis, en la voyant, se remit à courir plus vite, s'engouffra dans une allée adjacente, entre des massifs d'hortensias.

Rachel la suivit, constatant avec joie qu'elle gagnait peu à peu du terrain. Les talons aiguilles de la blonde ne facilitaient pas sa fuite, alors que Rachel portait des petits escarpins plats et légers.

La suspecte sauta souplement par-dessus une grille en acier ondulé qui protégeait l'accès du parking. Pour zigzaguer entre les voitures.

Rachel escalada à son tour l'obstacle et atterrit dans la terre tassée, de l'autre côté. Pour se remettre à courir à son tour entre les allées de voitures qui stationnaient en plein soleil.

La blonde se jeta contre un véhicule, une C3 Picasso blanche, déclenchant avant l'ouverture centralisée à distance, grimpant à l'intérieur, se glissant derrière le volant, puis tenta de mettre le contact, mais perdant un temps fou tellement ses doigts tremblaient.

Rachel approchait lorsque le moteur rugit enfin.

La blonde passa la marche arrière, recula droit sur sa poursuivante. Mais les voitures stationnées tout autour ne lui permettaient pas de braquer suffisamment et Rachel en profita pour bondir sur le côté droit, agrippa la poignée et se hissa sur le côté passager.

La C3 fit une embardée et les vitesses grincèrent bruyamment alors que la conductrice se battait pour passer la première. En totale panique. Perdant un temps précieux, ce qui permit à Rachel d'être à l'intérieur du véhicule plus facilement.

La blonde voulut dégainer tout en conduisant, sortant un Pistolet Beretta M9 qu'elle chercha à pointer sur la femme-flic. Mais celle-ci fut plus rapide et lui claqua violemment la main de ses doigts serrés, faisant tomber le pistolet sur le plancher. D'un coup de talon, Rachel réussit à le mettre hors de portée, derrière, sous le siège passager où elle s'était assise. Puis elle se pencha et coupa le contact. Elle allait sortir son arme de service pour tenir la suspecte en joue lorsque, à cette seconde même, elle assista à une scène incroyable. La voleuse se couvrit le visage de ses mains et éclata en sanglots.

Rachel perçut le hurlement des sirènes de police. Elle se trouvait toujours dans la voiture avec la voleuse. De près, elle paraissait plus belle et plus jeune, malgré la tension qui l'oppressait. Ses cheveux blonds, tirés en arrière et serrés en un chignon, s'étaient dénoués et pendaient de chaque côté de son visage tout pâle. Elle avait de grands yeux verts, rougis par les larmes, et un regard d'une tristesse infinie. Son visage ovale aux traits réguliers était d'une grande beauté. En harmonie avec des formes ravissantes et affriolantes que son habit en soie épousait à la perfection. Sa lourde poitrine débordait outrageusement du décolleté profond de la robe, attirant malgré elle son regard. Au milieu des seins fermes et opulents dépassait la cordelette d'une petite pochette grise en lin. Inutile de deviner ce qu'il y' avait à l'intérieur. Rachel se pencha et récupéra entre les douces coupoles de chair le sac.

- Je ne pense pas que cela vous appartienne.

En guise de réponse, la blonde leva sur elle un regard apeuré. Une peur sourde se lisait sur son visage et Rachel en fut sensible, malgré elle émue par la détresse de cette femme.

 

 

 

Avec un soupir de bien-être, Virginie se délaisse dans un bain chaud. Entourée d'une mousse odorante où elle s'efforce de tenir au-dessus stylo et magazine au sec.
Passant le temps comme elle peut à remplir un test sur la sexualité. Un bilan en vingt questions.Tout un programme...
Elle se prend au jeu, décidant d'y répondre avec le plus de franchise, entourant les réponses qui lui correspondent. Go !
1 - Faites vous souvent l'amour ?
a : 1 fois par mois
b : 1 fois par semaine
c :  2 à 3 fois par semaine
d : Tous les jours
Elle glousse en silence. D'ironie. En ce qui la concerne c'est plutôt 1 fois tous les quinze jours. Plus l'envie, d'autres priorités, la vie quoi... Son mari Mathéo  est doux, tendre, prévenant, attentionné et prévisible. Elle adore tout ce qu’il lui apporte et pourtant, même s'il lui arrive de rêver d’un brin de piquant et d’exotisme, ils sont tous les deux sur la même longueur d'onde, plutôt sages et conventionnels. A défaut, elle  prends donc la réponse a qui se rapproche le plus de la moyenne : b.

Elle attaque la suite.
2 - Combien de partenaires avez vous connu?
a  :  1
b  : moins de 5
c :   entre 5 et 15
d :   plus de 15
Sans hésiter réponse b.

3 - Avez vous déjà trompé votre partenaire actuel(le) ?
a : Non, jamais
b : Oui, plusieurs fois
c :  Oui, une fois mais ne le referais plus !
d :  Non, mais j'aimerai le faire.
Encore aucune hésitation. La fidélité est sa religion. Des valeurs d'un autre temps mais elle y croit à 200 %. Alors réponse a.

4 - Vous et le cunnilingus?

a :  J'en suis fan, le préliminaire obligatoire qui pousse au délire !
b :  J'aime bien mais je garde le contrôle
c :  Si ça peut lui faire plaisir de m'en faire ...
d :  Le quoi ? Connais pas !
Elle esquisse un petit sourire mutin en choisissant la réponse b. Un peu confuse et émoustillée.
5 - Les films X ...
a : cela vous excite terriblement
b : vous aimez bien si un bon scénario et de belles images.
c :  cela ne vous fait ni chaud ni froid.
d :  vous détestez.
Elle hésite entre c et d et finit par trancher par la réponse c.
6 - Votre meilleure amie vous drague et vous fait part de son désir d'avoir une expérience homosexuelle . Vous :
a : êtes un peu gênée d'aborder le sujet avec elle
b : vous pensez qu'elle aurait bien besoin d'un psy
c : vous trouvez la chose très excitante mais sans franchir le pas.
d : la vie est trop courte et toute expérience est bonne à prendre.
Sans hésiter elle coche la réponse a. Vivre et laisser vivre si elle n'est pas confrontée à ce genre de relation, il en faut pour tous les goûts, mais cela la gêne un peu quand même... Même avec sa propre sœur qui est homosexuelle elle évite le sujet, parlant de beaucoup de choses, mais surtout pas de son orientation sexuelle, ses amours  ou ses peines de cœur...
Elle continue le test en s'efforçant de rester sérieuse devant l'absurdité de certains propos. Puis elle en vient au bilan qui est sans appel : "Votre priorité est le besoin de maîtriser les sensations. Derrière un semblant d'audace  qui se dissimule derrière du sexe conventionnel se cache surtout une vraie romantique. Le plaisir des sens n'est pas une fin en soi, vous avez besoin de tendresse, de complicité et, plus que tout, d'amour pour rayonner sur le plan sexuel. Vous avez des  inhibitions et, même complètement folle amoureuse de quelqu'un, il y a des dérives  que vous ne ferez jamais, par pudeur, par éducation, par fierté et refus d'être la poupée du désir de l'autre. Il y a des pratiques que vous rangez du côté sale et dégradant de la sexualité et quand il vous arrive rarement  de vous laissez aller, vous maudissez votre faiblesse, honte et culpabilité, à moindre mesure... Le sexe oui, mais dans le respect des limites que vous vous fixez : amour, pudeur et...hygiène.
Du coup, vous avez du mal à vous laissez aller... Vos élans sont alors timides, votre sensualité  réfrénée, votre sexualité retenue. Vous pouvez d'ailleurs facilement vous en passer.
Cependant, dans certaines conditions, vous arrivez à l'accueillir un peu plus aisément et à prendre plaisir. Mais l'acte sexuel doit être "soft", sans aucune brusquerie, et accompagné d'une grande tendresse. Là où le désir a le temps de s'épanouir à son rythme."
A moitié convaincue elle jette magazine et stylo à terre. Quel ramassis de bêtises ! Comme si la vie devait toujours tourner autour du sexe,,,, Elle mène la vie idéale dont on abreuve les jeunes filles dès leur naissance. Une épouse aimante, un magnifique enfant, une belle et grande maison, un travail passionnant et de nombreuses activités péri-scolaires avec les autres mamans. La vie dont elle a rêvé et qu'elle a réalisé. Que demander de plus ? Et pourquoi se prendre la tête sur une psychologie de bas étage concernant les désirs et fantasmes des femmes dans une société moderne basée sur une consommation abusive. Elle laisse cela aux autres.... Pas le temps pour ces futilités.
De nature douce et généreuse, elle prend la vie comme elle vient, avec philosophie et sérénité. En harmonie avec ce petit village niché au bord du Verdon, où se concentre une vie paisible et confortable,  proche de la nature, avec ses habitudes, ses traditions et ses petits événements anodins du jour. Comme les visites et les rendez-vous dans son nouveau cabinet où elle s'est récemment installée, des visites qui deviennent une animation d'importance, qui cassent la routine. Assis en salle d'attente, les clients attendent patiemment. Et, à chacun d'eux, Virginie réserve des minutes précieuses. Elle est attentive et chaleureuse, elle aime les gens, ne voit que le meilleur en chacun d'eux. Elle fait un peu la psy, la confidente, la dame de compagnie. Son sens de l'écoute et l'affection sincère qu'elle témoigne ont vite conquis les habitants. Elle se sent proche de chacun d'eux, et elle prend son temps. Née dans un village normand, elle sait combien ces instants sont précieux, combien ces petits bavardages sont un ciment puissant. Une paix intérieure qu'elle avait perdu en s'installant dans la région parisienne, entre stress, précipitation, surmenage et pollution, et c'est d'un accord commun avec son mari qu'ils avaient tout quittés pour recommencer à zéro dans ce paisible village, dans la région natale de Mathéo.
Alors tous ces tracas de la vie citadine, ses apparences, ses frasques, sa décadence, tout cela appartient à une époque révolue qu'elle a laissé derrière elle et qu'elle ne regrette pour rien au monde.
Elle sort de la baignoire, la vide, puis enfile une robe de chambre en satin avant de sortir de la salle de bain.  Sa silhouette gracile évolue avec grâce et souplesse, où la robe de chambre ne peut dissimuler des formes splendides et agréablement proportionnées. Un frisson la secoue en quittant la chaleur de la salle de bain, et un silence pesant l'accueille lorsqu'elle longe le couloir qui mène au salon. Il est vingt-deux heures et tout le monde dort dans la maison. Son fils est couché depuis une heure déjà, et Mathéo s'est certainement endormi devant son livre de chevet. Comme à son habitude...
Dans la cuisine elle se prépare rapidement un verre de vin rouge et une salade et, le tout sur un plateau, se rend ensuite dans son bureau pour vérifier sa messagerie électronique avant de se coucher. Sa sœur Julie appelle rarement, des fois quelques sms, et préfère les méthodes plus modernes pour communiquer ou donner de ses nouvelles. Mais, étrangement, depuis trois jours c'est le silence absolu, et elle n'aime pas ça, même si elle sait au fond d'elle-même qu'il n'y a aucune raison pour s'alarmer. Mais, en tant que grande sœur, et vraie mère poule, elle vérifie tous les jours s'il y' a des messages de sa part. Elle s'installe à son bureau, poussant avec son plateau les piles de revues professionnelles qu'elle n'a pas eu le temps de ranger sur les étagères. Pour la plupart des ouvrages de médecine. Cette pièce, son bureau, c'est l'endroit où elle passe le plus de temps, et elle l'avait conçue à son goût, avec une large bibliothèque en bois massif et une large baie vitrée surplombant un coude rocailleux des gorges du Verdon.  Elle se connecte sur hotmail et constate qu'elle a reçu plusieurs courriers. Son regard passe vite sur les différents e-mails d'amis ou des notifications facebook, des messages publicitaires et deux de sa banque, avant de s'arrêter sur le nom de sa sœur. Elle ouvre le message qui, étrangement, envoyé en début d’après-midi, n'a pas de sujet, ce qui n'est pas dans les habitudes de sa sœur. Un document graphique est associé au message. Intriguée, elle la charge puis la décompresse. Une image commence à se matérialiser sur son écran, se déroulant en couleurs, une ligne de pixels après l'autre. Elle comprend assez vite qu'une forme humaine se dessine, dans un dessin succinct, avec aux pieds du personnage fictif une sorte de mare rouge, souillant et imbibant le sol. Virginie, à cette première vision, sent les battements de son cœur s'arrêter, avec l'impression de se détacher de la réalité. Puis une blessure rouge, béante et déchiquetée, se dessine au niveau du poignet, en gros plan.
Interdite, elle contemple cette horreur absolue avec incrédulité, avant de pousser un cri affolé lorsqu'une mot se peigne sur l'écran au dessus de la silhouette humaine, en forme de gouttes ensanglantées : SOUFFRANCE.
Elle a peur de comprendre et se jette sur le téléphone. Elle s'obstine à rappeler plusieurs fois alors que la messagerie vocale s'enclenche à chaque appel. Sa sœur ne répond pas, ou n'est plus capable de répondre à qui que ce soit, ce qui fait monter d'un cran sa panique.
Ses idées tournoient en un cercle infernal tandis qu'elle fixe de nouveau la boucherie sur son écran d’ordinateur, puis elle s'oblige à détourner le regard pour se concentrer sur son téléphone, sur ses contacts. Elle sait qui joindre. Marianne, la compagne de Julie. Celle-ci répond assez vite :
- Oh ! Virginie, j'allais vous appeler justement !
Voix cassée qui ne présage rien de bon. Virginie crie sans s'en rendre compte :
- Marianne, par pitié, dis-moi que Julie va bien, qu'il ne lui ai rien arrivé ?
Le bref silence qui lui répond la glace de terreur. Puis une voix blanche lui répond enfin :
- Elle est en vie, Virginie, ne vous inquiétez pas... Mais comment êtes-vous au courant ?
Depuis deux ans qu'elles se connaissent, Marianne n'est jamais parvenue à la tutoyer, ce qui n'a jamais agacé Virginie, jusqu'à ce soir où elle se sent à fleur de peau.
Sans répondre à sa question, elle lui demande un peu trop brusquement :
- Merde, qu'est-ce qui s'est passé ? Je veux tout savoir...
Encore un silence pesant avant que Marianne ne prenne la parole.
- Elle a tenté de se suicider. Avec des medocs. Du Prozac. On ne sait même pas combien elle en a pris car sa boite était déjà entamée mais la quantité devait être importante car...car...
La voix se brise avant de reprendre entre quelques sanglots :
- Elle était inconsciente quand je l'ai trouvée par terre, au pied du canapé. Là elle est aux urgences, je suis en salle d'attente, mais le médecin à l'accueil vient de m'informer qu'ils lui ont fait un lavement d'estomac et qu'elle vient de reprendre connaissance. C'est bon signe, mais elle est encore shootée, et j'ai beau faire un scandale monstrueux pour la voir ils ne veulent rien entendre, ils ne veulent pas me laisser entrer, quelle bande de petits cons !
Virginie est effondrée, ne prenant même pas le temps d'essuyer les larmes qui ruissellent sur ses joues.
- Mais, bon sang, pourquoi a t-elle fait ça, je ne comprends pas ?
- Virginie, je ne sais pas si Julie vous en a parlé ... Enfin, je ne pense pas, car elle m'a demandé de ne rien vous dire, et je crois sincèrement qu'elle n'a jamais eu l'intention de vous en faire part, pour ne pas vous inquiéter... Voilà, Julie consulte un psychiatre depuis six mois, depuis septembre dernier exactement...
Virginie refoule ses sanglots alors que son cœur se serre davantage. Elles ne se sont vues qu'une seule fois depuis ce septembre dernier, en Janvier, et elle n'avait rien remarqué. Elle se maudit, culpabilise... Elle aurait dû deviner, l'instinct protecteur de la grande sœur pour la cadette, toujours aux petits soins, toujours à l'affût, et elle n'avait rien vu...
-  En effet, je l'ignorais...
- Et elle a fait déjà une tentative de suicide... reprit Marianne dans un souffle saccadé. Un peu avant Noël. Rien de grave, un appel au secours plutôt. Et elle m'a fait jurer de ne rien vous dire, qu'elle vous en parlerait plus tard... Alors j'ai gardé le silence, en sachant très bien qu'elle ne vous en parlerait sans doute jamais, mais en espérant le contraire... Et comme c'est devenu un sujet tabou...
- Je vois... parvint tout juste à articuler Virginie.
Mais elle ne voit rien, bien au contraire. Elle se sent nulle et incapable, totalement impuissante. Effondrée. Pourquoi sa propre sœur ne lui avait-elle pas parlé, pourquoi ne lui avait-elle pas demandé de l'aide ? Cela la dépasse.
- Depuis quand est-elle dans cet état dépressif ? Je ne comprends pas... Il s'est passé quelque chose bon sang pour qu'elle s'effondre aussi vite ? Tu m'as dit septembre dernier ? C'est à ce moment là qu'il a dû se passer un drame ?...
Elle entend Julie qui pleure et se mouche avant de parler difficilement.
- Tout a commencé un peu avant, Juillet et Août, durant nos emplois saisonniers. Julie et moi avons trouvé un emploi de serveuse au même endroit, un gite de vacances gay, dans les Pyrénées Orientales, dans le Vallespir, pas loin de chez nous.
- Oui, je le sais tout ça...
- Mais ce que vous ne savez pas c'est que Julie m'a...m'a...
Sa voix se brise, sans force. Une grande inspiration et elle reprend le fil de sa discussion sur un ton plus froid, plus sec.
- Elle m'a trompée. Avec une autre femme, Brigitte, qui se trouve être l'associée et l'amante de la propriétaire du gite. Et j'y étais merde, je l'ai senti venir, et j'ai rien pu faire !
Elle se met à pleurer, puis à reparler, mais d'un ton plus cinglant, plein de fiel, de haine.
- Cette salope lui a fait un rentre-dedans inimaginable, une espèce de dingue manipulatrice. Cette Brigitte est un peu comme une vampire, elle s'est nourrie de sa naïveté, de sa fraicheur, elle l'a pervertie et souillée, et Julie est devenue comme méconnaissable, envoûtée, totalement vulnérable à toutes les manigances de cette chienne en chaleur, et je n'ai rien pu faire pour l'éviter.
Les propos sont crus et choquants et Virginie se sent brusquement mal à l'aise. C'est là un territoire inexploré, un monde inconnu, l'amour et les manigances entre femmes. Elle se sent vidée et découragée. Sans aucune imagination  pour ressentir la souffrance d'une femme trahie par une autre femme, les rivalités lesbiennes, les caresses lesbiennes, sans comprendre comment cela peut leur faire perdre la tête à ce point. Déjà qu'elle avait l'esprit étroit pour comprendre les passions et les actes incompréhensibles qui pouvaient frapper n'importe quel couple hétérosexuel , alors pour les couples homos elle se sentait littéralement larguée. Et Marianne qui continue de se défouler dans ses délires haineux.
- Elle l'a sucé jusqu'à la dernière goutte de son sang, moralement et sexuellement, car je crois que ce qu'elle lui faisait au lit dépassait l'entendement, elle se l'est accaparée corps et âme, et j'avais l'impression de vivre un cauchemar en constatant que je ne pouvais rien faire pour la remettre sur la voie de la raison. Je l'ai perdue. Elle s'est perdue. Dans une relation malsaine et destructrice. Elle lui mangeait dans la main à cette garce manipulatrice et c'était de pire en pire...

La voix s'enroue, se brise. Virginie a du mal à réaliser tout ce qu'elle entend.
Comment l'amour peut-il causer autant de dégâts ? Et entre femmes surtout... Virginie chasse de son esprit les images et les odeurs que cela implique. Elle ne veut pas connaitre les détails. Mais juste les faits.
- Si j'ai bien compris, vous avez donc rompu toutes les deux et ma sœur s'est mise alors avec... avec cette Brigitte.
- Oui et non. Car Julie je ne l'ai jamais lâché, je me suis battue corps et ongles pour la remettre sur le droit chemin. Et je savais très bien que Brigitte ne faisait rien par amour, mais juste par jeu, par perversion, et qu'elle s'en lasserait dés qu'elle aurait obtenue tout ce qu'elle voulait d'elle. Et la suite m'a donné raison. A la fin de notre contrat, fin Août, Brigitte a jeté Julie comme un mouchoir usé. Et Julie en a eu le cœur brisé, elle ne s'en est jamais remise. Moi, ma Juju, je l'aime, je lui ai pardonné, et depuis je recolle les morceaux.
L'esprit confus, Virginie ne sait plus où elle en est. Au fond du tunnel, et les lumières ne brillent nulle part pour lui indiquer la sortie. Une question lui apparait pourtant dans toute sa logique :
- Et cette Brigitte était bien la petite-amie de la patronne du gite. Pourquoi ne pas l'avoir menacé de tout dévoiler ? Ou même carrément tout balancer ? Cela aurait mis un terme définitif à toute cette histoire. Le risque de perdre son emploi et sa maitresse aurait fait peur à Brigitte, sans aucun doute...
Un silence gênant lui répond, puis une voix hésitante avoue enfin :
- Je ne pouvais pas... Brigitte me tenait, elle m'a piégé...
Elle hésite longuement avant de continuer.
- Elle m'a séduite, au début de notre travail. Et je n'ai pas su résister... J'ai été faible, tellement faible, je m'en veux tellement...
Nouveaux hoquets et sanglots bruyants. Puis elle continue d'une petite voix :
- Brigitte est une séductrice redoutable. Elle dégage un sex-appeal tellement effroyable, tellement puissant, comme une sorte d'attraction irrésistible et... et maléfique. Et au lit c'est un monstre de sensualité et de perversion, elle vous entraîne au-delà de vos limites, à vous faire perdre la tête. A vous rendre pâmée et dépendante de ces plaisirs-là. Mais, contrairement à Julie qui est beaucoup plus fragile et vulnérable, je l'ai vite percée à jour et je me suis vite sortie de ses filets. Mais pas assez vite pour qu'elle filme à mon insu nos ébats sexuels et qu'elle me menace de les montrer à Julie, ou à les diffuser sur mon compte facebook, ou pire encore... Je vous l'ai dit... Virginie, elle est dangereuse, et tellement calculatrice ! J'étais donc pieds et mains liées et ce sont pour ces raisons que je n'ai pas pu tout balancer à la gérante du gite. C'était un combat perdu d'avance. Cette garce avait tout manigancé, elle est pire qu'un cancer, elle détruit tout ce qu'elle touche, elle nous a détruit, elle a brisé Julie, et son ombre va nous poursuivre et nous hanter jusqu'à la fin de nos jours. Qu'elle aille pourrir en enfer !
Sa voix se fait plus mordante, son débit plus haché, au rythme de la haine qui remonte.
Virginie y met fin, ne supportant plus d'en entendre davantage. Vidée de toute substance. Trop de révélations et d'émotions en si peu de temps c'était trop.... D'une voix lasse elle intervient :
- Je prends la voiture demain à la première heure, je ferme le cabinet jusqu'à dimanche soir, et je reste chez vous jusque là pour trouver un heureux dénouement à cette histoire. Où du moins une solution qui puisse nous amener vers du positif. Il faut que je vois Julie, je dois lui parler, lui faire entendre raison, je... je serais là demain, sans faute.
- Bien sûr, bien sûr, avec plaisir et... Oh ! Attendez ! Le médecin de l'accueil m’appelle, je peux entrer la voir. Je vous tiens au courant dés que possible.
La communication se coupe brusquement. Virginie reste figée, paralysée, assise devant son bureau sans avoir envie d'attaquer son repas, sans appétit, sans énergie. Et trop terrifiée par le chaos qui règne en elle pour gagner sa chambre et essayer de dormir. Puis, brusquement, comme des vannes qui s'ouvrent, elle se met à pleurer sans discontinuer, de rage et de chagrin. Avec un sentiment de haine et de détermination qui finit par balayer tout le reste, comme si ses émotions suivaient leur propre cours comme un torrent dangereux et furieux. Une force de la nature qu'aucun barrage ne semble pouvoir arrêter.

Quelques semaines plus tard...

Au dessus de la porte du bar-restaurant est accrochée une enseigne délavée représentant un sanglier dans toute sa force et sa férocité, aux défenses recourbées et tranchantes, dont les petits yeux brillants semblent dévisager l'arrivante d'un air menaçant.

Virginie étudie la façade de l'auberge pendant un moment, s'armant de courage et réfléchissant aux conséquences de ses actes si son plan se déroule comme prévu. Il est trop tard pour reculer. Les dés sont jetés et elle s'en remet au destin pour la suite des événements. Si les quelques minutes qui suivent se déroulent mal tout tombe à l'eau. Dans le cas contraire...

Elle s'efforce de faire le vide dans sa tête en évacuant tout son stress. Se perdant dans la contemplation de la façade qui est constituée de poutres et de briques rouges disposées en épi. Toutes les fenêtres sont à petits carreaux et des glycines rivalisent avec les fleurs mauves d'un imposant bougainvillier qui accrochent leurs grappes autour des encadrements. En harmonie avec l'ensemble du complexe, fleuri et luxuriant, dans un décor agréablement végétal et bucolique.

Avec une profonde inspiration elle décide de se jeter dans la gueule du loup, franchissant le seuil de l'établissement d'un pas décidé.

Elle pénètre dans la salle et balaie le décor des yeux. Les lieux sont  sobres et propres, avec deux salles, un grand restaurant et un bar, chacune accueillante à sa manière, la dernière au fond, assombrie par des lambris, la première éclairée par des murs couleur chair et ocre, des poutres épaisses et solides, avec le soleil qui se déversait par les fenêtres. Il n’y a ni musique, ni client… Pas la saison encore... Une silhouette se redresse brusquement  derrière le comptoir, des bouteilles de bière à la main, faisant sursauter Virginie malgré elle.

– Salut… C'est fermè là, tout ouvre début Juin, pas avant…

Virginie s’est faite surprendre par cette jeune femme qui vient d’apparaître, mais au moins, quelqu’un s’occupe des lieux. Elle avait tellement eu peur de ne trouver personne, une visite improvisée pour rien.  C'était là un risque qu'elle avait osé prendre, et qui porte ses fruits. Soulagée, elle approcha en glissant doucement ses mains sur son jeans.

- Bonjour. Je ne suis pas une cliente. En fait… Je viens pour le poste… J'ai vu votre annonce sur le journal.

La jeune femme derrière le bar acquiesce en silence et poursuit sa tâche en remplissant un réfrigérateur des bouteilles de bière. Puis, derrière son bar en chêne, lève le nez du verre qu'elle vient de prendre pour l'essuyer, daignant enfin la regarder. A l'instant où Virginie se dirige vers elle, vers le comptoir dans la salle de café. Les yeux clairs de la serveuse se fixent, brillants, insistants et, l'espace d'une seconde, Virginie se sent mal à l'aise sous ce regard.

– Ok. Tu as bien fait de venir alors....  Tu as un CV ?

Virginie s'adosse au comptoir et croise les bras en détaillant les lieux avec précision, pour se donner une contenance. Puis, d'un air faussement détendu, sort un papier de son sac à main.

- Bien sûr...

En priant silencieusement que personne ne se penche de façon trop stricte sur la véracité de ses faux emplois inscrits sur son CV, rédigé avec la complicité de Julie qui lui a été d'une précieuse aide.

La serveuse ne prend même pas le temps de jeter un regard sur son faux document, le posant négligemment derrière elle pour essuyer d'autres verres.

– Tu as quel âge ?

- 27 ans.

- Bien. Tu sais, pour tenir le poste, et le choc surtout, il faut être jeune et vaillante. Un seul jour de congé en Juin et Septembre. Mais rien en Juillet - Août, tu bosses sept jours sur sept avec des horaires de fou !

- Le travail ne me fait pas peur.

- Je n'en doute pas, mais la suite risque de te faire peur. Tu connais notre clientèle ou pas ?

Là, elle l'observe avec une lueur amusée et ironique, un petit sourire sur les lèvres. Vraiment, cette femme dégage une beauté sensuelle à toute épreuve. Provocante et déstabilisante. Très féminine, sûre d'elle, un soupçon autoritaire et sexy qui aime se mettre en avant et ne pas laisser indifférente. Pari réussi...

Pendant les courts instants où cette brune la jaugeait, l'air de rien, Virginie l’avait scrutée aussi dans ses gestes. Elle garde un air naturel et répond.

– Je connais. Et je n'ai aucun préjugé.

La brune acquiesce légèrement sans la quitter des yeux et nettoie le bar avec un chiffon d'un geste rapide et assuré.

– Même si certaines te draguent ouvertement ?

Sur cette question inattendue, Virginie lève les sourcils et esquissa un léger sourire plein de froideur.

- Comme je l'ai dit, je n'ai pas de préjugés. Et je suis assez grande pour gérer ce genre de situation si elle se présente. C’est un pré-entretien là ? Vous êtes la patronne ?

Elle regrette vite son agressivité palpable, de rester sur la défensive, mais cette femme avait le don de l'agacer avec ses allures trop franches. Mais cela semble amuser son interlocutrice.

– Son bras - droit, et c'est moi qui m'occupe des embauches. Et là, c’est un entretien… Déjà, tu marques un bon point. Tu as du caractère, j'aime ça...

Elle contourne le bar pour rejoindre Virginie et ramène ses mains sur ses hanches en la scrutant de la tête aux pieds.

– Tu es jolie, très jolie. Aucun doute que beaucoup de clientes ne seront pas insensibles...

Sous le compliment un peu trop direct, Virginie s’est tendue. Une nouvelle fois, son sang-froid l’a abandonnée. Elle ravale les répliques acerbes qui ont faillir jaillir de sa jolie bouche et se reprend vite.

- Un atout de charme n'est pas à négliger, vendre du rêve et du fantasme fait partie des vacances non ?

La brune éclate de rire, un rire franc et fort. Avant de demeurer bras croisés sans la quitter du regard, les yeux humides et taquins. Elle fixe cette splendide blonde avec insistance et peut aisément deviner que celle-ci se force à garder une contenance fière et bravache. Qu'elle joue la comédie, affichant un caractère fort et audacieux, mais elle sent la fragilité sous la carapace. Pourquoi ? Pour avoir le poste, sans aucun doute...  Elle s’approche, tourne lentement autour d’elle et revient sur ses pas :

– Tu es hétéro, pas vrai ? Et mariée ? Ton alliance...

Virginie l’avait suivie des yeux, ses pouces coincés dans les poches de son jeans et intriguée par cette façon dont la brune venait de lui tourner autour. Comme une lionne qui se joue de sa proie.  Elle prend un air déterminé :

- Oui, hétéro exclusivement. Mais l'esprit ouvert.

– Tant mieux. Je te dois quelques explications. Beaucoup de femmes ici viennent en couple, et si certaines te regarderont avec intérêt ou te feront quelques remarques...coquines...ce sera toujours dans le respect et la rigolade bon enfant. En majorité. Quelques unes, plus enclines à des envies libertines, tenteront quand même leur chance, d'abord sur le ton de la plaisanterie, en te jaugeant pour voir si une ouverture est possible ou pas... A deux ou à trois... Si elles comprennent que tu n'es pas intéressée, elles en resteront là, ne t’inquiète pas... Certaines célibataires, même si elles te trouveront à leur goût, ne sont attiré que par les femmes de leur bord, la même orientation sexuelle quoi, et te ficheront la paix quand elles apprendront ton hétérosexualité. D'autres, par contre, seront justement émoustillées par ton côté hétéro, le fruit défendu, le défi à relever, celui de séduire et initier une belle innocente à leurs petits jeux interdits... Ce sont ces femmes là qui seront les plus insistantes et tenaces, mais ce sont des clientes, la plupart des habituées, et en aucun cas tu devras les rembarrer ou les insulter ou je ne sais quoi encore... Le client est roi, je ne t'apprends rien !

- Ne vous inquiétez pas, je ne ferais pas d'esclandre ou de scandale. En aucun cas. Elles ne peuvent pas être plus pires ou dangereuses que certains clients  lourdauds et dragueurs que j'ai souvent côtoyé dans mon boulot, je sais être ferme et diplomate en même temps.

- Très bien. Ce petit détail résolu, entrons dans le vif du sujet. Trois services. Le matin de huit heures à dix heuresTu t’occupes de la salle, tu ramasses les verres, tu prends les commandes, tu souris, et tu t’assures que les frigos soient pleins.

Elle la tira vers une porte.

 

Rita : Quand ils sont vides, tu viens chercher les cartons ici.

 

Quand elles furent entrer dans l’office, Faith se redressa, une feuille dans les mains et Rita la désigna à Sarah.

 

Rita : La nouvelle est là, je l’ai briefée…

 

Elle fixa la nouvelle.

 

Rita : J’y retourne, si t’as des questions, tu viens me voir. Ok ?

 

La brune retourna derrière le comptoir pour continuer de remplir les grands réfrigérateurs.

– Douze dollars de l’heure au début. Passe déjà le premier soir, après on verra…

Douze dollars ? Cela étonnait la blonde qui ne s’était pas attendue à plus de six ou sept. Son sourire était largement revenu sur ses lèvres. Elle se recula, l’air enjoué.

Sarah : Je le passerai. Merci, et à tout à l’heure…

La brune l’interpella, une bouteille de bière vide à la main.

– Sarah, attends…

Elle attendit que la blonde se tourne et rajouta en lui lançant la bouteille.

– Attrape ça…

Sarah avait attrapé la bouteille dans un réflexe, mais restait plus dubitative.

Sarah : Et j’en fais quoi ?

La brune afficha un léger sourire.

– Tu la ramènes chez toi comme souvenir…

Elle reprit sa tâche, marqua une pause, et rajouta.

– Sois à l’heure.

Sarah demeura plus perplexe mais sortit finalement avec sa bouteille vide à la main.

 

*********

 

Sarah arriva à l’entrée du G-Lounge le soir venu. Une foule de clients entrait et sortait des lieux et elle se fraya un chemin afin de rejoindre la salle. L’ambiance était euphorique, les gens dansaient, discutaient, et la musique résonnait à travers les enceintes. Un groupe de rock était installé dans un coin du bar. Elle arriva jusqu’au comptoir, plus incertaine, et une des serveuses se posta devant elle en lançant son torchon sur l’épaule.

– Salut, je te sers quoi ?

La blonde était nerveuse de voir tous ces clients, de voir également ces filles courir derrière le bar. Elle se pencha et dut forcer sur sa voix pour se faire entendre.

Sarah : En fait, je viens pour travailler… Je suis Sarah.

L’autre blonde la détailla même si cette nouvelle fille semblait un peu jeune. Elle lui fit un signe de tête.

– Ok… Suis-moi.

Sarah s’exécuta donc, son regard sur les autres serveuses dont le rythme de travail semblait soutenu.

– Moi, c’est Rita.

Elle désigna une autre fille qui servait des shooters.

Rita : Elle, c’est Rachel.

Une autre la contourna en lui souriant.

– Salut…

Rita : Elle, c’est Tyler et Faith doit être dans la réserve.

Elle lui montra les réfrigérateurs derrière le comptoir.

Rita : Toutes les bières sont ici et Faith t’expliquera pour les cocktails.

Elle la fixa.

Rita : Vu que c’est ton premier soir, tu t’occupes de la salle, tu ramasses les verres, tu prends les commandes, tu souris, et tu t’assures que les frigos soient pleins.

Elle la tira vers une porte.

Rita : Quand ils sont vides, tu viens chercher les cartons ici.

Quand elles furent entrer dans l’office, Faith se redressa, une feuille dans les mains et Rita la désigna à Sarah.

Rita : La nouvelle est là, je l’ai briefée…

Elle fixa la nouvelle.

Rita : J’y retourne, si t’as des questions, tu viens me voir. Ok ?

Sarah : Ok…

Elle s’éloigna, laissant Sarah plus perdue que jamais après toutes ces explications rapides. Cette dernière ne s’était pas attendue à voir le bar aussi bondé de clients, ni même de constater cette ambiance enflammée. Elle resta devant l’entrebâillement de la porte, troublée par le regard que lui portait la brune dont elle connaissait enfin le prénom.

Sarah : Salut…

Faith s’approcha de Sarah et défit les derniers boutons de son chemisier qu’elle noua. Elle ajusta les pans et prit enfin la parole.

Faith : Les clients et clientes sont là pour voir de belles nanas, alors sois-en une…

Sarah s’était laissée faire, bien que perturbée par cette annonce. Elle releva ses yeux de son vêtement noué à ceux de sa patronne.

Sarah : Ça n’implique rien d’autre que de faire ce que Rita m’a dit, n’est-ce pas ?

Faith : Je suis pas un mac, mais un patron de bar, Sarah…

Elle s’éloigna vers des piles de caisses.

Faith : Les pourboires sont pour toi, ta pause est dans deux heures et au moindre problème, t’appelles Bob, le gros balaise à l’entrée. Tu peux y aller… 

A suivre...

Cette femme dégageait une beauté sensuelle à toute épreuve. Très féminine, un soupçon autoritaire au premier abord

Lana ne pouvait s'empêcher de la détailler. De sa façon de parler à sa posture, Kelli Nollan dégageait une assurance agréable et avait dû séduire bien des jeunes femmes avant elle. Elle était assise de côté, son coude sur le dossier de la chaise, très décontractée tandis que Lana se tenait droite, accoudée à la table et les mains jointes devant elle.

Elle détailla la jeune actrice près d’elle qui gardait une allure aussi décontractée que celle qu’elle avait remarquée sur quelques clichés de paparazzi. Un léger sourire étira ses lèvres en songeant à toute cette fureur médiatique autour de Sarah.

Sarah se demandait si elle serait capable de jouer ce rôle même sans connaître les détails du script. Elle réfléchissait et se sentait nerveuse à l’idée de relever ce défi. Pour toute autre actrice il en aurait été autrement, mais elle connaissait les raisons de son angoisse. Elle demanda :

— Vous êtes gay ?

— C’est pas évident ?

Sarah détourna son regard, un léger sourire sur ses lèvres.

— Non, c’est pas évident.

Elle la regarda de nouveau.

— Quand on vous regarde vous avez pas la touche gay. Et vous avez du cran de me le dire comme ça.

Faith était amusée par la réaction spontanée de Sarah. Pourtant, elle ne se sentait nullement dérangée avec sa sexualité même si elle ne l’affichait pas dans tous les journaux.

— Je vois pas de raison de te le cacher.

Sarah se mordit le coin de sa lèvre sur cette réponse évidente formulée par la productrice. Elle leva un peu les épaules et prit son verre de soda.

— Ouais… Mais tout le monde doit pas penser comme vous.

Faith ne quittait pas son léger sourire en observant Sarah devant elle. Celle-ci semblait cacher d’innombrables choses, telle une adolescente qui se cherchait. En son sens, la jeune actrice l’était du haut de ses dix-neuf ans.

— Alors ? A quand le mariage avec le vampire de ces demoiselles ?

Sarah se mit à rire sur cette question qui avait le mérite d’être plus directe que celles posées habituellement. Elle  alluma sa cigarette, aspira une bouffée libératrice et répondit :

La nuit était tombée quand Danielle pénétra dans sa chambre et s’enferma à clef. Elle posa son sac sur le bureau, sur les quelques livres de cours qu’elle n’avait pas rangés et déboutonna son gilet. Un silencieux soupir s’évada de ses lèvres. Elle était nerveuse, tendue. Son angoisse lui restait chevillée au corps. D’un pas pressé, elle se dirigea vers les rideaux et les ferma d’un geste sec. Elle ne voulait pas être vue et se sentait observée depuis des semaines. Elle ôta son vêtement et pénétra dans salle de bains. On frappa à la porte et elle dû revenir sur ses pas pour ouvrir à sa grande sœur.

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